Pourquoi cette question est-elle importante ?
La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) est une affection courante des yeux. Elle se développe généralement chez les personnes âgées de plus de 50 ans et entraîne une perte progressive de la vision centrale. Les personnes atteintes de DMLA pourraient éprouver des difficultés à lire ou à reconnaître les visages, et elles peuvent devenir malvoyantes.
La DMLA évolue par étapes. Au départ, des taches jaunes (drusen) se développent sous la rétine (le fond de l'œil). Elles ne sont pas visibles à l'œil nu, mais peuvent être vues par les professionnels de la santé lors d'examens des yeux. Au fur et à mesure que la DMLA progresse, les cellules situées dans la macula (la zone centrale de la rétine) et nécessaires à la vision meurent. Si les vaisseaux sanguins de l'œil se mettent à fuir, on parle de DMLA « exsudative ». S'il n'y a pas de fuite, on parle de DMLA « non exsudative ».
Il n'existe pas de remède à la DMLA non exsudative. Toutefois, il est possible d'utiliser une thérapie par lumière de faible intensité (photobiomodulation) pour empêcher l'aggravation de la vision. Pour connaître l'efficacité de la photobiomodulation dans le traitement de la DMLA non exsudative et savoir si elle est associée à des effets indésirables, nous avons examiné les données probantes issues des études de recherche.
Comment avons-nous identifié et évalué les données probantes ?
Tout d'abord, nous avons recherché des études contrôlées randomisées (études cliniques dans lesquelles des personnes sont placées au hasard dans l'un des deux groupes de traitement ou plus), car ces études fournissent les données probantes les plus solides des effets d'un traitement. Nous avons ensuite comparé les résultats et résumé les données probantes issues de ces études. Enfin, nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes, sur la base de facteurs tels que les méthodes et la taille des études, ainsi que la cohérence des résultats entre les études.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé deux études portant sur un total de 90 personnes atteintes de DMLA non exsudative. Les deux études ont bénéficié d'un financement public.
Dans une étude menée au Royaume-Uni auprès de 60 personnes, 30 personnes ont porté un masque oculaire lumineux pendant huit heures chaque nuit pendant un an. Leurs résultats ont été comparés à ceux de 30 personnes n'ayant pas reçu de traitement.
Dans l'autre étude, portant sur 30 personnes et réalisée au Canada, les participants ont reçu soit :
→ une luminothérapie de faible niveau pendant cinq minutes par œil, trois fois par semaine pendant trois semaines, répétée après une pause de six mois ; ou
→ un traitement fictif, trois fois par semaine pendant trois semaines, qui a été répété après une pause de six mois.
Cinq des investigateurs de cette étude avaient des liens avec le fabricant de l'appareil de luminothérapie utilisé (trois d'entre eux étaient employés par le fabricant).
Le niveau de confiance de données probantes que nous avons trouvées est faible à très faible, car elles ne sont basées que sur deux petites études. La manière dont ces études ont été menées est susceptible d'avoir introduit des erreurs dans leurs résultats.
Les données probantes suggèrent que :
→ la photobiomodulation pourrait ne faire que peu ou pas de différence dans les changements de la clarté de la vision un an après le début du traitement par rapport à l'absence de traitement ou à un traitement fictif ;
→ la photobiomodulation pourrait ne faire que peu ou pas de différence dans la progression de la maladie de la DMLA après un an ;
→ la photobiomodulation pourrait améliorer la capacité d'une personne à distinguer un objet par rapport à son arrière-plan ;
→ la photobiomodulation pourrait ne faire que peu ou pas de différence sur la clarté de la vision telle que rapportée par les patients.
Le niveau de confiance des données probantes est très faible pour pouvoir déterminer si, après un an de traitement, la photobiomodulation a un effet sur :
→ la progression vers la DMLA exsudative.
Étant donné qu'aucune des deux études n'a fourni d'informations sur certains critères de jugement, nous ne pouvons pas déterminer, à partir des données probantes disponibles, si, après un an de traitement, la photobiomodulation a un effet sur :
→ la vision de près ;
→ la vision en basse lumière ; ou
→ la vitesse de lecture.
Qu’est-ce que cela signifie?
Par rapport à l'absence de traitement ou à un traitement fictif, la photobiomodulation pourrait ne faire que peu ou pas de différence en termes de clarté de la vision ou d'évolution de la maladie chez les personnes atteintes de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) non exsudative un an après le début du traitement.
Nous ne savons pas si la photobiomodulation affecte d'autres aspects tels que la progression vers la DMLA exsudative ou les modifications de la vision de près. Cela s'explique par le fait que trop peu d'études solides, voire aucune, n'ont examiné cette question.
Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?
Les données probantes de cette revue Cochrane sont à jour jusqu'en mai 2020.
