Le cancer du sein avancé ou métastatique est un cancer qui s'est propagé au-delà du sein et des ganglions lymphatiques de l'aisselle pour atteindre d'autres parties du corps. Bien que le cancer du sein métastatique réponde souvent à la chimiothérapie standard, ce traitement n'est pas suffisant pour atteindre une guérison. La dose de chimiothérapie pouvant être administrée est limitée car elle est toxique à hautes doses et peut gravement endommager la moelle osseuse, ce qui entraîne un risque élevé d'infection grave. L'autogreffe est un traitement qui était considéré comme prometteur au début des années 1990 et qui implique une greffe de moelle osseuse ou de cellules souches périphériques de la patiente pour régénérer sa propre moelle. L'autogreffe a permis d'administrer des doses de chimiothérapie beaucoup plus élevées qu'auparavant. L'objectif de cette revue systématique était d'examiner les preuves issues d'essais contrôlés randomisés comparant une chimiothérapie à haute dose à une chimiothérapie standard.
Cette revue a identifié six essais randomisés portant sur 437 femmes recevant une chimiothérapie à haute dose avec autogreffe et 413 femmes recevant une chimiothérapie standard. Dans le groupe recevant une chimiothérapie à haute dose, 15 décès liés au traitement étaient rapportés, contre deux dans le groupe de la chimiothérapie standard. Le traitement à haute dose n'entraînait pas d'augmentation de la survie globale à 5 ans par rapport au traitement standard, mais les femmes sous traitement à haute dose présentaient une survie significativement plus longue avant récidive du cancer. Les effets secondaires du traitement étaient plus graves dans le groupe des doses élevées. Sur la base de cette revue, les auteurs concluent que la chimiothérapie à haute dose avec greffe de moelle osseuse ou de cellules souches ne devrait pas être administrée aux femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique en dehors d'un contexte d'essais cliniques.
Certaines preuves indiquent que la chimiothérapie à haute dose avec autogreffe entraîne une amélioration significative de la survie sans événement par rapport à la chimiothérapie standard chez les femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique, mais il n'existe aucune preuve significative de bénéfices en termes de survie globale. La chimiothérapie à haute dose avec greffe de moelle osseuse ou de cellules souches ne devrait pas être administrée aux femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique en dehors d'un contexte d'essais cliniques.
Bien que le cancer du sein métastatique réponde souvent à la chimiothérapie standard, la maladie demeure incurable. La greffe autologue de moelle osseuse ou de cellules souches périphériques (dans laquelle la patiente est à la fois donneur et receveur) était auparavant considérée comme une technique prometteuse car elle permettait d'administrer des doses de chimiothérapie beaucoup plus élevées.
Comparer l'efficacité de la chimiothérapie à haute dose avec greffe autologue de moelle osseuse ou de cellules souches (autogreffe) à celle de la chimiothérapie standard chez les femmes atteintes de cancer du sein métastatique. Les critères de jugement étaient le taux de survie, la toxicité du traitement et la qualité de vie.
Nous avons utilisé la stratégie de recherche documentaire du groupe Cochrane sur le cancer du sein en ajoutant les termes suivants : greffe de moelle osseuse, greffe de cellules souches, apport de cellules souches autologues. Les bases de données suivantes ont été consultées jusqu'en août 2010 : MEDLINE, EMBASE, la Bibliothèque Cochrane et ASCO (American Society of Clinical Oncology). Nous avons également consulté la base de données du groupe Cochrane sur le cancer du sein et les registres d’essais cliniques pour identifier des essais non publiés, et avons examiné les références bibliographiques des articles identifiés.
Les essais contrôlés randomisés comparant l'efficacité de la chimiothérapie à haute dose avec autogreffe par rapport à la chimiothérapie standard chez des femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique.
Six essais contrôlés randomisés remplissaient les critères d'inclusion. Les données ont été extraites par deux évaluateurs indépendants.
Au total, 437 femmes éligibles étaient randomisées pour une chimiothérapie à haute dose avec autogreffe, et 413 pour un traitement standard. Quinze décès liés au traitement étaient rapportés dans le groupe des doses élevées et deux dans le groupe témoin (dose standard) (RR de 4,08, IC à 95 %, entre 1,40 et 11,93). Aucune différence statistiquement significative n'était observée en termes de survie globale entre le groupe des doses élevées et le groupe témoin à trois ou cinq ans. Lors du suivi à cinq ans, une différence statistiquement significative était observée en faveur du groupe des doses élevées en termes de survie sans événements (RR de 2,84, IC à 95 %, entre 1,07 et 7,50). La toxicité était plus grave dans le groupe des doses élevées. Un seul essai suivait toutes les femmes pendant cinq ans.