Objectif de la revue
Nous avons étudié les interventions visant à réduire l'homocystéine dans la prévention les événements cardiovasculaires.
Contexte
La maladie cardiovasculaire est la première cause de mortalité partout dans le monde. Les causes les plus fréquentes de maladie cardiovasculaire entraînant morbidité et mortalité sont la cardiopathie ischémique, l'accident vasculaire cérébral et l'insuffisance cardiaque congestive. De nombreux patients atteints de maladies cardiovasculaires sont asymptomatiques mais peuvent présenter un risque élevé d'infarctus du myocarde, d'angine de poitrine et d'accident vasculaire cérébral (ischémique, hémorragique ou les deux). Des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire « émergents ou nouveaux » ont été récemment ajoutés aux facteurs de risque établis (diabète sucré, pression artérielle élevée, tabagisme actif et profil adverse de lipides sanguins). Des niveaux élevés d'homocystéine plasmatique totale (tHcy) sont l'un de ces facteurs de risque. L'homocystéine est un acide aminé dont les niveaux dans le sang sont influencés par les niveaux de complexe vitaminique B : cyanocobalamine (B12), acide folique (B9) et pyridoxine (B6). Des niveaux élevés d'homocysteine plasmatique total sont associés à un risque accru de maladies athérosclérotiques (où il existe une accumulation de plaque dans les artères).
Caractéristiques des études
Dans cette deuxième mise à jour, nous avons inclus 12 études impliquant 47 429 participants vivant dans des pays avec ou sans enrichissement obligatoire des aliments. Ces études ont comparé différents schémas de vitamines du complexe B (cyanocobalamine (B12), acide folique (B9) et pyridoxine (B6)) par rapport à un témoin ou toute autre comparaison. Les études ont été publiées entre 2002 et 2010.
Principaux résultats
Nous n'avons identifié aucune preuve suggérant que, par rapport à un placebo ou à des soins habituels, les interventions visant à réduire l'homocystéine à l'aide de suppléments de vitamines B6, B9 ou B12 seuls ou combinés, quelle que soit la dose administrée, préviennent les infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux ou réduisent la mortalité totale chez les participants à risque ou atteints d'une maladie cardiovasculaire établie. Par rapport au placebo, les interventions visant à réduire l'homocystéine n'ont pas eu d'influence significative sur les événements indésirables graves (cancer).
Qualité des preuves
Notre confiance dans les résultats de cette revue est élevée parce que les essais inclus que nous avons synthétisés étaient de haute qualité et menés auprès d'un grand nombre de participants.
Cette deuxième mise à jour de la revue Cochrane n'a trouvé aucune preuve suggérant que les interventions visant à réduire l'homocystéine sous forme de suppléments de vitamines B6, B9 ou B12 administrés seuls ou en combinaison devraient être utilisées pour la prévention des événements cardiovasculaires. En outre, il n'existe aucune preuve suggérant que les interventions visant à réduire l'homocystéine seraient associées à un risque accru de cancer.
Les maladies cardiovasculaires, qui comprennent la maladie coronarienne, l'accident vasculaire cérébral et l'insuffisance cardiaque congestive, sont une cause majeure de décès dans le monde. L'homocystéine est un acide aminé ayant des fonctions biologiques dans le métabolisme de la méthionine. Un facteur de risque supposé est un taux élevé d'homocystéine plasmatique totale, qui est associé à des événements cardiovasculaires. Nous avons étudié l'impact des interventions visant à réduire l'homocystéine, administrées aux patients sous forme de suppléments de vitamines B6, B9 ou B12, sur les événements cardiovasculaires. Ceci est une mise à jour d'une revue publiée précédemment en 2009 et 2013.
Déterminer si les interventions visant à réduire l'homocystéine fournies aux patients avec et sans maladie cardiovasculaire préexistante sont efficaces dans la prévention des événements cardiovasculaires ainsi que de la mortalité toutes causes, et évaluer leur sécurité.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL 2014, numéro 1), MEDLINE (de 1950 à la 5ème semaine de janvier 2014), EMBASE (de 1980 à la semaine 6 de 2014) et LILACS (de 1986 à février 2014). Nous avons aussi consulté Web of Science (de 1970 au 7 février 2014). Les listes bibliographiques des articles inclus ont fait l'objet de recherches manuelles. Nous avons également contacté des chercheurs spécialisés dans ce domaine. Aucune restriction concernant la langue n'a été appliquée à cette recherche.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés évaluant les effets des interventions visant à réduire l'homocystéine dans la prévention des événements cardiovasculaires avec une période de suivi d'au moins un an. Nous avons utilisé l'infarctus du myocarde et l'accident vasculaire cérébral comme critères de jugement principaux. Nous avons exclu les études portant sur des patients atteints de néphropathie terminale.
La sélection des études, l'évaluation des risques de biais et l'extraction de données ont été effectuées en double. Nous avons estimé le risque relatif (RR) pour les variables dichotomiques. L'hétérogénéité statistique a été mesurée au moyen de la statistique I2 . Nous avons utilisé un modèle à effets aléatoires.
Nous n'avons identifié aucun nouvel essai contrôlé randomisé pour cette deuxième mise à jour de revue Cochrane. Ainsi, cette nouvelle version inclut 12 essais contrôlés randomisés portant sur 47 429 participants. De façon générale, 75 % (9/12) des essais étaient à faible risque de biais. Par rapport au placebo, les interventions visant à réduire l'homocystéine n'ont pas eu d'influence significative sur les infarctus du myocarde non mortels ou mortels (1 743/23 590 (7,38 %) contre 1 247/20 190 (6,17 %) ; RR 1,02, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,95 à 1,10, I2 = 0 %, preuves de qualité élevée), les accidents vasculaires cérébraux (968/22 348 (4,33 %) contre 974/18 957 (5,13 %) ; RR 0,91, IC à 95 % de 0,82 à 1,0, I2 = 11 %, preuves de qualité élevée) ou les décès toutes causes (2 784/22 648 (12,29 %) contre 2 502/19 250 (10,64 %) ; RR 1,01, IC à 95 % de 0,96 à 1,07, I2 = 6 %, preuves de qualité élevée). Par rapport au placebo, les interventions visant à réduire l'homocystéine n'ont pas eu d'influence significative sur les événements indésirables graves (cancer) (1 558/18 130 (8,59 %) contre 1 334/14 739 (9,05 %) ; RR 1,06, IC à 95 % de 0,98 à 1,13 ; I2 = 0 %, preuves de qualité élevée).
Traduction réalisée par Cochrane France