Sevrage rapide ou lent des médicaments antiépileptiques

Contexte

L'épilepsie est un trouble caractérisé par des crises convulsives récurrentes (convulsions) causées par des décharges électriques anormales dans le cerveau. Les médicaments antiépileptiques sont utilisés pour prévenir ces crises. La prise régulière de médicaments antiépileptiques pourrait avoir des effets secondaires à long terme. En cas de rémission (absence de crises pendant une durée longue), il est raisonnable de tenter d'arrêter ces médicaments. Deux questions importantes se posent ainsi, à savoir, comment et quand les arrêter.

Objectif de la revue

Cette revue a analysé des essais évaluant les données probantes concernant la rapidité du sevrage des médicaments antiépileptiques. Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (études cliniques dans lesquelles les personnes sont réparties au hasard dans un des deux groupes de traitement ou plus) évaluant le sevrage rapide ou lent de ces médicaments après divers intervalles de temps de contrôle des crises chez des personnes épileptiques.

Résultats

Nous avons seulement incus deux petites études menées auprès de 206 enfants épileptiques. Les études incluses n'ont révélé aucune différence dans la proportion de participants demeurant sans crises après un sevrage rapide et ceux après un sevrage lent de différents intervalles de temps. Il n'y avait pas de données pour d’autres mesures telles que l’état de mal épileptique (une crise longue), le décès, les maladies liées aux crises et la qualité de vie. Nous n'avons pas trouvé d’essais terminés portant sur l’arrêt de la prise de médicaments antiépileptiques chez des adultes.

Actuellement, un essai italien est en cours pour déterminer si un sevrage lent ou rapide des médicaments antiépileptiques influence le retour des crises (rechute) chez des adultes épileptiques qui n'ont pas eu de crises pendant au moins deux ans (aucun résultat préliminaire disponible).

Niveau de confiance des données probantes

Les données probantes des deux études incluses étaient d’un niveau de confiance très faible. Les deux études ont été menées sur un nombre faible de participants et il n'y avait pas assez de données pour détecter une différence entre les groupes. De plus, elles ne comprenaient que des enfants et donc les résultats ne peuvent être appliqués aux adultes. Par conséquent, il n'existe pas actuellement des données probantes fiables sur le taux optimal de diminution progressive des médicaments antiépileptiques.

Les données probantes sont à jour jusqu'en novembre 2021.

Conclusions des auteurs: 

En raison des lacunes méthodologiques et de la petite taille des échantillons des deux études incluses, nous ne pouvons pas émettre de conclusions fiables concernant le rythme de diminution optimal des médicaments antiépileptiques. En utilisant les critères GRADE nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes comme étant très faible pour les critères de jugement des données disponibles. Nous avons jugé que les deux études présentaient un risque global de biais élevé.

D'autres études sont nécessaires chez des adultes et des enfants pour déterminer le rythme optimal de sevrage des MAE et pour évaluer l’effet d’autres facteurs tels que les types de crises, l'étiologie, le déficit intellectuel, les anomalies à l’électroencéphalogramme, la présence de déficits neurologiques et d'autres comorbidités sur le taux de diminution progressive.

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Contexte: 

L'objectif idéal du traitement d'une personne épileptique est d'induire une rémission (absence de crises pendant un certain temps) en utilisant des médicaments antiépileptiques (MAE) ainsi que d’arrêter la prise des MAE sans provoquer une récidive des crises. L'utilisation prolongée des MAE pourrait avoir des effets indésirables à long terme. Par conséquent, lorsqu'une personne épileptique est en rémission, il est raisonnable de tenter l’interruption du traitement médicamenteux. Concernant le sevrage des MAE, la question se pose sur le mode d’interruption de ces médicaments. Cette revue examine les données probantes sur les taux de sevrage des MAE (qu'il s'agisse d'une diminution progressive rapide ou lente) et leurs effets sur la récurrence des crises.

Il s'agit d'une mise à jour de la revue Cochrane précédemment publiée en 2020.

Objectifs: 

Quantifier le risque de récidive des crises après un sevrage rapide (période de diminution progressive sur trois mois ou moins) ou lente (période de diminution progressive supérieure à trois mois) des médicaments antiépileptiques chez des adultes et des enfants épileptiques en rémission, ainsi qu’évaluer les facteurs qui modifient le risque de récidive des crises.

Stratégie de recherche documentaire: 

Pour la dernière mise à jour le 8 novembre 2021 nous avons recherché dans : le registre Cochrane des études (CRS Web), MEDLINE (Ovid) et SCOPUS. Nous n’avons pas appliqué de restriction sur la langue. CRS Web comprend des essais contrôlés randomisés ou quasi randomisés provenant de PubMed, Embase, ClinicalTrials.gov, le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), CENTRAL et les groupes de registres spécialisés de revues Cochrane, y compris le groupe sur l’épilepsie.

Critères de sélection: 

Des essais contrôlés randomisés qui ont évalué la diminution progressive rapide ou lente des MAE après divers intervalles de temps de contrôle des crises chez des personnes épileptiques.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué les essais pour l’inclusion et extrait les données. Les critères de jugement évalués comprenaient l’absence de crise après un, deux ou cinq ans d’arrêt des MAE ; le temps sans récidive de crises après le sevrage ; l'apparition d’un état de mal épileptique ; la mortalité ; les morbidités due aux crises comme les blessures, les fractures et la pneumopathie d’inhalation ; et la qualité de vie (évaluée par une échelle validée).

Résultats principaux: 

Deux études ont été incluses dans cette revue.

Dans une étude, 57 enfants épileptiques n'ayant pas eu de crise pendant au moins deux ans ont été randomisés pour réduire progressivement leur traitement sur un ou six mois. L'étude n'a pas été mise en aveugle et il n'y a pas eu de précisions sur la randomisation. Au cours d’une période de suivi de 54 mois, 20 sur 30 participants du groupe d’un mois sont restés sans crises d'épilepsie, contre 15 sur 27 participants du groupe de six mois (pas données probantes suggérant une différence). Il n'y avait pas d’information sur le moment de la récidive des crises dans chaque groupe afin de permettre une comparaison.

L'autre étude a porté sur 149 enfants. Il y avait une tendance non significative vers un risque plus faible de récurrence des crises après un an de diminution progressive lente des MAE (risque relatif (RR) 0,76, intervalle de confiance (IC) à 95 % entre 0,58 et 1,01 ; P = 0,06 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Au bout de deux ans, 30 participants étaient sans crises dans le groupe à diminution progressive rapide et 29 participants dans le groupe à diminution progressive lente (RR 0,87, IC à 95 % entre 0,58 et 1,29 ; P = 0,48 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Au bout de cinq ans, dix participants étaient sans crises d'épilepsie dans le groupe à diminution progressive rapide et six dans le groupe à diminution progressive lente (RR 1,40, IC à 95 % entre 0,54 et 3,65 ; P = 0,49 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Il n'y avait pas de données sur les autres critères de jugement.

En raison de l'hétérogénéité méthodologique et de la différence dans les temps de diminution progressive, nous n'avons pas réalisé de synthèse quantitative de ces études.

Actuellement, un essai italien est en cours pour déterminer si un programme de diminution progressive lente ou rapide des MAE influence le retour des crises (rechute) chez des adultes atteints d'épilepsie partielle ou généralisée qui n'ont pas eu de crise pendant au moins deux ans (aucun résultat préliminaire disponible).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Astrid Zessler et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.