Problématique
Cette revue visait à déterminer si le fait de poser un treillis (corps étranger) autour d'une stomie (une ouverture créée chirurgicalement dans l'intestin et la paroi abdominale pour permettre le détournement des selles) au moment de sa création avait une incidence sur le développement d'une hernie (une protrusion du contenu abdominal par une faiblesse dans la paroi abdominale) autour de la stomie chez les participants de l'étude. Nous avons également cherché à déterminer s'il y avait des risques ou des complications associés à la pose des treillis par rapport à l'absence de ces derniers.
Contexte
La formation d'une hernie autour d'une stomie touche jusqu'à 50 % des personnes stomatisées. La hernie peut s'agrandir avec le temps, ce qui peut causer un inconfort considérable au patient, et donc l'amener à restreindre son travail et ses autres activités physiques. Des problèmes de ré-opération et d'ordre esthétique peuvent également survenir.
Caractéristiques de l’étude
À la suite de notre recherche de données en janvier 2018, nous avons inclus 10 essais avec un total de 844 participants que nous avons évalués à l'aide du protocole de revue Cochrane standard. Les essais ont comparé l'incidence du développement d'une hernie autour d'une stomie entre un groupe ayant un placement de treillis au moment de la création de la stomie et un groupe témoin ayant une création de stomie conventionnelle sans pose de treillis.
Résultats principaux
Nous avons constaté que la pose de treillis autour de la stomie au moment de sa création réduit l'incidence de la formation future de hernies. Les participants ayant un treillis ajusté présentaient un niveau de complications similaire à celui des participants n'ayant pas de treillis.
Qualité des preuves
Les preuves que nous avons trouvées favorisant l'insertion d'un treillis chez les personnes ayant une stomie sont de faible qualité.
Cette revue Cochrane comprenait 10 ECR avec un total de 844 participants. La revue a démontré une réduction de l'incidence des hernies parastomales chez les personnes qui avaient un treillis synthétique prophylactique placé au moment de l'intervention chirurgicale par rapport à une création standard de stomie. Cependant, notre confiance dans cette estimation est faible en raison de la présence d'un degré élevé d'hétérogénéité clinique, ainsi que d'une grande variabilité dans la durée du suivi et la technique de détection des hernies parastomales. Nous avons constaté que le taux d'infection liée à la stomie était semblable dans le groupe d'intervention et dans le groupe témoin.
La hernie parastomale est un problème courant suite à la création d'une stomie après une chirurgie abdominale élective ou d'urgence. Les hernies symptomatiques entraînent une morbidité importante (et dans certains cas, la mort) chez les patients et peuvent donc nécessiter un traitement chirurgical pour réparer l'anomalie herniaire et/ou reloger la stomie. Dans le but de réduire cette complication, des recherches récentes ont porté sur l'application d'un treillis synthétique ou biologique inséré lors de la création de la stomie pour aider à renforcer la paroi abdominale.
L'objectif principal était d'évaluer si le renforcement par ce treillis pendant la création de la stomie réduit l'incidence des hernies parastomales. Les objectifs secondaires incluaient la sécurité ou les inconvénients potentiels (ou les deux) des poses des treillis en termes d'infections liées aux stomies ou aux treillis, de symptômes déclarés par les patients/de qualité de vie post-opératoire et de ré-hospitalisation/de visites ambulatoires.
Nous avons fait des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL ; Cochrane Library 2018, numéro 1), Ovid MEDLINE (de 1970 au 11 janvier 2018), Ovid Embase (de 1974 au 11 janvier 2018) et Science Citation Index Expanded (de 1970 au 11 janvier 2018). Pour identifier les études en cours, nous avons également effectué une recherche dans le métaRegistre des essais contrôlés (mRCT, metaRegister of Controlled Trials) le 11 janvier 2018.
Nous avons envisagé d'inclure tous les essais contrôlés randomisés (ECR) sur la pose d'un treillis prothétique (y compris un treillis biologique/composite) par rapport à un groupe témoin (sans treillis) pour la prévention des hernies parastomales.
Deux auteurs de la revue ont évalué de façon indépendante les études identifiées par la recherche documentaire pour déterminer leur admissibilité potentielle. Nous avons obtenu les articles complets pour toutes les études qui répondaient potentiellement aux critères d'inclusion et nous avons inclus toutes celles qui répondaient aux critères. Toute divergence d'opinion entre les auteurs de la revue a été résolue par consensus. Nous avons regroupé les données des études dans une méta-analyse. Nous avons évalué l'hétérogénéité par le calcul du I2 et exprimé les résultats pour chaque variable sous forme de risque relatif (RR) avec des intervalles de confiance (IC) correspondants à 95 %. Nous avons exprimé les résultats continus sous forme de différence moyenne (DM) avec les IC correspondants à 95 %.
Nous avons inclus 10 ECR impliquant un total de 844 participants. Le critère de jugement principal a été l'incidence globale des hernies parastomales. Les critères secondaires étaient le taux de réopération à 12 mois, le temps opératoire, la durée postopératoire du séjour à l'hôpital, les infections liées aux stomies, les infections liées aux treillis, la qualité de vie et le taux de ré-hospitalisation. Nous avons jugé que le risque de biais dans tous les domaines était faible dans six essais. Nous avons jugé que quatre essais présentaient un risque élevé de biais dans l'ensemble.
L'incidence globale de la hernie parastomale était moins élevée chez les participants ayant reçu un treillis prophylactique que chez ceux ayant subi une stomie standard (RR 0,53, IC à 95 %, 0,43 à 0,66 ; 10 études, 771 participants ; I2 = 69 % ; preuves de faible qualité). En chiffres absolus, l'incidence des hernies parastomales était de 22 pour 100 participants (18 à 27) recevant un treillis prophylactique, comparativement à 41 pour 100 participants ayant une création standard de stomie.
Aucune différence n'a été constatée entre les deux groupes quant à la nécessité d'une ré-opération (RR 0,90, IC à 95 %, 0,50 à 1,64 ; 9 études, 757 participants ; I2 = 0 % ; preuves de faible qualité) ; au temps opératoire (DM -6,50 (min), IC à 95 % -18,24 à 5,24 ; 6 études, 671 participants ; preuves de faible qualité) ; à la durée du séjour à l'hôpital après une opération (DM -0,95 (jours), IC à 95 % -2,03 à 0,70 ; 4 études, 500 participants ; données de qualité moyenne) ou à des infections liées aux stomates (RR 0,89, IC à 95 % 0,32 to 2,50; 6 études, 472 participants ; I2 = 0 %; preuves de faible qualité).
Nous n'avons pas été en mesure d'analyser les infections liées aux treillis, la qualité de vie et le taux de réhospitalisation en raison du manque de données ou parce que les résultats n'ont pas été notés dans les études incluses.
Post-édition : Lou Rey - Révision : Philip Henlin (M2 ILTS, Université Paris Diderot)