Les maladies cardio-vasculaires incluent les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, exigent un recours à une chirurgie cardiaque et constituent une cause majeure de décès prématurés et d'incapacité. L'objectif de cette revue était de déterminer si un soutien et des encouragements intensifs visant à réduire le sel dans l'alimentation réduisaient le risque de décès ou de maladie cardio-vasculaire. Ces conseils entraînaient une diminution de la quantité de sel consommée, ce qui permettait une petite réduction de la pression artérielle dans les six mois. Les informations étaient insuffisantes pour détecter les effets escomptés sur les décès et la maladie cardio-vasculaire, attendus à partir des réductions de la pression artérielle observées. Des preuves limitées indiquaient que les conseils diététiques visant à réduire le sel pourraient augmenter les décès chez les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque. Ces résultats ne signifient cependant pas qu'il faut arrêter de conseiller aux patients de réduire leur consommation de sel. Les patients doivent au contraire continuer dans cette voie. Néanmoins, des mesures supplémentaires - réduire la quantité de sel caché dans les aliments transformés, par exemple - permettront aux patients de suivre plus facilement un régime moins salé. D'autres preuves sont nécessaires concernant les mesures visant à réduire la consommation de sel alimentaire : (1) des essais contrôlés randomisés portant sur des conseils visant à réduire le sel chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque et évaluant la mortalité et les événements cardio-vasculaires et (2) des études expérimentales ou observationnelles portant sur des interventions auprès de la population visant à réduire le sel chez les individus hypertendus ou en bonne santé et évaluant la mortalité et les événements cardio-vasculaires.
Malgré l'ajout de nouvelles données d'événements par rapport aux précédentes revues systématiques des essais contrôlés randomisés (665 décès chez environ 6 250 participants), la puissance statistique reste insuffisante pour exclure des effets cliniquement importants de la réduction de la consommation de sel alimentaire sur la mortalité et la morbidité cardio-vasculaire chez les populations normotendues et hypertendues. D'autres preuves issues d'ECR sont nécessaires afin de confirmer si la restriction du sodium présente des effets délétères chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque. Nos estimations des bénéfices de la restriction du sel alimentaire sont dans la lignée des petits effets escomptés sur les événements cliniques attribuables à la petite réduction de la pression artérielle obtenue.
Une précédente revue Cochrane portant sur des conseils diététiques avait identifié des preuves insuffisantes pour évaluer les effets de la réduction de la consommation de sel sur la mortalité ou les événements cardio-vasculaires.
1. Évaluer les effets à long terme des interventions visant à réduire la consommation de sel alimentaire sur la mortalité et la morbidité cardio-vasculaire.
2. Examiner si la réduction de la pression artérielle est un facteur explicatif de tous les effets de ces interventions diététiques sur la mortalité et les résultats cardio-vasculaires.
La Bibliothèque Cochrane (CENTRAL, évaluation des technologies de la santé (ETS) et base des résumés des revues systématiques hors Cochrane (DARE)), MEDLINE, EMBASE, CINAHL et PsycInfo ont été consultés jusqu'en octobre 2008. Les références bibliographiques des études incluses et des revues ont également été examinées. Aucune restriction de langue n'a été appliquée.
Les essais remplissaient les critères suivants : (1) randomisés avec un suivi d'au moins six mois, (2) interventions portant sur la réduction de la consommation de sel alimentaire (intervention de restriction du sel ou conseils visant à réduire la consommation de sel), (3) adultes, (4) notification des données de mortalité ou de morbidité cardio-vasculaire. Deux évaluateurs ont appliqué ces critères d'inclusion de manière indépendante.
L'extraction des données et l'évaluation de la validité des études ont été effectuées par un seul évaluateur et vérifiées par un second évaluateur. Dans la mesure du possible, les auteurs ont été contactés afin d'obtenir des informations manquantes. Les événements ont été extraits et les risques relatifs (RR) ont été calculés avec des IC à 95 %.
Sept études (portant sur 6 489 participants) étaient conformes aux critères d'inclusion - trois portaient sur des normotendus (n = 3 518), deux sur des hypertendus (n = 758), une sur une population mixte de normo et hypertendus (n = 1 981) et une sur des patients atteints d'insuffisance cardiaque (n = 232) avec un suivi de fin d'étude de sept à 36 mois et un suivi observationnel maximum (après la fin de l'essai) de 12,7 ans. Les risques relatifs de mortalité toutes causes confondues chez les normotendus (fin d'essai, RR de 0,67, IC à 95 % : 0,40 à 1,12, 60 décès ; suivi le plus long, RR de 0,90, IC à 95 % : 0,58 à 1,40, 79 décès) et les hypertendus (fin d'essai, RR de 0,97, IC à 95 % : 0,83 à 1,13, 513 décès ; suivi le plus long, RR de 0,96, IC à 95 % ; 0,83 à 1,11, 565 décès) n'indiquaient aucune preuve solide d'un effet de la réduction du sel.La morbidité cardio-vasculaire chez les individus présentant une pression artérielle normale (suivi le plus long, RR de 0,71, IC à 95 % : 0,42 à 1,20, 200 événements) ou une pression artérielle élevée à l'inclusion (fin d'essai, RR de 0,84, IC à 95 % : 0,57 à 1,23, 93 événements) ne présentait pas non plus de preuve solide d'effet bénéfique.La restriction du sel augmentait le risque de mortalité toutes causes confondues chez les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque congestive (risque relatif de fin d'essai : 2,59, IC à 95 %, entre 1,04 et 6,44, 21 décès). Nous n'avons identifié aucune information concernant la qualité de vie liée à la santé des participants.