Problématique de la revue
Nous voulions savoir si les corticostéroïdes par voie nasale (stéroïdes appliqués dans le nez) sont efficaces pour le traitement de la rhinite qui n’est pas d’origine allergique.
Contexte
La rhinite non allergique est une maladie chronique du nez, qui n'est pas causée par une infection ou une allergie. Les personnes atteintes de rhinite non allergique présentent des symptômes qui affectent leur qualité de vie, comme l'obstruction nasale, le nez qui coule et les éternuements. Les patients souffrant de rhinite non allergique peuvent être divisés en différents sous-groupes qui ont des causes sous-jacentes différentes pour leur maladie. Les causes sous-jacentes de la rhinite non allergique ne sont pas entièrement comprises, donc le traitement est souvent infructueux chez ces patients.
Les corticostéroïdes topiques (intranasaux) sont utilisés dans le but de réduire l'inflammation. Ils sont les médicaments les plus couramment prescrits pour d'autres maladies chroniques du nez et des sinus, comme la rhinite allergique et la rhinosinusite chronique. Le traitement par corticostéroïdes intranasaux peut être administré sous forme de vaporisateurs ou de gouttes et pour différentes périodes de temps.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons inclus 34 essais cliniques contrôlés randomisés (ECR) avec un total de 4 452 participants dans cette revue. La plupart des études étaient relativement petites, bien que la plus grande étude ait compté 983 patients au total. Tous les patients étaient des adultes ou des adolescents (âgés de 12 à 18 ans) atteints de rhinite non allergique. Les études ont porté sur une gamme de types, de doses et de méthodes d'administration (p. ex. pulvérisation, gouttes) de corticostéroïdes intranasaux. Neuf études étaient parrainées par l'industrie pharmaceutique ou avaient des commanditaires commerciaux. Une étude a été financée par le gouvernement. Dans plusieurs études, l'industrie pharmaceutique ou le promoteur commercial pourrait avoir fourni des médicaments, mais le rôle du financement n'était pas clair. Le financement n'a pas été rapporté dans huit études.
Principaux résultats
Corticostéroïdes intranasaux comparés au placebo
Chez les patients atteints de rhinite non allergique Il n'est pas certain que les corticostéroïdes intranasaux réduisent la gravité de la maladie déclarée par le patient par rapport au placebo, sur une période de mesure allant jusqu’à trois mois. Ils pourraient améliorer la gravité de la maladie déclarée par le patient par rapport au placebo jusqu'à quatre semaines après administration, mais ces données probantes sont de faible certitude. Le traitement par corticostéroïdes intranasaux augmente probablement le risque d'épistaxis (saignement de nez), mais il n'y a pas de différence dans les risques pour d’autres effets indésirables. Il n'est pas possible de déterminer à partir de cette revue s'il existe une différence entre les différentes concentrations, méthodes d'administration ou plans de traitement des corticostéroïdes intranasaux. Il n'existe pas d'études de bonne qualité évaluant les changements dans la qualité de vie avec les corticostéroïdes intranasaux.
Corticostéroïdes intranasaux comparés à d'autres traitements
Il n'y a pas assez de données probantes pour savoir si le traitement par corticostéroïdes intranasaux est meilleur, pire ou équivalent à l'utilisation d'autres stratégies de traitement comme l'irrigation nasale avec une solution saline, les antihistaminiques intranasaux, la capsaïcine ou le bromure d'ipratropium dans les rhinites non allergiques.
Certitude des données probantes
Dans l'ensemble, les données probantes sur les corticostéroïdes intranasaux par rapport au placebo pour la plupart des critères de jugement étaient soit de faible certitude (notre confiance dans l'estimation de l'effet est faible) ou de très faible certitude (notre confiance dans l'estimation de l'effet est très faible). Cela s'explique par le fait que la plupart des études étaient de très petite taille et utilisaient des méthodes différentes pour mesurer le même critère de jugement. Les données probantes sont à jour jusqu'en juillet 2019.
