Contexte
Les enfants qui réussissent à l’école sont entourés de figures parentales qui s’intéressent à leur apprentissage et qui les encouragent à lire, à résoudre des problèmes et à faire de leur mieux. Les figures parentales qui vivent dans des communautés solidaires ont souvent plus de facilité à assurer ce genre de responsabilités parentales que ceux qui sont plus isolés. Families and Schools Together (FAST, ou « Les familles et les écoles ensemble ») est un programme destiné à aider les parents à assister leurs enfants dans leur réussite scolaire. Il a pour but de faire face aux problèmes qui empêchent les parents d’apporter à leurs enfants le soutien dont ils ont besoin en améliorant les relations entre les familles et les écoles, en optimisant le soutien aux familles et en s’attaquant aux problèmes tels que la pauvreté, les troubles mentaux et l’abus de substances. Cinq versions différentes de FAST ont été développées pour les familles d’enfants d’âges différents.
Problématique de la revue
Le programme Families and Schools Together (FAST) améliore-t-il la situation des enfants et de leur famille ?
Caractéristiques des études
Nous avons trouvé 10 études contrôlées randomisées (études dans lesquelles une procédure similaire à un tirage au sort était utilisée pour décider si les écoles mettaient en place le programme FAST ou continuaient normalement), avec un total de plus de 9000 enfants et leurs familles.
Neuf de ces études ont été réalisées aux Etats-Unis et ont été financées par des agences du gouvernement fédéral américain. Une étude a été réalisée au Royaume-Uni. Les enfants étaient âgés de cinq à neuf ans, et la plupart de ceux aux Etats-Unis faisaient partie d’une minorité raciale ou ethnique. Les garçons et les filles étaient représentés approximativement à parts égales. Dans la plupart des études, le programme FAST était dispensé dans les écoles des enfants après les cours, bien que, dans certaines des études, le programme ait été dispensé en dehors de l’école (dans un centre communautaire par exemple). Les essais ont duré environ huit semaines et ont généralement évalué les effets de FAST en comparaison avec l’absence d’intervention supplémentaire. Les preuves sont en date du mois de décembre 2018.
Résultats
Une méta-analyse est une méthode statistique de combinaison de données tirées de plusieurs études afin de parvenir à une conclusion unique et plus rigoureuse. Nous avons pu utiliser des données tirées de neuf études pour une méta-analyse mesurant l’impact de FAST pour les enfants âgés de cinq à huit ans. Bien que les études individuelles aient apporté des constatations positives, peu d’éléments ont suggéré qu’être impliqué dans un programme FAST entraîne d’importantes améliorations en termes de nos critères d’évaluation principaux, à savoir les performances scolaires des enfants, les abus de substances des parents ou le stress parental. Aucune étude n’a mesuré les effets néfastes sur les enfants. Par ailleurs, peu d’éléments ont suggéré que FAST mène à d’importantes améliorations quant au comportement des enfants ou aux relations familiales.
Qualité des études
Les données provenant des études retenues à l’appui de nos principaux critères de jugement ont été estimées comme étant d’un niveau de confiance modéré ou faible. Les principales limites de ces données étaient l’omission de certaines familles de l’analyse des résultats (attrition) et d’éventuels biais dans le recrutement des familles pour les essais.
Conclusions des auteurs
Les données probantes sur l’efficacité de l’implication dans le programme FAST sont d’un niveau de confiance faible à modéré et ne suggèrent pas que prendre part à FAST apporte un bénéfice important aux élèves et à leurs familles.
Étant donné ces résultats, il est difficile d’affirmer que suivre le programme FAST soit associé à des résultats positifs importants chez l’enfant et ses parents.
Les parents et figures parentales ont une influence majeure sur l’apprentissage et le développement des enfants depuis leur naissance, en passant par la scolarité et jusqu’à l’âge adulte. Les contributions parentales à l’éducation doivent contribuer à fournir un environnement sûr dans lequel les enfants peuvent apprendre, à les stimuler intellectuellement, à transmettre les normes sociales et des valeurs communes, à façonner la résilience de l’enfant à travers l’alphabétisation et la résolution de problèmes et à encourager les aspirations personnelles et sociales. Les éducateurs qualifiés reconnaissent de plus en plus le rôle primordial joué par les parents et autres figures parentales, la famille élargie, mais aussi par les enfants de leur âge et l’environnement dans l’éducation de l’enfant, sa santé et son expérience de la vie en général.
Évaluer l’efficacité du programme Families and Schools Together (FAST, « Les familles et les écoles ensemble ») pour améliorer la situation des enfants et de leurs familles.
