Principaux messages
- Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IECA) et les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine (ARA) pourraient réduire l'insuffisance rénale chez les personnes atteintes de diabète et de maladie rénale.
- Nous ne savons pas avec certitude si les IECA, les ARA ou diverses combinaisons ou doses préviennent les décès ou les maladies cardiaques chez les personnes atteintes de diabète et de maladies rénales.
Pourquoi traiter les personnes diabétiques qui souffrent d'une maladie rénale chronique ?
Les maladies rénales touchent environ un quart à la moitié des personnes atteintes de diabète, généralement 20 à 25 ans après le début de la maladie. Environ un tiers des personnes atteintes de diabète et de maladie rénale évolueront vers l'insuffisance rénale et nécessiteront un traitement par dialyse ou transplantation rénale. Les traitements hypotenseurs préviennent les maladies cardiaques et permettent aux patients d'éviter ou de retarder le recours à la dialyse ou à la transplantation rénale. Deux classes de médicaments - les IECA et les ARA - ont été jugées particulièrement efficaces pour améliorer la santé et le bien-être des personnes atteintes de diabète. Nous examinons si ces médicaments préviennent l'insuffisance rénale, le décès et les complications cardiaques chez les personnes atteintes de diabète et de maladie rénale.
Qu'avons-nous voulu découvrir ?
Nous avons voulu savoir si les IECA, les ARA ou les combinaisons de traitements prévenaient la progression de la maladie rénale chez les adultes atteints de diabète et de maladie rénale.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché tous les essais ayant évalué les bénéfices et les risques d'une allocation randomisée d'IECA, d'ARA ou de diverses combinaisons chez les personnes atteintes de diabète et d'une maladie rénale chronique. Nous avons comparé et résumé les résultats des essais et évalué notre confiance dans les informations sur la base de facteurs tels que les méthodes et la taille des essais.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé 109 études portant sur 28 341 adultes. Les IECA et les ARA pourraient prévenir l'insuffisance rénale chez les personnes atteintes de diabète et de maladie rénale. les IECA, les ARA ou diverses combinaisons ont eu des effets incertains sur la mortalité ou les maladies cardiaques chez les personnes souffrant de diabète et de maladies rénales.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Le petit nombre d'études (par comparaison) et la petite taille des études ont constitué des limites à cette revue. Toutes les études n’ont pas fourni de données sur les critères de jugement qui nous intéressaient. Nous ne sommes pas certains des résultats.
Les données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes sont à jour au mois de mars 2024.
Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IECA) ou les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine (ARA) pourraient avoir peu ou pas d'effet sur la mortalité toutes causes confondues et la mortalité cardiovasculaire par rapport au placebo ou à l'absence de traitement chez les personnes atteintes de diabète et d'une maladie rénale, mais pourraient prévenir l'insuffisance rénale. Les ARA pourraient prévenir le doublement de la créatinine sérique et la progression de la microalbuminurie vers la macroalbuminurie par rapport à un placebo ou à l'absence de traitement. Bien que les recommandations internationales suggèrent de ne pas associer un traitement par IECA et ARA, les effets d'une monothérapie par IECA ou ARA par rapport à une bithérapie n'ont pas été évalués de manière adéquate. La disponibilité limitée des données et la faible qualité des études incluses n'ont pas permis d'évaluer les bénéfices et les risques des IECA ou des ARA chez les personnes atteintes de diabète et de maladies rénales. Des données probantes d’un niveau de confiance faible et très faible indiquent qu'il est possible que d'autres études fournissent des résultats différents.
Les recommandations suggèrent que les adultes atteints de diabète et de maladie rénale reçoivent un traitement à base d'inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IECA) ou d'antagonistes des récepteurs de l'angiotensine (ARA). Il s'agit d'une mise à jour d'une revue systématique Cochrane publiée en 2006.
Nous avons comparé l'efficacité et la tolérance des traitements par IECA et ARA (en monothérapie ou en association) sur les critères de jugement cardiovasculaires et rénaux chez des adultes atteints de diabète et de maladie rénale.
Nous avons consulté le registre du groupe Cochrane sur le rein et la greffe des études jusqu'au 17 mars 2024 en contactant le coordinateur de recherche documentaire en utilisant les termes de recherche pertinents pour cette revue. Les études dans ce registre sont identifiées via des recherches dans CENTRAL, MEDLINE et EMBASE, ainsi que dans les actes de conférences, le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) et ClinicalTrials.gov.
Nous avons inclus des études évaluant les IECA ou les ARA seuls ou en association, comparés entre eux, à un placebo ou à l'absence de traitement chez des personnes atteintes de diabète et de maladie rénale.
Deux auteurs ont, de manière indépendante, évalué les risques de biais et extrait des données. Les estimations globales de l'effet ont été obtenues à l'aide d'un modèle aléatoire et les résultats ont été exprimés sous forme de risques relatifs (RR) et d'intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement dichotomiques et de différence de moyennes (DM) ou de différence de moyennes standardisées (DMS) et d'IC à 95 % pour les critères de jugement continus. Le niveau de confiance des données probantes a été évalué en utilisant l'approche GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation).