À l'heure actuelle, il n'est pas certain que le traitement par photobiomodulation soit bénéfique pour ralentir la progression de la dégénérescence maculaire non exsudative. Il est nécessaire de procéder à d'autres essais contrôlés bien conçus pour évaluer la dosimétrie, avec une puissance suffisante pour évaluer l'efficacité et la sécurité. Il convient d'envisager l'adoption de mesures de critères de jugement cliniques convenues et de mesures de critères de jugement fondées sur le patient pour la dégénérescence maculaire liée à l'âge.
La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) est l'une des principales causes de cécité dans les pays à revenu élevé. La majorité des cas de DMLA sont de type non exsudatif. Des experts ont proposé la thérapie par photobiomodulation (PBM) comme procédure non invasive pour restaurer la fonction mitochondriale, réguler à la hausse les facteurs cytoprotecteurs et prévenir la mort cellulaire apoptotique dans le tissu rétinien affecté par la DMLA.
Évaluer l'efficacité et la sécurité de la PBM par rapport aux soins standard, à l'absence de traitement ou au traitement fictif chez les personnes atteintes de DMLA non exsudative.
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (qui contient le registre des essais du groupe Cochrane sur les yeux et la vision) (numéro 5, 2020), Ovid MEDLINE, Embase, ISRCTN, ClinicalTrials.gov et l'ICTRP de l'OMS jusqu'au 11 mai 2020, sans restriction sur la langue.
La revue a porté sur des essais contrôlés randomisés (ECR) de participants recevant un traitement de la DMLA non exsudative par PBM par rapport à un traitement standard, un traitement fictif ou l'absence de traitement.
Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane. Nous avons pris en compte les mesures de critères de jugement suivantes à 12 mois : meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) ; sensibilité au contraste ; vision de près ; score de densité en faible luminance ; vitesse de lecture ; score de qualité de vie liée à la vision ; et événements indésirables tels que la progression de la DMLA et la conversion en DMLA exsudative. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes en utilisant le système GRADE.
Nous avons inclus deux ECR publiés provenant de centres uniques au Royaume-Uni et au Canada, ayant recruté respectivement 60 participants (60 yeux) et 30 participants (46 yeux). Les participants à ces essais étaient des personnes souffrant de DMLA non exsudative et appartenant aux catégories 2 à 4 de l'étude AREDS (Age Related Eye Disease Study). Une étude a comparé la PBM à longueur d'onde unique à l'absence de traitement. Cette étude présentait un risque de biais de performance car l'étude n'était pas en aveugle, et il y avait un biais d'attrition. Une étude a comparé la PBM à plusieurs longueurs d'onde à un traitement fictif et des conflits d'intérêts ont été rapportés par les investigateurs de l'étude. Nous avons également identifié trois ECR éligibles en cours à partir d'une recherche dans la base de données des essais cliniques.
Lorsque la PBM était comparée à un traitement fictif ou à l'absence de traitement pour la DMLA non exsudative, il n'existait pas de données probantes d'une différence clinique significative de la MAVC à 12 mois (différence moyenne (DM) 0,02 logMAR, intervalle de confiance (IC) à 95 % -0,02 à 0,05 ; 2 ECR, 90 yeux ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Une étude comparant la PBM à plusieurs longueurs d'onde avec la simulation d’un traitement a montré une amélioration de la sensibilité au contraste au niveau E (18 cycles/degré) à 12 mois (DM 0,29 LogCS, IC à 95 % 0,23 à 0,35 ; 1 ECR, 46 yeux ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Les scores de la fonction visuelle et de la qualité de vie liée à la santé étaient comparables entre le groupe PBM à longueur d'onde unique et le groupe sans traitement à 12 mois (score du questionnaire de la fonction visuelle VFQ-48 MD 0,43, IC à 95 % -0,17 à 1,03 ; P = 0,16 ; 1 ECR, 47 yeux ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
Lorsque la PBM était comparée au traitement fictif ou à l'absence de traitement pour la DMLA non exsudative, il n'existait pas de données probantes indiquant une différence clinique significative dans la conversion en DMLA exsudative (risque relatif (RR) 0,97, IC à 95 % 0,17 à 5,44 ; 2 ECR, 96 yeux ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) à 12 mois. Il existait des données probantes non concluantes suggérant que la PBM à longueur d'onde unique prévient la progression de la DMLA (RR 0,79, IC à 95 % 0,41 à 1,53 ; P = 0,48 ; 1 ECR, 50 yeux ; données probantes d’un niveau de confiance faible). La progression de la maladie a été définie comme le développement d'une DMLA avancée ou une augmentation significative du volume des drusens.
Les études incluses n’ont pas rapporté sur la vision de près, la vision à faible luminance ou la vitesse de lecture.
Post-édition effectuée par Carole Lescure et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d’origine ? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr