Utilisation de traitements pour déloger les aliments mous coincés entre la gorge et l'estomac pour tenter d'éviter le recours à l’endoscopie

Problématique de la revue

Une période d'observation, l’administration de traitements par voie orale ou sanguine peut elle aider à déloger des aliments mous coincés entre la gorge et l'estomac pour éviter le recours à une procédure endoscopique?

Contexte

Les aliments peuvent parfois rester coincés dans l'œsophage, le tube reliant la gorge à l'estomac qui passe par le thorax. Ces aliments se délogent souvent spontanément, sans aucune aide médicale, mais parfois l'aide d'un médecin est nécessaire pour les dégager. Le retrait ou le délogement de ces morceaux d’aliments peut se faire à l'aide d'une caméra flexible ou d'un instrument rigide, appelé endoscope, mais les procédures endoscopiques peuvent entraîner de graves complications, comme des perforations dans l'œsophage. Cependant, attendre trop longtemps que les aliments se dégagent spontanément peut également augmenter le risque de perforation dans l'œsophage et entraîner le passage de salive ou d'aliments dans les poumons, provoquant de graves infections. Divers traitements sont actuellement utilisés pour tenter d'éliminer les aliments, sans devoir recourir à une endoscopie, dont beaucoup ont également des effets secondaires potentiels, notamment des difficultés respiratoires, une augmentation de la glycémie, une pression artérielle basse et un rythme cardiaque irrégulier. Nous voulions savoir si l'un de ces traitements était plus efficace que d'attendre une désobstruction spontanée des aliments, avant d'essayer de les déloger avec des instruments.

Caractéristiques des études

Les données sont à jour jusqu'en août 2019. Nous avons trouvé un essai approprié pour répondre à notre question, qui comparait l’administration par voie veineuse de deux médicaments (diazépam et glucagon) à des placebos (liquides clairs d’apparences similaires aux médicaments mais sans aucun effet sur l’organisme). Nous n'avons pas envisagé d’aborder les objets tranchants ou durs, car ils sont pris en charge différemment.

Résultats principaux

Il n'y avait pas assez de données probantes pour déterminer avec certitude quels traitements sont les plus sûrs ou efficaces pour déloger les aliments coincés dans l'œsophage .

Qualité des données

Nous avons estimé la qualité globale des données comme étant faible. D’avantage d'études avec un plus grand nombre de participants sont nécessaires pour pouvoir répondre à la question de recherche.

Conclusions des auteurs: 

Il n'existe actuellement pas de données suffisantes pour recommander l'utilisation d’un quelconque traitement par voie entérale ou parentérale dans la gestion de l’impaction œsophagienne aiguë du bol alimentaire. Les données existantes sont également insuffisantes concernant les effets indésirables potentiels de l'utilisation de ces traitements, ou les retards potentiels dans la prise en charge endoscopique définitive. La prudence est de mise en cas d’utilisation des stratégies de prise en charge conservatrices chez ces patients.

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Contexte: 

L'impaction d'un bol alimentaire mou dans l'œsophage provoque une dysphagie et des régurgitations. Si le bolus ne se déloge pas spontanément, le patient risque l'inhalation, la déshydratation, la perforation et la mort. La prise en charge ultime consiste en une intervention endoscopique, recommandée dans les 24 heures. Avant l'endoscopie, de nombreux patients sont mis en observation, en attendant une désobstruction spontanée, ou peuvent recevoir des traitements par voie entérale ou parentérale pour tenter de déloger le bolus. Il n'y a pas de consensus à la question de savoir laquelle de ces stratégies conservatrices est plus sûre et efficace et doit être recommandée dans cette période initiale, avant de recourir à une procédure endoscopique définitive pour une impaction persistante.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité des traitements conservateurs non endoscopiques dans la prise en charge de l’impaction de bolus alimentaire mous dans l'œsophage.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes, en utilisant des termes de recherche pertinents : le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE, Embase et CINAHL. Ces recherches ont été effectuées le 18 août 2019. Nous avons examiné les références bibliographiques des études et revues de littérature pertinents sur le sujet afin d'identifier d’éventuelles études supplémentaires.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés sur la prise en charge de l'impaction œsophagienne aiguë par bol alimentaire, chez l'adulte et l'enfant, faisant état de l'incidence de l'impaction (confirmée radiologiquement ou cliniquement par le retour au régime alimentaire oral) sans qu'il soit nécessaire de recourir à une intervention endoscopique. Nous n'avons pas inclus les études portant sur l'impaction d'objets tranchants ou solides.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard recommandées par Cochrane.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié 890 articles originaux à partir des recherches électroniques. Nous avons exclu 809 publications manifestement non pertinentes et retenu 81 publications pour une évaluation plus approfondie. Nous avons ensuite inclus un essai contrôlé randomisé répondant aux critères d'éligibilité, qui a été mené dans quatre centres suédois et a randomisé 43 participants qui ont reçu soit du diazépam par voie intraveineuse suivi de glucagon, soit des placebos par voie intraveineuse. L'effet des substances actives comparées au placebo sur les taux de désobstruction sans intervention est incertain, car les chiffres de cette seule étude étaient faibles et les taux étaient similaires (38 % contre 32 % ; risque relatif 1,19, intervalle de confiance à 95 % 0,51 à 2,75, P = 0,69). Le niveau de confiance des données probantes de ce critère de jugement, évalué à l’aide de GRADE, est faible. Les données sur les événements indésirables étaient manquantes.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Kevimy Agossa et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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