Dans l'ensemble, la certitude des données probantes pour la plupart des critères de jugement de cette revue était faible ou très faible. Chez les patients atteints de rhinite non allergique, il n'est pas clair si les corticostéroïdes intranasaux réduisent la gravité de la maladie déclarée par le patient par rapport au placebo, pour des résultats mesurés jusqu’à trois mois. Cependant, les corticostéroïdes intranasaux présentent probablement un risque plus élevé pour un effet indésirable, l’épistaxis. Il existe très peu d'études comparant les corticostéroïdes intranasaux à d'autres modalités de traitement et il est donc difficile de tirer des conclusions.
La rhinite non allergique est définie comme un dysfonctionnement et une inflammation non infectieuse de la muqueuse nasale causée par des agents autres que des allergènes ou des microbes. Elle est fréquente, avec une prévalence estimée de l'ordre de 10 à 20 %. Les patients présentent des symptômes d'obstruction nasale, de rhinorrhée antérieure, d'écoulement post-nasal et d'éternuement. Plusieurs sous-groupes de rhinite non allergique peuvent être distingués, en fonction du déclencheur responsable des symptômes : métier, fumée de cigarette, hormones, médicaments, alimentation et âge. Au niveau moléculaire cellulaire, différents mécanismes de la maladie peuvent également être identifiés. Les personnes atteintes de rhinite non allergique n'ont souvent pas accès à un traitement efficace en raison d'une mauvaise compréhension et d'un manque de reconnaissance du mécanisme sous-jacent de la maladie. Les corticostéroïdes intranasaux sont l'un des types de médicaments les plus couramment prescrits aux patients présentant des symptômes de rhinite ou de rhinosinusite, y compris ceux présentant une rhinite non allergique. Cependant, il n'est pas clair si les corticostéroïdes intranasaux sont vraiment efficaces chez ces patients.
Évaluer les effets des corticostéroïdes intranasaux dans le traitement de la rhinite non allergique.
Le spécialiste de l'information ORL de Cochrane a fait des recherches dans le Registre ORL de Cochrane, le Registre central des essais contrôlés de Cochrane (CENTRAL 2019, numéro 7), PubMed, Ovid Embase, CINAHL, Web of Science, ClinicalTrials.gov, l’ICTRP de l’OMS et d’autres sources pour les essais publiés et non publiés. La date de la recherche était le 1er juillet 2019.
Essais contrôlés randomisés (ECR) comparant des corticostéroïdes intranasaux, administrés par tout moyen et pour tout volume, avec (a) placebo/absence d’intervention ou (b) d'autres traitements actifs chez les adultes et les enfants (≥ 12 ans).
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standards définies par Cochrane. Les critères de jugement principaux ont été la gravité de la maladie signalée par les patients et l'apparition d'un
effet indésirable important, l’épistaxis. Les critères de jugement secondaires (propre à la maladie) étaient la qualité de vie liée à la santé, des mesures objectives du débit d'air et d'autres effets indésirables. Nous avons utilisé GRADE pour évaluer le niveau de certitude des données probantes pour chaque critère de jugement.
Nous avons inclus 34 études (4 452 participants) ; cependant, seulement 13 études ont fourni des données pour notre principale comparaison, les corticostéroïdes intranasaux contre placebo. Les participants étaient principalement des patients présentant des symptômes de rhinite apériodique et des tests d'allergie négatifs. Aucune distinction n'a pu être faite entre les différents phénotypes et endotypes, bien que quelques études n'aient inclus qu'un phénotype spécifique comme la rhinite de grossesse, la rhinite vasomotrice, la rhinite médicamenteuse ou la rhinite sénile. La plupart des études ont été menées dans un établissement de soins de santé secondaire ou tertiaire. Aucune des études n’a rapporté des critères de jugement au-delà de trois mois de suivi. La dose de corticostéroïdes intranasaux dans la revue variait de 50 µg à 2 000 µg par jour.
