Les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens pour la prise en charge de la douleur chez les femmes atteintes d'endométriose

Quelle est la question ?

L'endométriose est une affection gynécologique qui affecte fréquemment les femmes en âge de procréer. Elle peut provoquer des symptômes douloureux, notamment des règles douloureuses, des douleurs pendant ou après des rapports sexuels, des douleurs abdominales ou pelviennes et une infertilité. Cette affection peut considérablement affecter la qualité de vie des femmes, notamment dans leurs activités professionnelles, leurs activités de la vie quotidienne, leurs relations sexuelles ou non, ou encore leur fertilité. Les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont les plus couramment utilisés comme traitement de première ligne pour les femmes souffrant d'endométriose car ils présentent peu d'effets secondaires, et de nombreux choix sont disponibles en vente libre.

Pourquoi est-ce important ?

L'endométriose est très courante, mais la maladie peut être difficile à diagnostiquer. En 2015, 1,8 milliards de femmes (âgées de 15 à 49 ans) dans le monde avaient reçu un diagnostic d'endométriose. On estime que jusqu'à 60 % des femmes souffrant de règles douloureuses ont de l'endométriose. L'endométriose affecte considérablement la qualité de vie des femmes, notamment dans leurs activités professionnelles et quotidiennes, leurs relations sexuelles ou non ainsi que leur fertilité. Un recensement non publié réalisé par une organisation de soutien aux patients au Royaume-Uni - la Endometriosis UK (www.endometriosis-uk.org/) - a trouvé que 65 % des femmes atteintes d'endométriose ont rapporté que leur état avait négativement affecté leur travail. Dix pour cent des femmes ont du réduire leurs heures de travail, et 30 % n'ont pas été en mesure de préserver leur emploi. Environ 16 % des femmes n'ont pas été en mesure de continuer à travailler dans un domaine quelconque, et 6 % ont eu besoin de réclamer des prestations sociales ; par conséquent, en plus de leur sentiment de ne plus être utiles pour la société, ces femmes sont devenues dépendantes des autres. Cette situation a péjoré leur estime de soi déjà limitée. L'endométriose est perçue comme étant un problème de santé publique important, car un grand nombre de femmes sont affectées et les affections associées à cette maladie ont un impact significatif.

Les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens sont facilement disponibles sans ordonnance pour le soulagement de la douleur. Ils servent à prévenir ou à ralentir la production des prostaglandines, ce qui permet de soulager les crampes douloureuses associées à l'endométriose. Cependant, une revue Cochrane sur l'utilisation des AINS pour les règles douloureuses a trouvé un plus grand risque de troubles gastriques (par ex. des nausées, des diarrhées) ou d'autres effets secondaires (par ex. les maux de tête, la somnolence, les vertiges, une sécheresse de la bouche). Nous avons réalisé la présente revue afin de comparer tous les AINS utilisés pour traiter les femmes souffrant de symptômes douloureux causés par l'endométriose par rapport à un placebo, à d'autres médicaments pour la prise en charge de la douleur ou à l'absence de traitement, afin d'évaluer leur efficacité et leur innocuité.

Les preuves observées :

Nous avons recherché de nouvelles preuves en octobre 2016 et nous n'avons pas identifié de nouveaux essais contrôlés randomisés.

Lors des précédentes mises à jour, cette revue a trouvé des preuves limitées quant à l'efficacité des AINS (spécifiquement le naproxène) pour la prise en charge de la douleur causée par l'endométriose. Cette revue est également limitée par le fait qu'elle inclut uniquement une étude avec des données appropriées pour l'analyse, et cette étude portait sur seulement 20 femmes. Les preuves disponibles sont de très faible qualité, principalement en raison de la mauvaise qualité des rapports des méthodes, du manque de précision dans les résultats concernant le soulagement de la douleur globale, des effets secondaires du traitement et de la nécessité de soulager des douleurs supplémentaires. L'essai inclus n'avait pas rendu compte de la qualité de vie, des effets sur les activités quotidiennes, des absences au travail ou à l'école ou de la satisfaction des participantes quant au traitement.

Qu'est-ce que cela signifie ?

Les preuves disponibles ne nous permettent pas de conclure si les AINS sont efficaces pour la prise en charge des douleurs provoquées par l'endométriose, ou qu'un AINS spécifique est plus efficace qu'un autre. Comme il a été montré dans d'autres revues Cochrane, les femmes qui utilisent des AINS doivent être conscientes que les AINS peuvent provoquer des effets indésirables, tels que des nausées, des vomissements, des céphalées et une somnolence. A moins d'identifier de nouvelles preuves à l'avenir, nous ne réaliserons pas de nouvelle mise à jour de cette revue.