Cent neuf études (28 341 participants randomisés) ont été retenues. Dans l'ensemble, le risque de biais était élevé.
Par rapport au placebo ou à l'absence de traitement, les IECA pourraient avoir peu ou pas d'effet sur la mortalité toutes causes confondues (24 études, 7413 participants) : RR 0,91, IC à 95 % 0,73 à 1,15 ; I 2 = 23% ; niveau de confiance faible) et avec des abandons du traitement similaires (7 études, 5306 participants : RR 1,03, IC à 95 % 0,90 à 1,19 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible). Les IECA pourraient prévenir l'insuffisance rénale (8 études, 6643 participants : RR 0,61, IC à 95 % 0,39 à 0,94 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible).
Par rapport au placebo ou à l'absence de traitement, l'ARA pourrait avoir peu ou pas d'effet sur la mortalité toutes causes confondues (11 études, 4260 participants) : RR 0,99, IC à 95 % 0,85 à 1,16 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible). Les ARA ont des effets incertains sur les abandons du traitement (3 études, 721 participants : RR 0,85, IC à 95 % 0,58 à 1,26 ; I 2 = 2 % ; niveau de confiance faible) et les décès cardiovasculaires (6 études, 878 participants : RR 3,36, IC à 95 % 0,93 à 12,07 ; niveau de confiance faible). Les ARA pourraient prévenir l'insuffisance rénale (3 études, 3227 participants : RR 0,82, IC à 95 % 0,72 à 0,94 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible), le doublement de la créatinine sérique (SCr) (4 études, 3280 participants : RR 0,84, IC à 95 % 0,72 à 0,97 ; I 2 = 32 % ; niveau de confiance faible), et la progression de la microalbuminurie vers la macroalbuminurie (5 études, 815 participants : RR 0,44, IC à 95 % 0,23 à 0,85 ; I 2 = 74 % ; niveau de confiance faible).
Comparés aux IECA, les ARA ont eu des effets incertains sur la mortalité toutes causes confondues (15 études, 1739 participants : RR 1,13, IC à 95 % 0,68 à 1,88 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible), l'abandon du traitement (6 études, 612 participants : RR 0,91, IC à 95 % 0,65 à 1,28 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible), décès cardiovasculaire (13 études, 1606 participants : RR 1,15, IC à 95 % 0,45 à 2,98 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible), l'insuffisance rénale (3 études, 837 participants : RR 0,56, IC à 95 % 0,29 à 1,07 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible), et le doublement de la SCr (2 études, 767 participants : RR 0,88, IC à 95 % 0,52 à 1,48 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible).
Comparativement à l'association IECA plus ARA, les IECA seuls ont des effets incertains sur la mortalité toutes causes confondues (6 études, 1166 participants : RR 1,08, IC à 95 % 0,49 à 2,40 ; I 2 = 20 % ; niveau de confiance faible), l'abandon du traitement (2 études, 172 participants : RR 0,78, IC à 95 % 0,33 à 1,86 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible), décès cardiovasculaire (4 études, 994 participants : RR 3,02, IC à 95 % 0,61 à 14,85 ; niveau de confiance faible), l'insuffisance rénale (3 études, 880 participants : RR 1,36, IC à 95 % 0,79 à 2,32 ; I 2 = 0% ; niveau de confiance faible), et le doublement de la SCr (2 études, 813 participants : RR 1,14, IC à 95 % 0,70 à 1,85 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible).
Comparativement à l'association IECA plus ARA, les ARA seuls ont des effets incertains sur la mortalité toutes causes confondues (7 études, 2607 participants : RR 1,02, IC à 95 % 0,76 à 1,37 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible), l'abandon du traitement (3 études, 1615 participants : RR 0,81, IC à 95 % 0,53 à 1,24 ; I 2 = 0% ; niveau de confiance faible), décès cardiovasculaire (4 études, 992 participants : RR 3,03, IC à 95 % 0,62 à 14,93 ; niveau de confiance faible), l'insuffisance rénale (4 études, 2321 participants : RR 1,15, IC à 95 % 0,67 à 1,95 ; I 2 = 29 % ; niveau de confiance faible), et le doublement de la SCr (3 études, 2252 participants : RR 1,18, IC à 95 % 0,85 à 1,64 ; I 2 = 0 % ; niveau de confiance faible).
Les effets comparatifs des différents IECA ou ARA et des ARA à faible dose par rapport aux ARA à forte dose ont rarement été évalués. Aucune étude n'a comparé différentes doses d'IECA.
Les événements indésirables des IECA et des ARA ont été rarement signalés.
Post-édition effectuée par Inès Belalem et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr