Contexte
Plusieurs recommandations de politique ont pour l'objectif de permettre aux toxicomanes d'avoir une vie saine sans délinquance. Les délinquants toxicomanes souffrant de troubles mentaux concomitants représentent un groupe qui accède au traitement pour une variété de raisons différentes. La complexité des deux problèmes rend le traitement et la réhabilitation de ce groupe particulièrement difficile.
Caractéristiques de l'étude
Les auteurs de la revue ont effectué des recherches dans des bases de données scientifiques et dans les ressources Internet pour identifier des essais contrôlés randomisés (dans lesquels les participants sont assignés au hasard à un groupe de traitement parmi deux ou plusieurs) sur des interventions visant à réduire, à éliminer, ou à prévenir la rechute ou l'activité criminelle chez des délinquants toxicomanes souffrant parallèlement de troubles mentaux. Nous avons inclus les personnes de tout âge, de tout sexe ou de toute origine ethnique.
Principaux résultats
Nous avons identifié huit essais évaluant des traitements pour les délinquants toxicomanes souffrant de troubles mentaux. Les interventions comprenaient la gestion des cas par un tribunal de la santé mentale ; une communauté thérapeutique ; une évaluation des techniques d'entretien motivationnel et des compétences cognitives (capacité de pensée d'une personne) par rapport à un entraînement de relaxation ; et une évaluation de la psychothérapie interpersonnelle par rapport à une intervention psycho-éducative. Dans l'ensemble, les interventions ont fait état de succès limités en termes de réduction de la consommation de drogues déclarée, ainsi que de certains succès dans la réduction des taux de réincarcération, mais non de ré-arrestation. Les études portant sur les communautés thérapeutiques ont signalé une réduction des réincarcérations, mais se sont avérées moins efficaces pour la ré-arrestation et la consommation de drogues déclarée. Trois études uniques évaluant la gestion des cas par un tribunal de la santé mentale et de la drogue, l'entretien motivationnel et les compétences cognitives, ainsi que la psychothérapie interpersonnelle, n'ont pas fait état de réductions significatives ni dans l'activité criminelle, ni dans la consommation de drogues déclarée. Les informations fournies sur les coûts et le rapport coût-efficacité de ces interventions sont limitées, et il est nécessaire de les évaluer dans des essais portant spécifiquement sur les besoins des délinquants toxicomanes atteints de troubles mentaux concomitants.
Qualité des preuves
Cette revue était limitée par le manque d'informations rapportées dans ce groupe d'essais. La qualité des preuves était modérée pour les communautés thérapeutiques et allait de faible à très faible pour les autres types d'intervention. Les preuves sont à jour en mai 2014.
Deux des cinq essais ont mis en évidence des résultats prometteurs pour le recours aux communautés thérapeutiques et l'assistance aux anciens détenus, mais seulement en termes de réduction des réincarcérations subséquentes. Dans l'ensemble, les études avaient un degré élevé de variation, qui justifie une certaine prudence dans l'interprétation de l'ampleur de l'effet et de la direction du bénéfice pour les résultats thérapeutiques. Davantage d'évaluations sont nécessaires pour déterminer l'efficacité des interventions destinées aux délinquants toxicomanes souffrant parallèlement de troubles mentaux.
Ceci est une version mise à jour de la revue Cochrane originale publiée dans le numéro 3 de 2006 (Perry 2006). Celle-ci fait partie d'un groupe de quatre revues systématiques portant sur des interventions destinées aux délinquants toxicomanes. Cette revue porte spécifiquement sur des interventions visant à réduire la consommation de drogues ou l'activité criminelle, ou les deux, chez les délinquants toxicomanes souffrant parallèlement de troubles mentaux.
Évaluer l'efficacité des interventions destinées aux délinquants toxicomanes souffrant parallèlement de troubles mentaux dans la réduction de l'activité criminelle ou de la consommation de drogues, ou les deux.
Nous avons effectué des recherches dans 14 bases de données bibliographiques électroniques jusqu'à mai 2014 et dans cinq ressources Internet (interrogées entre 2004 et le 11 novembre 2009). Nous avons contacté des experts de ce domaine pour obtenir des informations supplémentaires.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés visant à réduire, éliminer ou prévenir la rechute de la toxicomanie et l'activité criminelle, ou les deux, chez des délinquants toxicomanes souffrant parallèlement de troubles mentaux. Nous avons également rapporté des données sur le coût et le rapport coût-efficacité des interventions.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard prévues par la Collaboration Cochrane.
Huit essais avec 2 058 participants répondaient aux critères d'inclusion. La qualité méthodologique des essais était généralement difficile à noter en raison d'un manque de consignation claire. Sur la plupart des éléments de « risque de biais », nous avons évalué la majorité des études comme étant imprécises. Dans l'ensemble, nous n'avons pas pu combiner statistiquement les résultats en raison de la nature hétérogène des différentes interventions et des groupes de comparaison dans les études. Un résumé narratif des résultats indique que les interventions rapportaient des succès limités en termes de réduction de la consommation de drogues déclarée, et qu'elles avaient un certain impact sur les taux de réincarcération mais non de ré-arrestation. Les comparaisons simples ont mis en évidence des preuves de qualité modérée indiquant que les communautés thérapeutiques entrainaient une réduction des réincarcérations, mais rapportaient moins de succès pour les critères de ré-arrestation (preuves de qualité modérée) et la consommation de drogues déclarée. Trois études uniques évaluant la gestion des cas par un tribunal de la santé mentale et de la drogue (preuves de très faible qualité), l'entretien motivationnel et les aptitudes cognitives (preuves de qualité faible et très faible) et la psychothérapie interpersonnelle (preuves de très faible qualité) n'ont pas signalé de réductions significatives dans l'activité criminelle ou la consommation de drogues déclarée. Les preuves à l'appui de ces trois types d'interventions étaient de qualité faible à très faible. Les essais ont rapporté quelques informations sur le coût, mais celles-ci étaient insuffisantes pour évaluer le rapport coût-efficacité des interventions.
Traduction réalisée par Cochrane France