Corticostéroïdes intranasaux par rapport au placebo
Treize études (2 045 participants) ont fourni des données pour cette comparaison. Ces études ont utilisé différents systèmes de cotation pour la gravité de la maladie déclarée par les patients, de sorte que nous avons regroupé les données de chaque analyse à l'aide de la différence moyenne standardisée (DMS). Jusqu’à quatre semaines, le traitement par corticostéroïdes intranasaux pourrait améliorer la gravité de la maladie déclarée par le patient, mesurée par le score total des symptômes nasaux, par rapport au placebo (DMS -0,74, intervalle de confiance à 95 % (IC) de -1,15 à -0,33 ; 4 études ; 131 participants ; I2 = 22 %) (données probantes de faible certitude). Cependant, entre quatre semaines et trois mois, les données probantes sont très incertaines (DMS -0,24, IC à 95 % -0,67 à 0,20 ; 3 études ; 85 participants ; I2 = 0 %) (données probantes de très faible certitude). Jusqu’à quatre semaines, le traitement par corticostéroïdes intranasaux, par rapport au placebo, pourrait légèrement améliorer la gravité de la maladie déclarée par le patient, mesurée par l'évolution du score total des symptômes nasaux par rapport à la valeur initiale (DMS -0,15, IC à 95 % -0,25 à -0,05 ; 4 études ; 1465 participants ; I2 = 35 %) (données probantes de faible certitude).
Les quatre études évaluant le risque d'épistaxis ont montré qu'il y avait probablement un risque plus élevé dans le groupe des corticostéroïdes intranasaux (65 pour 1 000) que dans le groupe placebo (31 pour 1 000) (rapport de risque (RR) 2,10, IC à 95 % 1,24 à 3,57 ; 4 études ; 1 174 participants ; I2 = 0 %) (données probantes de certitude modérée). La différence des risques (DR) était de 0,04 avec un nombre de sujets à traiter pour un résultat nocif additionnel (NSTN) de 25 (IC à 95 % : 16,7 à 100).
Une seule étude a fourni des données numériques sur la qualité de vie. Elle a signalé un score de qualité de vie plus élevé dans le groupe des corticostéroïdes intranasaux (152,3 contre 145,6 ; SF-12v2 de 0 à 800) ; cependant, ce résultat a disparu lors du suivi à long terme (148,4 contre 145,6) (données probantes de faible certitude).
Seules deux études ont fourni des données pour le critère de jugement mesurant de manière objective le débit d'air. Ces données n'ont pas pu être regroupées parce qu'elles utilisaient différentes méthodes de mesure des résultats. Il n'a pas été constaté de différence significative entre les corticostéroïdes intranasaux et le groupe placebo (rhinomanométrie MDMS -0,46, IC à 95 % -1,06 à 0,14 ; 44 participants ; débit expiratoire de pointe DMS 0,78, IC à 95 % -0,47 à 2,03 ; 11 participants) (données probantes de très faible certitude).
Les corticostéroïdes intranasaux ont probablement entraîné peu ou pas de différence dans le risque d'autres effets indésirables par rapport au placebo (RR 0,99, IC à 95 % : 0,87 à 1,12 ; 3 études ; 1 130 participants ; I2 = 0 %) (données probantes de certitude modérée).
Corticostéroïdes intranasaux par rapport à d'autres traitements
Seulement une ou quelques études ont évalué chacune des autres comparaisons (corticostéroïdes intranasaux par rapport à l'irrigation nasale avec une solution saline, aux antihistaminiques intranasaux, à la capsaïcine, au cromoglycate de sodium, au bromure d'ipratropium, aux corticostéroïdes intranasaux combinés avec des antihistaminiques intranasaux, aux corticostéroïdes intranasaux avec une solution saline en aérosol par rapport à une solution saline en aérosol seule). Il n'est donc pas certain qu'il existe des différences entre les corticostéroïdes intranasaux et les autres traitements actifs pour l'un ou l'autre des critères de jugement rapportés.
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