Contexte
Les personnes asthmatiques qui appartiennent à des minorités ont un plus mauvais état de santé lié à l'asthme. Une éducation sur l'asthme culturellement spécifique est susceptible d'améliorer l'état de santé lié à l'asthme.
Question de la revue
Les programmes d'éducation sur l'asthme culturellement adaptés améliorent-ils l'état de santé lié à l'asthme (par rapport à des programmes génériques d'éducation sur l'asthme ou aux soins habituels) chez les enfants et les adultes asthmatiques appartenant à des minorités ?
Quelles données avons-nous trouvées ?
Sept études totalisant 837 participants âgés d'un an à 63 ans, ont été incluses dans cette mise à jour de la revue. Cette revue était limitée par le petit nombre d'études et la qualité des preuves était faible à très faible. Chez les adultes, nous avons trouvé que les programmes culturellement adaptés n'amélioraient aucun de nos critères de jugement principaux, mais étaient plus efficaces en ce qui concerne l'amélioration de la qualité de vie (bien que la différence moyenne était inférieure à la différence minimale importante pour le score) (critère de jugement secondaire). Chez les enfants, cependant, lorsque les données de plusieurs études étaient combinées, les programmes culturellement adaptés réduisaient les crises sévères nécessitant une hospitalisation (critère de jugement principal), tandis que les études individuelles montraient une amélioration du contrôle de l'asthme, des connaissances sur l'asthme et de l'adhésion au traitement pour nos critères de jugement secondaires.
Conclusion
Les preuves disponibles ont montré que pour les adultes et les enfants issus de minorités, les programmes éducatifs culturellement adaptés sont probablement efficaces pour améliorer l'état de santé lié à l'asthme. Même si des preuves plus solides sont nécessaires, les programmes d'éducation sur l'asthme devraient prendre en compte les spécificités culturelles autant que possible dans le cadre de la prise en charge des maladies chroniques ainsi que la complexité des états de santé et de la culture. En l'absence de données économiques, des études relatives au rapport coût-efficacité sont également nécessaires.
Qualité des preuves
La qualité des preuves était faible à très faible pour tous les critères de jugement.
Les preuves disponibles ont montré que les programmes d'éducation sur l'asthme culturellement adaptés sont probablement efficaces pour améliorer l'état de santé lié à l'asthme des adultes et des enfants issus de minorités. Cette revue était limitée par le petit nombre d'études et par les preuves de faible à très faible qualité. Tous les éléments de l'état de santé lié à l'asthme n'étaient pas améliorés par les programmes culturellement adaptés pour les adultes et les enfants. Néanmoins, bien que les programmes d'éducation sur l'asthme modifiés pour s'adapter aux spécificités culturelles sont généralement plus longs, les résultats de cette revue suggèrent d'utiliser des programmes d'éducation sur l'asthme culturellement adaptés pour les enfants et les adultes issus de minorités. Des ECR plus fiables sont cependant nécessaires pour renforcer la qualité des preuves, et déterminer l'efficacité en matière de coûts des programmes culturellement adaptés.
Les personnes asthmatiques issues de minorités ont souvent un état de santé lié à l'asthme plus mauvais, elles ont notamment besoin de plus de visites chez le médecin liées à l'asthme aigu pour des aggravations. Différents programmes utilisés pour éduquer et responsabiliser les personnes asthmatiques ont permis des améliorations de certains éléments de l'état de santé lié à l'asthme (par exemple, l'adhésion au traitement, le niveau de connaissances sur l'asthme des enfants et des parents, et le rapport coût-efficacité). Les modèles de soins pour les maladies chroniques pour les minorités portent habituellement une attention particulière au contexte culturel de l'individu, et pas seulement aux symptômes de la maladie. Par conséquent, les questions de savoir si les programmes d'éducation sur l'asthme culturellement adaptés destinés aux personnes issues de minorités sont efficaces pour améliorer l'état de santé lié à l'asthme, sont réalisables et efficaces en matière de coûts doivent être adressées.
Déterminer si les programmes d'éducation sur l'asthme culturellement adaptés améliorent l'état de santé lié à l'asthme des enfants et des adultes asthmatiques appartenant à des minorités par rapport aux programmes génériques d'éducation sur l'asthme ou aux soins habituels.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les voies respiratoires, MEDLINE, Embase, les articles de revue et les références bibliographiques des articles pertinents. La dernière recherche pleinement intégrée dans la revue a été réalisée en juin 2016.
Les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant l'utilisation de programmes d'éducation sur l'asthme culturellement adaptés par rapport aux programmes génériques d'éducation sur l'asthme ou par rapport aux soins habituels, chez les adultes ou les enfants asthmatiques issus de minorités.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné, extrait et évalué les données pour l'inclusion. Nous avons contacté les auteurs des études pour obtenir des informations supplémentaires lorsque cela était nécessaire.
Dans cette mise à jour, trois études supplémentaires, et 220 participants ont été ajoutés. Un total de sept ECR (deux chez les adultes, quatre chez les enfants, un à la fois chez les enfants et les adultes) réalisés auprès de 837 participants (âgés de 1 à 63 ans) souffrant d'asthme issus de minorités ethniques étaient éligibles pour l'inclusion dans cette revue. La qualité méthodologique des études variait de faible à très faible. Pour notre critère de jugement principal (exacerbations de l'asthme au cours du suivi), la qualité des preuves était faible pour tous les critères de jugement. Chez les adultes, l'utilisation de programmes culturellement adaptés, par rapport aux programmes génériques ou aux soins habituels ne réduisait pas significativement le nombre de participants (issus de deux études portant sur 294 participants) présentant une ou plusieurs exacerbations au cours du suivi (rapport des cotes [RC] 0,80, intervalle de confiance [IC] à 95 % 0,50 à 1,26), le nombre d'hospitalisations sur une période de 12 mois (RC 0,83, IC à 95 % 0,31 à 2,22) et les exacerbations nécessitant des corticoïdes par voie orale (RC 0,97, IC à 95 % 0,55 à 1,73). Cependant, l'utilisation de programmes culturellement adaptés améliorait les scores de la qualité de vie liée à l'asthme chez 280 adultes issus de deux études (différence moyenne [DM] 0,26, IC à 95 % 0,17 à 0,36) (bien que la DM était inférieure à la différence minimale importante pour le score). Chez les enfants, l'utilisation de programmes culturellement adaptés était plus efficace par rapport aux programmes génériques ou aux soins habituels pour réduire les exacerbations graves de l'asthme nécessitant une hospitalisation dans deux études avec un total de 305 enfants (rapport des taux 0,48, IC à 95 % 0,24 à 0,95), pour améliorer le contrôle de l'asthme dans une étude avec 62 enfants et la qualité de vie dans trois études, avec un total de 213 enfants, mais pas pour réduire le nombre d'exacerbations au cours du suivi (RC 1,55, IC à 95 % 0,66 à 3,66) ou le nombre d'exacerbations (DM 0,18, IC à 95 % -0,25 à 0,62) chez 100 enfants de deux études.
Traduction réalisée par Sophie Fleurdépine et révisée par Cochrane France