Qu'est-ce que l'arthrose et qu'est-ce que la diacéréine ?
L'arthrose (ostéoarthrite ou OA) est la forme d'arthrite la plus courante. En cas d'arthrose, le cartilage qui protège les extrémités des os se fissure, provoquant des douleurs et un gonflement. L'arthrose peut affecter n'importe quelle articulation, mais les genoux, les hanches et les mains sont les articulations les plus souvent étudiées dans des essais cliniques. Dans l'ensemble, 10 % de la population mondiale âgés de 60 ans ou plus ont des douleurs ou une invalidité causées par l'arthrose.
La diacéréine est un médicament d'action lente sous forme de comprimé qui peut ralentir la destruction du cartilage et soulager la douleur et le gonflement.
Pour cette revue, nous avons recherché des études jusqu'à mars 2013 sur l'arthrose primaire affectant les hommes et femmes (18 ans et plus) indépendamment du degré de gravité de la maladie.
La revue montre que chez les personnes atteintes d'arthrose :
- La douleur peut s'améliorer légèrement plus chez les personnes prenant de la diacéréine.
- L'amélioration de la fonction physique est d'environ la même pour les personnes prenant de la diacéréine ou un placebo (pilule factice). Cela peut être dû au hasard.
- La diacéréine pourrait ralentir légèrement le processus de rétrécissement de l'espace articulaire de la hanche, mais pourrait ne provoquer que peu ou pas de différence sur l'articulation du genou tel qu'observé sur la radiographie.
- La diacéréine peut entraîner des effets secondaires dans le tube digestif bas, tels que la diarrhée.
D'autres recherches sont très susceptibles d'avoir un impact important sur notre confiance dans ces résultats et de modifier nos estimations.
Meilleure estimation de ce qui arrive aux personnes souffrant d'arthrose qui prennent de la diacéréine
La douleur après trois à 36 mois
- Les personnes ayant pris de la diacéréine ont qualifié leur douleur comme étant inférieure de 9 points, sur une échelle de 0 (absence de douleur) à 100 (douleur extrême), après la prise du médicament pendant trois à 36 mois (amélioration absolue de 9 %).
- Les personnes ayant pris de la diacéréine ont évalué leur douleur à 34 sur une échelle de 0 à 100 après la prise du médicament, par rapport aux personnes ayant pris une pilule factice et qui ont qualifié leur douleur comme étant de 43 points sur une échelle de 0 à 100.
La fonction physique après deux à 36 mois (un score plus bas signifie une fonction moindre)
- Les personnes ayant pris de la diacéréine ont évalué leur fonction physique à 0,30 points de moins sur une échelle de 0 à 24 après la prise du médicament pendant deux à 36 mois (amélioration absolue de 0 %).
- Les personnes ayant pris de la diacéréine ont évalué leur fonction physique à 9,3 sur une échelle de 0 à 24 après la prise du médicament, par rapport aux personnes ayant pris une pilule factice et qui ont évalué leur fonction physique à 9 points sur une échelle de 0 à 24.
La progression radiographique - l'aspect de l'articulation sur la radiographie (réduction d'au moins 0,5 mm du rétrécissement de l'espace articulaire)
- Sept personnes de plus ayant pris un placebo présentaient une progression radiographique (différence absolue de 7 %).
- 42 personnes sur 100 ayant pris de la diacéréine présentaient une réduction d'au moins 0,5 mm du rétrécissement de l'espace articulaire par rapport à 49 sur 100 personnes ayant pris une pilule factice.
La qualité de vie
- La auteurs de la revue n'ont trouvé aucune étude concernant la qualité de vie des personnes ayant pris de la diacéréine par rapport à un placebo.
- Il n'y avait aucune différence dans la qualité de vie des personnes ayant pris de la diacéréine par rapport aux médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Cela peut être dû au hasard.
Les effets secondaires
- Vingt-six personnes de plus ayant pris de la diacéréine ont présenté une diarrhée en effet secondaire (différence absolue de 26 %).
- 36 personnes sur 100 ayant pris de la diacéréine ont présenté une diarrhée en effet secondaire par rapport à 10 sur 100 ayant pris un pilule factice.
La diarrhée était l'effet secondaire le plus courant et se produisait généralement au cours des deux premières semaines après le début de la diacéréine.
Les personnes ayant pris de la diacéréine n'étaient pas plus susceptibles que les personnes ayant pris un placebo d'arrêter le traitement en raison des effets secondaires.
En novembre 2013, le Comité pour l'évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l'Agence européenne des médicaments (EMA) a recommandé que l'autorisation de mise sur le marché de la diacéréine soit suspendue à travers l'Europe en raison d'inconvénients plus importants que les bénéfices. Cependant, cette directive n'est pas finale car la recommandation du PRAC doit être réexaminée.
Dans cette mise à jour, la force des preuves pour les critères de jugement sur l'efficacité était faible à modérée. Nous avons confirmé que le bénéfice symptomatique apporté par la diacéréine en termes de réduction de la douleur est minime. Le petit bénéfice dérivé en termes de rétrécissement de l'espace articulaire est de pertinence clinique discutable et n'a été observé que pour l'arthrose de la hanche. En ce qui concerne les effets indésirables de la diacéréine, la diarrhée était le plus fréquent. Étant donné les directives récentes émises par l'EMA recommandant la suspension de la diacéréine en Europe, le site internet de l'EMA devrait être consulté pour d'autres recommandations concernant l'utilisation de la diacéréine.
L'arthrose (ostéoarthrite ou OA) est l'une des maladies de l'appareil locomoteur les plus répandues. Il n'existe actuellement aucun consensus sur le meilleur traitement pour améliorer les symptômes d'arthrose et ralentir la progression de la maladie. La diacéréine est une anthraquinone synthétisée en 1980, qui interfère avec l'interleukine-1, un médiateur inflammatoire. Il a été suggéré que la diacéréine agissait comme un médicament d'action lente, qui modifie les symptômes et potentiellement la structure de la maladie dans le cadre du traitement de l'arthrose. Ceci est une mise à jour d'une revue Cochrane publiée pour la première fois en 2006.
Évaluer les bénéfices et les inconvénients de la diacéréine pour le traitement des adultes souffrant d'arthrose par rapport à un placebo et à d'autres traitements pharmacologiques actifs (anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et d'autres médicaments d'action lente modifiant les symptômes) pour l'arthrose.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) - Bibliothèque Cochrane, numéro 10, 2013, MEDLINE (de 1966 à 2013), EMBASE (de 1980 à 2013), LILACS (de 1982 à 2013) et ACP Journal Club, ainsi qu'une recherche manuelle dans les références bibliographiques des articles publiés. Nous avons également effectué des recherches dans le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'OMS (http://www.who.int/trialsearch/Default.aspx) pour identifier les essais en cours et examiné les références bibliographiques des articles de revue et des essais trouvés afin d'identifier des études potentiellement pertinentes. Toutes les recherches ont été mises à jour en mars 2013. Les sociétés pharmaceutiques et les auteurs des articles publiés ont été contactés. Nous avons effectué des recherches sur les sites internet d'agences de réglementation en utilisant le mot-clé « diacéréine » en novembre 2013. Aucune restriction de langue n'a été appliquée.
Les études étaient incluses si elles étaient des essais contrôlés randomisés ou quasi randomisés qui comparaient la diacéréine à un placebo ou à un autre traitement pharmacologique actif chez des participants souffrant d'arthrose.
L'extraction des données et l'évaluation de la qualité ont été effectuées par deux investigateurs indépendants, et leurs résultats étaient ensuite comparés. L'outil Cochrane de risque de biais a été utilisé. La qualité des preuves obtenues a été évaluée en utilisant l'approche GRADE.
Nous avons identifié trois nouveaux essais (141 participants), et cette revue mise à jour inclut désormais 10 essais, totalisant 2 210 participants. Le risque de biais le plus fréquent était représenté par les données de résultat incomplètes, identifié dans environ 80 % des études. L'assignation secrète et la génération de séquences aléatoires n'était pas claire dans 90 % et 40 % des études, respectivement, en raison d'une notification médiocre.
Des preuves de faible qualité issues de six essais (1 283 participants) indiquent que la diacéréine a un petit effet bénéfique sur la douleur globale (mesurée sur une échelle visuelle analogique de 100 mm) au bout de trois à 36 mois (différence moyenne (DM) -8,65, intervalle de confiance (IC) à 95 % -15,62 à -1,68), ce qui équivaut à une réduction de la douleur de 9 % dans le groupe sous diacéréine (IC à 95 % de -16 % à -2 %) par rapport au groupe sous placebo. Ce bénéfice n'est peut-être pas cliniquement significatif.
Aucune différence statistiquement significative dans la fonction physique (4 études, 1 006 participants) n'a été notée entre les groupes sous diacéréine et sous placebo (indice de Lequesne, 0 à 24 points) (DM -0,29, IC à 95 % -0,87 à 0,28).
Des preuves de faible qualité issues de deux essais (616 participants) sur le ralentissement du rétrécissement de l'espace articulaire (diminution supérieure à 0,50 mm) dans le genou ou la hanche étaient en faveur de la diacéréine par rapport au placebo (risque relatif (RR) 0,85, IC à 95 % 0,72 à 0,99), avec une différence absolue du risque de -6 % (IC à 95 % de -15 % à 2 %) et un nombre de sujets à traiter pour obtenir un résultat bénéfique supplémentaire (NST) de 14 (IC à 95 % 8 à 203). L'analyse de l'articulation du genou seule (1 étude, 170 participants) n'a pas atteint de signification statistique (RR 0,94, IC à 95 % 0,51 à 1,74).
Aucun des essais étudiant la diacéréine par rapport à un placebo n'a mesuré la qualité de vie. Selon un essai (161 participants), qui comparait la diacéréine aux médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), la qualité de vie des participants dans les deux groupes (telle qu'évaluée par le test SF-36 (score total de 0 à 800)) n'était pas significativement différente (DM -40,70, IC à 95 % -85,20 à 3,80).
Des preuves de faible qualité issues de sept essais ont montré significativement plus d'événements indésirables dans le groupe sous diacéréine par rapport au groupe sous placebo après deux à 36 mois, principalement la diarrhée (RR 3,52, IC à 95 % 2,42 à 5,11), avec une augmentation absolue du risque de 24 % (IC à 95 % de 12 % à 35 %), et un nombre de sujets à traiter pour observer un effet indésirable du traitement (NNN) de 4 (IC à 95 % 3 à 7).
Aucune différence statistiquement significative dans le taux d'arrêt du traitement par les participants en raison d'événements indésirables n'a été observée à deux à 36 mois pour la diacéréine par rapport à un placebo (RR 1,29, IC à 95 % 0,83 à 2,01).
Une recherche des sites internet de réglementation a permis de trouver une recommandation du Comité pour l'évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l'Agence européenne des médicaments (EMA) pour la suspension de l'autorisation de mise sur le marché de la diacéréine à travers l'Europe en raison d'effets délétères (en particulier le risque de diarrhée sévère et les effets potentiellement néfastes sur le foie) plus importants que les bénéfices. Cependant, cette directive n'est pas finale car la recommandation du PRAC doit être réexaminée.