Qualité des preuves

La qualité des preuves était très faible en raison du risque de biais et de l'imprécision (les résultats étaient basés sur un seul essai de petite taille).

Conclusions des auteurs: 

En raison de l'absence de preuves de qualité élevée et du manque de notification des critères de jugement d'intérêt pour cette revue, nous ne pouvons émettre aucun avis par rapport à l'efficacité des AINS (naproxène) pour la prise en charge de la douleur causée par l'endométriose. Aucune preuve n'indique qu'un AINS spécifique est plus efficace qu'un autre. Comme indiqué dans les autres revues Cochrane, les femmes prenant des AINS doivent être conscientes que ces médicaments peuvent provoquer des effets indésirables.

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Contexte: 

L'endométriose est une affection gynécologique courante qui affecte les femmes et peut provoquer des symptômes douloureux et une infertilité. Elle affecte considérablement la qualité de vie des femmes, notamment leurs activités professionnelles et quotidiennes, leurs relations sexuelles ou non ainsi que leur fertilité. Les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont les plus couramment utilisés comme traitement de première ligne pour les femmes souffrant de douleurs associées à l'endométriose.

Objectifs: 

Évaluer les effets des AINS utilisés pour la prise en charge de la douleur chez les femmes atteintes d'endométriose par rapport à un placebo, à d'autres AINS, à d'autres médicaments de prise en charge de la douleur ou à l'absence de traitement.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé des essais contrôlés du groupe Cochrane sur la Gynécologie et la Fertilité (octobre 2016), publié dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) dans la Bibliothèque Cochrane, ainsi que dans MEDLINE (de janvier 2008 à octobre 2016), Embase (dates limitées du 1er janvier 2016 au 19 octobre 2016, car toutes les références antérieures sont incluses dans CENTRAL en raison du projet Embase), dans les registres d'essais en cours et dans les références bibliographiques des publications pertinentes. Nous n'avons pas identifié de nouveaux essais contrôlés randomisés. A moins d'identifier de nouvelles preuves à l'avenir, nous ne mettrons pas à jour cette revue.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) décrivant l'utilisation des AINS pour la prise en charge de la douleur associée à l'endométriose chez des femmes de tous âges.

Recueil et analyse des données: 

Dans la mise à jour datant de 2009 de cette revue, deux auteurs de la revue (CA et SH) ont indépendamment lu et extrait les données de chacune des études incluses. Nous avons analysé les essais croisés à l'aide de la méthode de variance inverse de RevMan pour calculer les rapports de cotes pour les résultats binaires.

Résultats principaux: 

Nous n'avons identifié aucun nouvel essai pour la mise à jour de 2016. Cette revue inclut deux essais, mais nous n'avons inclus qu'un seul essai, portant sur 24 femmes, dans l'analyse.

Le risque global de biais n'était pas clair en raison de l'absence de détails méthodologiques. En utilisant la méthode GRADE, nous avons estimé que la qualité des preuves était très faible. Nous avons rabaissé la qualité des preuves du fait du risque de biais et de l'imprécision (les intervalles de confiance étaient larges et les preuves étaient fondées sur un seul essai de petite taille).

La comparaison des AINS (naproxène) par rapport à un placebo n'a pas révélé de preuves en faveur d'un effet positif sur le soulagement de la douleur (rapport des cotes (RC) 3,27, intervalle de confiance à 95 % (IC) 0,61 à 17,69 ; un essai, 24 femmes, preuves de très faible qualité) chez les femmes atteintes d'endométriose. Les preuves indiquant si les femmes prenant des AINS (naproxène) étaient moins susceptibles de nécessiter une analgésie supplémentaire (RC 0,12, IC à 95 % 0,01 à 1,29 ; un essai, 24 femmes, preuves de qualité très faible) ou de présenter des effets secondaires (RC 0,46, IC à 95 % 0,09 à 2,47 ; un essai, 24 femmes, preuves de très faible qualité) par rapport à un placebo n'étaient pas concluantes.

Les études n'ont pas fourni de données sur la qualité de vie, les effets sur les activités quotidiennes, les absences au travail ou à l'école, la nécessité d'un traitement plus invasif ou la satisfaction des participantes quant au traitement.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.