Problématique de la revue
Nous avons examiné les preuves concernant l'effet d'un vaccin contre l' Haemophilus influenzae (H. influenzae) non typable (vaccin HiNT) dans la prévention des infections à H. influenzae récidivantes chez les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou de bronchite chronique.
Contexte
Les personnes atteintes de BPCO peuvent avoir des infections fréquentes qui aggravent les symptômes de leur maladie pulmonaire et causent essoufflement accru, suppuration et décompensation de la saturation en oxygène (exacerbation aiguë). La bactérie qui est la cause la plus fréquente de ces infections est H. influenzae. Ces infections peuvent entraîner une hospitalisation et parfois la mort. Si elles pouvaient être évitées par un vaccin, les personnes atteintes de BPCO pourraient avoir de meilleurs résultats qu'avec la pratique actuelle de traitement des infections à mesure qu'elles surviennent.
Caractéristiques des études
Les preuves sont à jour à la date de juillet 2014. Nous avons identifié six études comptant 557 participants. Les études étaient des essais randomisés en insu contrôlés contre placebo, testant l'efficacité du vaccin contre HiNT dans la prévention des infections chez des personnes âgées de plus de 18 ans souffrant de BPCO ou de bronchite chronique. Dans les six essais, le groupe vaccin et le groupe placebo ont tous deux reçu au moins trois cures de comprimés à intervalles réguliers sur une période de 3 à 12 mois. Dans l'ensemble, les données démographiques initiales des participants des différentes études avaient des caractéristiques (alimentation, mode de vie et les conditions de vie, etc.) comparables à celles d'autres pays à haut revenu. L'âge des patients était compris entre 40 et 80 ans. Les études ont compté le nombre d'infections subies par les participants, les niveaux d'infection bactérienne des voies respiratoires, les décès, les effets secondaires, les hospitalisations ou les traitements antibiotiques.
Principaux résultats
Le vaccin contre HiNT n'a pas d'impact significatif sur la réduction du nombre d'infections affectant les patients souffrant de BPCO. Il n'y a pas eu de différence significative dans le taux de mortalité entre les groupes vaccin et placebo et les décès rapportés dans le groupe vacciné n'ont pas été attribués au vaccin.
Les taux d' H. influenzae présents dans les voies respiratoires des participants n'était pas significativement différent entre les groupes vaccin et placebo. En raison des différences de mesure entre les essais, nous n'avons pas été en mesure de comparer les études les unes par rapport aux autres.
Les antibiotiques, qui peuvent être un indicateur d'infection sévère, ont été prescrits significativement plus souvent dans le groupe placebo. Les preuves liées aux hospitalisations ont montré qu'il n'y avait aucune différence dans la probabilité d'être hospitalisé entre le groupe vaccin et le groupe placebo. Deux essais portant sur la qualité de vie ont constaté que les participants vaccinés avaient généralement une meilleure qualité de vie, mais ces résultats ont été mesurés différemment et n'ont donc pas pu être comparés.
Les effets indésirables n'ont pas été rapportés ni clairement définis dans les essais. Cinq essais ont rapporté des effets indésirables, mais il n'y avait aucune association particulière soit avec le vaccin, soit avec le placebo. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour définir les effets indésirables comme mesures de résultats en vue d'analyses plus définitives des effets secondaires du vaccin.
Qualité des preuves
Les études ont été bien menées, avec un risque modéré de biais. La principale limite de cette revue était le manque de cohérence en ce qui concerne les définitions et les mesures des résultats entre les différentes études, qui ont affecté la synthèse globale et l'interprétation des résultats. Un moins grand nombre de participants peut avoir pour effet que les résultats sont plus susceptibles d'être affectés par le hasard. Un essai comptait plus de participants que les cinq autres combinés et il a contribué davantage à l'analyse finale. Il y a eu une hétérogénéité modérée (les études montrent des résultats très différents) lorsque cette étude a été incluse dans l'analyse, en particulier dans le nombre d'infections. Cependant, les résultats sont cohérents et ne changent pas si cette étude est retirée de l'analyse.
Conclusion
Après examen des études pertinentes, nous avons conclu que le vaccin contre H. influenzae pris par voie orale ne réduisait pas significativement le nombre ni la gravité des exacerbations aiguës chez les patients atteints de bronchite chronique et de BPCO.
Les analyses démontrent que la vaccination orale contre HiNT des patients présentant des exacerbations récurrentes de bronchite chronique ou de BPCO n'a pas permis une réduction significative du nombre et de la gravité des crises. Les preuves sont mitigées et les différents essais qui montrent un bénéfice significatif du vaccin sont de trop petite taille pour que l'on puisse conseiller l'utilisation généralisée de la vaccination orale chez les personnes atteintes de BPCO.
La bronchite chronique et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) sont des maladies graves, dans lesquelles les patients sont prédisposés aux infections virales et bactériennes qui causent des exacerbations aiguës potentiellement mortelles. La BPCO est définie comme étant une maladie pulmonaire caractérisée par une obstruction du flux d'air pulmonaire qui fait obstacle à la respiration normale. L'antibiothérapie n'est pas particulièrement utiles pour éradiquer les bactéries telles que l' Haemophilus influenzae non typable (HiNT) parce qu'elles font partie de la flore naturelle des voies respiratoires supérieures chez de nombreuses personnes. Elles peuvent cependant causer des infections opportunistes. Un vaccin oral contre HiNT a été développé pour protéger contre les exacerbations aiguës infectieuses récurrentes dans la bronchite chronique.
Évaluer l'efficacité d'un vaccin oral à cellules entières contre l' H. influenzae non typable (HiNT) en vue de la protection contre les épisodes récurrents d'exacerbations aiguës de bronchite chronique et de BPCO chez l'adulte. Évaluer l'efficacité du vaccin contre HiNT pour la réduction de la colonisation de l'appareil respiratoire par HiNT au cours des épisodes récurrents d'exacerbations aiguës de la BPCO.
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes : CENTRAL (2014, numéro 6), MEDLINE (de 1946 à la 3ème semaine de juillet 2014), EMBASE (de 1974 à juillet 2014), CINAHL (de 1981 à juillet 2014), LILACS (de 1982 à juillet 2014) et Web of Science (de 1955 à juillet 2014). Nous avons également effectué des recherches dans des registres d'essais et contacté les auteurs des essais afin d'obtenir des données non publiées.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés comparant les effets d'un vaccin oral monobactérien contre HiNT chez l'adulte présentant des exacerbations aiguës de bronchite chronique ou de BPCO lorsqu'il y avait une mise en correspondance ouverte des groupes vaccin et placebo sur des raisons cliniques. Les critères de sélection prenaient en considération les populations âgés de moins de 65 ans et de plus de 65 ans.
Deux auteurs ont évalué indépendamment la qualité des essais et extrait des dossiers et publications d'origine les données d'incidence et de gravité des épisodes de bronchite et le taux de portage de HiNT mesuré dans les voies respiratoires supérieures, ainsi que les données pertinentes concernant d'autres critères d'évaluation principaux et secondaires.
Nous avons identifié 6 essais contrôlés randomisés, avec un total de 557 participants. Ces études évaluaient l'efficacité de préparations gastro-résistantes de vaccin tué contre H. influenzae dans les populations prédisposées à des exacerbations aiguës récurrentes de bronchite chronique ou de BPCO. La préparation de vaccin et le régime de vaccination comprenaient, dans tous les essais, trois cures de comprimés gastro-résistants d' H. influenzae tué en prises espacées (par exemple J 0, J 28 et J 56). Chaque cure était généralement composée de deux comprimés pris après le petit déjeuner pendant trois jours consécutifs. Dans tous les cas, les groupes placebo ont pris des comprimés gastro-résistants contenant du glucose. Le risque de biais était modéré dans les études, en raison notamment de l'insuffisance des informations fournies sur les méthodes et de la présentation inadéquate des résultats.
Une méta-analyse de la vaccination orale contre HiNT montre une petite diminution, statistiquement non significative, de l'incidence des exacerbations aiguës de bronchite chronique ou de BPCO, de 2,048 % (risque relatif (RR) 0,97, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,84 à 1,12, P = 0,68). Il n'y a pas eu de différence significative dans le taux de mortalité entre les groupes vaccin et placebo (rapport des cotes (RC) 1,62, IC à 95 % de 0,63 à 4,12, P = 0,31).
Nous n'avons pas pu réaliser une méta-analyse du taux de portage d'HiNT chez les participants car chaque essai rapportait ce paramètre en utilisant différentes unités et différents outils de mesure. Quatre essais n'ont montré aucune différence significative dans les taux de portage, tandis que deux autres montraient une diminution significative du taux de portage dans le groupe vacciné par rapport au groupe placebo.
Quatre essais ont évalué la gravité des exacerbations en la mesurant à l'aide du besoin d'antibiotiques. Trois de ces essais étaient comparables et la méta-analyse a montré une augmentation statistiquement significative de 80 % dans les cures d'antibiotiques par personne dans le groupe placebo (RR 1,81, IC à 95 % de 1,35 à 2,44, P <0,0001). Il n'y a pas eu de différence significative dans le taux d'hospitalisation entre les groupes vaccin et placebo (rapport des cotes (RC) 1,62, IC à 95 % de 0,63 à 4,12, P = 0,31). Les événements indésirables ont été rapportés dans les six essais, avec une estimation ponctuelle qui suggère qu'ils sont survenus plus fréquemment dans le groupe vaccin, mais ce résultat n'est pas statistiquement significatif (RR 1,43, IC à 95 % de 0,70 à 2,92, P = 0,87). La qualité de vie n'était pas incluse dans la méta-analyse mais elle a été rapportée dans deux essais, avec des résultats à six mois montrant une amélioration de la qualité de vie dans le groupe vacciné (au moins deux points de score de mieux que le groupe placebo).
Traduction réalisée par Cochrane France