Les personnes âgées vivant dans les établissements de soins (appelés également maisons de retraite médicalisées, résidences médicalisées, établissements de soins spécialisés, résidences avec assistance médicale ou établissements de soins résidentiels) ont de nombreux problèmes de santé physique et mentale complexes. Les résidents d'établissements de soins ont des prescriptions pour de nombreux médicaments comparativement aux personnes vivant à leur domicile, avec fréquemment une moyenne de huit médicaments. La recherche internationale a démontré que souvent ces médicaments ne sont pas parfaitement gérés, certains résidents ayant des prescriptions pour des médicaments inappropriés. Ceci peut potentiellement entraîner des effets secondaires dangereux et une perte de bénéfice. Pour ces raisons, il est important de s'assurer que les résidents des établissements de soins ont les prescriptions pour les bons médicaments aux bonnes doses.
Cette revue a identifié huit études totalisant 7 653 résidents dans 262 établissements de soins dans six pays ayant évalué des interventions visant à optimiser les prescriptions chez les résidents des établissements de soins. La plupart des interventions comportaient plusieurs composantes, impliquant souvent une revue des médicaments avec un pharmacien et un médecin. Certaines interventions ont inclus une composante éducative et une étude a utilisé les technologies de l'information.
il n'existait aucune preuve de bénéfice des interventions en termes de diminution des événements indésirables liés aux médicaments (effets nocifs causés par les médicaments), des admissions à l'hôpital ou de la mortalité. Aucune des études n'a évalué la qualité de vie. Des problèmes liés aux médicaments ont été observés et traités par les interventions utilisées dans les études. La prescription a été améliorée d'après les critères utilisés pour évaluer l'adaptation des prescriptions dans deux études.
D'autres études de grande qualité doivent être menées afin de rassembler davantage de preuves concernant ces interventions et d'autres types d'interventions. D'autres études sont nécessaires pour évaluer les nouvelles technologies, notamment les systèmes informatiques qui permettent de prendre les décisions en matière de prescription. D'autres recherches doivent être menées pour s'assurer que les chercheurs mesurent systématiquement les critères de jugement qui sont importants pour les résidents d'établissements de soins.
Nous n'avons pas pu tirer de conclusions définitives d'après les preuves disponibles en raison de la variabilité des conceptions, des interventions, des critères de jugement et des résultats. Les interventions mises en œuvre dans les études de cette revue ont abouti à l'identification et à la résolution des problèmes liés aux médicaments, toutefois nous n'avons pas trouvé de preuves d'un effet sur les critères de jugement liés aux résidents. Il est nécessaire de réaliser des essais contrôlés randomisés en grappes de grande qualité portant sur l'évaluation des systèmes d'aide à la décision clinique et des interventions multidisciplinaires qui mesurent des critères de jugement liés aux résidents importants et bien définis.
Il existe un ensemble substantiel de preuves indiquant que les prescriptions pour les résidents d'établissements de soins sont sous-optimales et exigent des améliorations. Par conséquent, il est nécessaire d'identifier les interventions efficaces pour optimiser les prescriptions et les critères de jugement pour les résidents dans ce contexte.
L'objectif de cette revue était de déterminer l'effet des interventions pour optimiser les prescriptions chez les personnes âgées vivant dans les établissements de soins.
Nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur l'efficacité des pratiques et l'organisation des soins (EPOC) ; le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), The Cochrane Library (numéro 11, 2012) ; la base des revues systématiques Cochrane, The Cochrane Library (numéro 11, 2012) ; MEDLINE OvidSP (à compter de 1980) ; EMBASE, OvidSP (à compter de 1980) ; Ageline, EBSCO (à compter de 1966) ; CINAHL, EBSCO (à compter de 1980) ; International Pharmaceutical Abstracts, OvidSP (à compter de 1980) ; PsycINFO, OvidSP (à compter de 1980) ; conference proceedings in Web of Science, Conference Proceedings Citation Index - SSH & Science, ISI Web of Knowledge (à compter de 1990) ; les sources de la littérature grise ; et nous avons contacté les auteurs des études pertinentes. Nous avons également consulté les listes bibliographiques des études incluses et des revues correspondantes (période de recherche : novembre 2012).
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés évaluant des interventions visant à optimiser les prescriptions chez les personnes âgées (âgées de 65 ans ou plus) vivant dans des établissements de soins pour personnes dépendantes. Les études ont été incluses si elles avaient mesuré un ou plusieurs des critères de jugement principaux suivants : les événements indésirables liés aux médicaments ; les admissions à l'hôpital ; la mortalité ; ou les critères de jugement secondaires : la qualité de vie (à l'aide d'un instrument validé) ; les problèmes liés aux médicaments ; l'adaptation des médicaments (à l'aide d'un instrument validé) ; les coûts des médicaments.
Deux auteurs ont examiné les titres, les résumés et l'éligibilité des études, évalué le risque de biais et extrait les données, de manière indépendante. Un résumé narratif des résultats a été présenté.
Les huit études incluses impliquaient 7 653 résidents dans 262 (plage de 1 à 85) établissements de soins dans six pays. Six études étaient des essais contrôlés randomisés en grappes et deux études étaient des essais contrôlés randomisés en fonction des patients. Les interventions évaluées étaient diversifiées et souvent à multiples facettes. Le bilan des traitements était une composante de sept études, trois études ont concerné des conférences personnalisées multidisciplinaires, deux études ont concerné une composante éducative pour le personnel des établissements de soins et une étude a évalué l'utilisation des technologies d'aide à la décision clinique. En raison de leur hétérogénéité, les résultats n'ont pas été combinés dans une méta-analyse. Il n'existait aucune preuve d'un quelconque effet des interventions sur un ou plusieurs des critères principaux de la revue (événements indésirables liés aux médicaments, admissions à l'hôpital et mortalité). Aucune étude n'a mesuré la qualité de vie. Il existait des preuves que les interventions avaient abouti à l'identification et à la résolution des problèmes liés aux médicaments. Il existait des preuves issues de deux études que l'adaptation des médicaments avait été améliorée. Les preuves d'un effet sur le coût des médicaments étaient équivoques.