Quel est l'objectif de cette revue ?
L’objectif de cette revue Cochrane était de déterminer si la smectite (ou la diosmectite), une argile médicinale souvent prescrite aux personnes qui ont la diarrhée afin de réduire leur production de selles, aide les enfants atteints de diarrhée aiguë. Nous avons rassemblé et analysé toutes les études pertinentes afin de répondre à cette question et nous avons trouvé 18 études pertinentes.
Messages clés
Donner de la smectite aux enfants atteints de diarrhée aiguë pourrait réduire sa durée. Toutefois, des études supplémentaires de haute qualité restent nécessaires, notamment des études évaluant différentes causes de diarrhée et l’incidence économique de ce traitement.
Quel est le sujet de la revue ?
La diarrhée aiguë est l’une des maladies les plus fréquentes chez l’enfant. Elle est généralement causée par une infection virale. Le principal objectif du traitement est de maintenir un bon niveau d’hydratation. Ceci est accompli à l’aide de solutions de réhydratation orale, et peu d’enfants ont besoin d’être hospitalisés ou nécessitent une réhydratation par voie intraveineuse. Pourtant, même avec une bonne hydratation, les selles molles sont un fardeau à la fois pour les parents et pour les patients.
La smectite pourrait aider en réduisant l’inflammation dans les intestins, en agissant comme une barrière afin de réduire la pénétration des toxines, ou en augmentant l’absorption d’eau.
Quels sont les principaux résultats ?
Nous avons trouvé 18 études pertinentes portant sur 2616 enfants, qui ont été menées à la fois dans des pays à haut revenu et des pays à revenu faible ou intermédiaire. Ces études ont comparé des enfants recevant de la smectite à des enfants recevant des soins de routine ou un placebo (un comprimé ou un liquide qui ne contient pas de médicament). Huit études avaient été financées par le fabricant.
La smectite pourrait réduire la durée de la diarrhée d’un jour (preuves d’un faible niveau de certitude), pourrait augmenter le nombre d’enfants guéris au 3e jour (preuves d’un faible niveau de certitude), et pourrait légèrement réduire la quantité de selles molles (preuves d’un faible niveau de certitude).
Nous ne savons pas si la smectite a un effet sur le nombre de selles des enfants (preuves d’un très faible niveau de certitude). Elle pourrait ne pas avoir d’effet sur le nombre d’enfants qui ont besoin d’être hospitalisés (preuves d’un faible niveau de certitude), et elle n’a probablement aucun effet sur le nombre d’enfants qui nécessitent une réhydratation par voie intraveineuse (preuves d’un niveau de certitude modéré).
Nous n’avons trouvé aucun signalement d’effets indésirables graves. Des effets indésirables mineurs incluaient la constipation, les vomissements et un mauvais goût dans la bouche, mais ceux-ci ne différaient pas entre les groupes.
Cette revue est-elle à jour ?
Nous avons cherché des études publiées jusqu'au 27 juin 2017.
Sur la base de preuves d’un faible niveau de certitude, la smectite utilisée comme adjuvant au traitement de réhydratation pourrait réduire d’un jour la durée de la diarrhée chez les enfants atteints de diarrhée infectieuse aiguë ; elle pourrait augmenter le taux de guérison au 3e jour ; et elle pourrait réduire la production de selles, mais elle n’a aucun effet sur le taux d’hospitalisation ou la nécessité d’un traitement par voie intraveineuse.
Comme la mortalité résultant de la diarrhée infectieuse aiguë a diminué à l’échelle mondiale, l’intérêt se porte sur les traitements adjuvants pour diminuer la morbidité de la maladie. La smectite, une argile médicinale, pourrait servir d’intervention complémentaire pour réduire la durée de la diarrhée.
Évaluer les effets de la smectite pour le traitement de la diarrhée infectieuse aiguë chez les enfants.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les maladies infectieuses, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE (Pubmed), Embase (Ovid), LILACS, les listes bibliographiques des études et des précédentes revues et les résumés de conférences, jusqu'au 27 juin 2017.
Les essais randomisés et quasi-randomisés comparant la smectite à un groupe témoin chez des enfants âgés d’un mois à 18 ans atteints d’une diarrhée infectieuse aiguë.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment passé au crible les résumés et les textes complets pour l’inclusion, extrait les données et évalué le risque de biais. Nos critères d’évaluation principaux étaient la durée de la diarrhée et la résolution clinique au 3e jour. Nous avons résumé les résultats continus en utilisant les différences moyennes (DM) et les résultats dichotomiques en utilisant le risques relatif (RR), avec un intervalle de confiance (IC) à 95 %. Lorsque cela était approprié, nous avons regroupé les données dans des méta-analyses et évalué l’hétérogénéité. Nous avons étudié le biais de publication à l’aide d’un graphique en entonnoir.
Dix-huit essais portant sur 2616 enfants répondaient à nos critères d'inclusion. Les études étaient menées aussi bien dans le contexte ambulatoire qu’hospitalier, et à la fois dans des pays à haut revenu et des pays à revenu faible ou intermédiaire. La plupart des études incluaient des enfants atteints d’infections à rotavirus, et la moitié incluait des enfants allaités.
La smectite pourrait réduire la durée de la diarrhée d’environ un jour (DM -24,38 heures ; IC à 95 % -30,91 à -17,85 ; 14 études ; 2209 enfants ; preuves de faible niveau de certitude) ; elle pourrait augmenter la résolution clinique au 3e jour (RR 2,10 ; IC à 95 % 1,30 à 3,39 ; 5 essais ; 312 enfants, preuves d’un faible niveau de certitude) ; et elle pourrait réduire la production de selles (DM -11,37 ; IC à 95 % -21,94 à -0,79 ; 3 études ; 634 enfants ; preuves d’un faible niveau de certitude).
Nous ne savons pas si la smectite réduit la fréquence des selles, mesurée en nombre de dépôts par jour (DM -1,33 ; , IC à 95 % -2,28 à -0,38 ; 3 études ; 954 enfants ; preuves d’un très faible niveau de certitude). Il n’y avait aucune preuve d’un effet sur la nécessité de l’hospitalisation (RR 0,93, IC à 95 % 0,75 à 1,15 ; 2 études ; 885 enfants ; preuve faible-certitude) et la nécessité d’une réhydratation par voie intraveineuse (RR 0,77, IC à 95 % 0,54 à 1,11 ; 1 étude ; 81 enfants ; preuves d’un niveau modéré de certitude). L’effet secondaire le plus fréquemment signalé était la constipation, qui ne différait pas entre les groupes (RR 4,71 ; IC à 95 % 0,56 à 39,19 ; 2 études ; 128 enfants ; preuves d’un faible niveau de certitude). Aucun décès ou effet indésirable grave n’a été signalé.
Traduction réalisée par Sophie Fleurdépine et révisée par Cochrane France