D’octobre à décembre 2018, nous avons consulté 15 bases de données, dont CENTRAL, MEDLINE, Embase et PsychINFO, et trois registres d’essais. Nous avons étudié minutieusement les références bibliographiques des études retenues, ainsi que des rapports et revues concernés. Nous avons également contacté la fondatrice du programme et des chercheurs indépendants. Enfin, nous avons consulté les sites web pertinents afin d’identifier d’autres études répondant aux critères requis.
Nous avons inclus dans cette revue les essais contrôlés randomisés (ECR) et quasi-ECR comparant les effets de FAST sur les enfants (allant de nouveau-nés à des jeunes en fin de scolarité obligatoire) et les familles faisant partie du programme, avec ceux constatés chez les enfants et les familles sur liste d’attente, bénéficiant des services habituels ou d’autres aménagements, ou n’ayant pas fait l’objet d’une intervention.
La pertinence des rapports récupérés durant la recherche a été évaluée indépendamment par au moins deux auteurs de la revue. Un auteur (JV) a extrait les données d’études répondant aux critères en parallèle avec un autre auteur (AF, DK ou SL). Les auteurs de la revue ont travaillé en collaboration afin de résoudre d’éventuels désaccords. Un modèle à effets fixes a été utilisé pour la méta-analyse. Nous avons présenté les résultats sous forme de différences moyennes standardisées (DMS) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % car tous les critères étaient de nature continue. Nous avons utilisé l'approche GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes pour chaque critère de jugement.
Nous avons identifié 10 ECR complets, la plupart desquels étaient relativement récents (2007 ou ultérieur) et dans lesquels le développeur de l’intervention ou l’organisation FAST ont participé à un certain degré. Sur 10 essais, neuf se sont déroulés aux États-Unis et le dixième au Royaume-Uni. Les enfants étaient jeunes (de cinq à neuf ans pour un âge moyen d’environ six ans). C’est pourquoi, bien que cette dénomination n’apparaisse pas dans les rapports, les évaluations se rapprochaient de ce qu’on appelle occasionnellement « Kids FAST » (FAST Junior) ou « Elementary Level FAST » (FAST Primaire). Dans les études réalisées aux États-Unis, au moins 62 % des participants faisaient partie d’une minorité ethnique ou raciale, surtout afro-américaine et hispanique. Les séances de FAST avaient généralement lieu après les cours, dans les écoles. Les essais ont duré environ huit semaines et la plupart évaluaient les effets de FAST par rapport à l’absence d’intervention. La plupart des études ont été financées par des agences relevant du gouvernement fédéral des États-Unis. Nous avons jugé que le niveau de confiance des données probantes issues des études incluses allait de modéré à faible pour les critères de jugement principaux de la revue. Les principales limites de ces données étaient l’omission de certaines familles de l’analyse des résultats (attrition) et d’éventuels biais dans le recrutement des familles pour les essais.
Nous avons inclus plus de 9 000 enfants avec leurs familles dans au moins une méta-analyse. Les résultats suivants proviennent de méta-analyses de données mesurées après un suivi à long terme.
Principaux critères de jugement
Les résultats scolaires des enfants ont fait l’objet d’un suivi à long terme par quatre études, soit environ 6 276 enfants. La taille de l’effet était minime et les IC n’englobaient pas d’effets qui, s’ils étaient avérés, auraient suggéré un impact positif ou négatif potentiellement pertinent d’un point de vue individuel (DMS -0.02, IC à 95% -0.11 to 0.08). Selon notre analyse, le niveau de confiance de ces données probantes est modéré. Nous n’avons pas trouvé d’études évaluant les événements indésirables chez les enfants, ni l’usage de stupéfiants ou l’anxiété chez les parents.
Critères de jugement secondaires
Les rapports parentaux sur l’internalisation chez l’enfant (DMS -0,03, IC à 95% -0,11 à 0,17 ; 4 ECR, environ 908 enfants, niveau de confiance faible) et sur les relations familiales (DMS 0,08, IC à 95% -0,03 à 0,19; 4 ECR, environ 2 569 enfants ; niveau de confiance modéré) présentaient des IC ne comprenant pas d’effets qui, si avérés, suggéraient un impact positif ou négatif potentiellement pertinent.
En revanche, les IC relatifs aux rapports parentaux sur l’externalisation chez l’enfant comprenaient des effets qui, si avérés, étaient d’une ampleur suffisante pour être pertinents (DMS -0,19, IC à 95% -0,32 à -0,05 ; 4 ECR, environ 754 enfants ; niveau de confiance faible).
Traduction : Victoria BOYENGA BOFALA & Marie HOUDEBERT (M1 ESIT, Université Sorbonne Nouvelle)