Question de la revue
Quels sont les effets des corticostéroïdes sur la paralysie de Bell ?
Contexte
La paralysie de Bell est une paralysie ou une faiblesse des muscles du visage, généralement sur un côté, sans cause certaine. En général, les symptômes disparaissent, mais pas toujours. La réduction de l'inflammation du nerf facial à l'aide de médicaments corticostéroïdes (stéroïdes) est supposée limiter les lésions nerveuses. Ceci est une mise à jour d'une revue publiée pour la première fois en 2002 et précédemment mise à jour en 2010.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons identifié sept essais cliniques portant sur 895 personnes atteintes de paralysie de Bell unilatérale d'origine inconnue légère, modérée ou grave. Tous ces essais ont rapporté des taux de guérison incomplète (la proportion de patients qui conservent une faiblesse des muscles faciaux) et nous avons été en mesure de combiner les résultats. Les participants des études étaient âgés de 2 à 84 ans. Ils ont été traités avec des corticostéroïdes ou un placebo (traitement inactif), seuls ou en combinaison avec d'autres traitements. Un seul essai impliquait des enfants, âgés de 24 à 74 mois. La durée des études incluses pour les adultes et les enfants variait de 157 jours à 12 mois.
Résultats principaux et qualité des preuves
Rétablissement incomplet
Selon des preuves de qualité modérée à élevée, les corticostéroïdes ont réduit le nombre de personnes qui conservent une faiblesse faciale après une paralysie de Bell par rapport au placebo (faux médicament). Ce résultat est basé sur les données issues de sept études portant sur 895 participants atteints de paralysie de Bell de divers degrés de gravité. Nous avons calculé que pour empêcher une personne de conserver une faiblesse faciale, 10 personnes doivent être traitées.
Cinq études ont fourni des données sur les séquelles à long terme de la paralysie de Bell après le traitement. Deux des études (75 participants) examinaient les effets persistants sur l'aspect du visage après six mois ou plus. L'effet était presque le même pour les corticostéroïdes et le placebo, avec un léger bénéfice pour les participants ayant reçu des corticostéroïdes, bien que ces preuves soient de faible qualité. Les données issues de trois études (485 participants) ont montré clairement que les personnes ayant reçu des corticostéroïdes développaient moins de mouvements syncinétiques (mouvements non souhaités du visage) et de syndromes des « larmes de crocodile » (larmoiement en mangeant ou en mâchant), par rapport aux personnes ayant reçu un placebo uniquement. Ce résultat est basé sur des preuves de qualité moyenne.
Effets secondaires
Trois études ont rapporté que le traitement par corticostéroïdes n'entrainait pas d'effets secondaires. Sur la base de preuves de qualité moyenne issues de trois études (715 participants), le nombre de patients présentant des effets secondaires était similaire dans les groupes traités par corticostéroïdes et par placebo.
Les preuves sont à jour en mars 2016.
Les preuves disponibles de qualité modérée à élevée provenant d'essais contrôlés randomisés ont montré un bénéfice significatif du traitement de la paralysie de Bell par des corticostéroïdes.
L'inflammation et l'œdème du nerf facial sont impliqués dans le déclenchement de la paralysie de Bell. Les corticostéroïdes ont un puissant effet anti-inflammatoire qui devrait minimiser les lésions nerveuses. Ceci est une mise à jour d'une revue publiée pour la première fois en 2002 et précédemment mise à jour en 2010.
Déterminer l'efficacité et l'innocuité du traitement par corticostéroïdes chez les personnes atteintes de la paralysie de Bell.
Le 4 mars 2016, nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les affections neuromusculaires, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE, EMBASE et LILACS. Nous avons passé en revue les bibliographies des essais randomisés et contacté des experts connus dans le domaine afin d'identifier d'autres essais publiés ou non publiés. Nous avons également effectué des recherches dans les registres d'essais cliniques pour les essais en cours.
Les essais randomisés et quasi-randomisés comparant différentes voies d'administration et schémas posologiques de corticothérapie ou d'hormone adrénocorticotrope par rapport à un groupe témoin ne recevant aucun traitement considéré efficace dans cette pathologie, à moins que le même traitement ait été administré d'une façon similaire au groupe expérimental.
Nous avons utilisé la méthodologie Cochrane standard. Le principal critère de jugement était une récupération incomplète de la fonction motrice du visage (c'est-à-dire une faiblesse faciale résiduelle). Les critères de jugement secondaires étaient les séquelles persistantes handicapantes d'un point de vue esthétique, l'apparition de mouvements syncinétiques ou de dysfonctionnements du système nerveux autonome (c'est-à-dire un hémispasme facial, un syndrome des larmes de crocodile) et les effets indésirables du traitement par corticostéroïdes se manifestant pendant le suivi.
Nous avons identifié sept essais, avec 895 participants évaluables pour cette revue. Tous ont fourni des données utilisables pour le critère de jugement principal de méta-analyse. L'un des essais était nouveau depuis la dernière version de cette revue systématique Cochrane. Les risques de biais dans les études plus anciennes et plus petites comprenaient des évaluations peu claires ou à haut risque, tandis que nous avons jugé les études à plus grande échelle comme étant à faible risque de biais. Dans l'ensemble, 79 / 452 (17 %) des participants assignés aux corticostéroïdes n'avaient pas récupéré complètement leur fonction motrice faciale six mois ou plus après la randomisation ; significativement moins que les 125 / 447 (28 %) dans le groupe témoin (risque relatif (RR) 0,63, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,50 à 0,80, sept essais, n = 895). Le nombre de personnes devant être traitées par corticostéroïdes pour éviter une guérison incomplète était de 10 (IC à 95 % de 6 à 20). La réduction de la proportion de participants présentant des séquelles handicapantes d'un point de vue esthétique six mois après la randomisation était très similaire dans les groupes traités par corticostéroïdes et les groupes sous placebo (RR 0,96, IC à 95 % de 0,40 à 2,29, deux essais, n = 75, preuves de faible qualité). Cependant, il y avait une réduction significative des mouvements syncinétiques au cours du suivi chez les participants ayant reçu des corticostéroïdes (RR 0,64, IC à 95 % de 0,45 à 0,91, trois essais, n = 485, preuves de qualité modérée). Trois études rapportaient explicitement l'absence d'effets indésirables attribuables aux corticostéroïdes. Un essai rapportait que trois participants recevant de la prednisolone avaient eu des troubles du sommeil temporaires et deux essais ont donné un compte-rendu détaillé des effets indésirables survenus chez 93 participants, tous non graves ; l'analyse combinée des données provenant de ces trois essais n'a montré aucune différence significative entre les taux d'effets indésirables chez les personnes ayant reçu des corticostéroïdes et les personnes ayant reçu un placebo (RR 1,04, IC à 95 % de 0,71 à 1,51, n = 715).
Traduction réalisée par Sophie Fleurdépine et révisée par Cochrane France