Problématique de la revue
Nous avons examiné les données probantes concernant la pyloromyotomie ouverte par rapport à la pyloromyotomie laparoscopique chez les nourrissons ayant reçu un diagnostic de sténose hypertrophique du pylore infantile. Nous avons trouvé 7 études (rapportées dans 8 rapports).
Contexte
La sténose pylorique hypertrophique infantile est un rétrécissement de la zone de sortie de l'estomac (appelée pylore) chez les enfants âgés de moins d'un an. Cette affection se manifeste généralement entre l'âge de 3 et 10 semaines. Elle entraîne une altération du passage du contenu de l'estomac dans la première partie de l'intestin grêle (le duodénum). Les enfants pourraient avoir des vomissements importants, ce qui peut provoquer une déshydratation et perturber l'équilibre des électrolytes dans le corps.
Le rétrécissement peut être corrigé par une opération ; le chirurgien pratique une incision dans la fine couche de muscles de la sortie de l'estomac (pyloromyotomie). Nous avons inclus sept études (avec un total de 720 enfants) dans cette revue systématique qui compare la technique ouverte classique pour cette chirurgie avec une technique « laparoscopique » plus récente. Cette technique laparoscopique est moins invasive car le chirurgien évite une grande incision abdominale et utilise des instruments endoscopiques à la place.
Date des recherches
Nous avons inclus des données probantes jusqu'en février 2021.
Caractéristiques des études
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données médicales jusqu'en février 2021 et avons inclus sept études portant sur 720 participants atteints de sténose pylorique infantile. Tous les participants étaient des nourrissons âgés de 11 à 108 jours, et il y avait plus de garçons que de filles. Les sept études ont rapporté sur les taux de perforation de la muqueuse, quatre des sept essais cliniques randomisés (ECR) ont rapporté sur la pyloromyotomie incomplète. La durée du recrutement allait de 16 à 56 mois.
Sources de financement des études
Six des sept études incluses n'ont pas indiqué les sources de financement, un essai a reçu un financement caritatif.
Principaux résultats
La revue a montré que la pyloromyotomie laparoscopique pourrait entraîner une légère augmentation des taux de perforation de la muqueuse par rapport à l'approche ouverte. La laparoscopie pourrait également entraîner des taux plus élevés de pyloromyotomie incomplète. Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de l'approche laparoscopique sur les complications chirurgicales postopératoires, notamment l'infection du site opératoire et la hernie incisionnelle. De même, les données probantes d’un niveau de confiance très faible ne permettent pas de tirer une conclusion définitive sur l'effet de la pyloromyotomie ouverte par rapport à la pyloromyotomie laparoscopique sur la durée du séjour, le délai avant l'alimentation complète et le temps d'opération dans la sténose du pylore infantile.
Niveau de confiance des données probantes
Les sept études présentaient des faiblesses susceptibles d'affecter la fiabilité des résultats. Nous avons considéré que le niveau de confiance des données probantes pour tous les critères de jugement était de qualité faible ou très faible.
La pyloromyotomie laparoscopique pourrait entraîner une légère augmentation de la perforation de la muqueuse par rapport à la pyloromyotomie ouverte pour la sténose pylorique hypertrophique infantile. Il pourrait y avoir un risque accru de pyloromyotomie incomplète après une pyloromyotomie laparoscopique par rapport à une pyloromyotomie ouverte, mais l'estimation de l'effet est imprécise et inclut la possibilité d'une absence de différence. Nous ne connaissons pas l'effet de la pyloromyotomie laparoscopique par rapport à la pyloromyotomie ouverte sur la nécessité d'une réopération, les infections postopératoires de la plaie ou la formation d'un abcès, la formation d'un hématome ou d'un sérome postopératoire, la survenue d'une hernie incisionnelle, la durée du séjour postopératoire, le délai avant l'alimentation complète ou la durée de l'opération, car le niveau de confiance des données probantes était très faible pour ces critères de jugement. Nous avons abaissé le niveau de confiance des données probantes pour la plupart des critères de jugement en raison des limites du plan de l'étude (la plupart des critères de jugement étaient susceptibles de présenter un biais de détection) et de l'imprécision. Il existe peu de données probantes comparant la pyloromyotomie laparoscopique et la pyloromyotomie ouverte pour la sténose pylorique hypertrophique infantile. Les études incluses n'ont pas fourni suffisamment d'informations pour déterminer l'effet de la formation, de l'expérience ou des préférences du chirurgien sur les critères de jugement évalués.
La sténose pylorique hypertrophique infantile (SPHI) est une affection des jeunes enfants (âgés d'un an ou moins) qui peut être traitée par une myotomie longitudinale du pylore par voie laparoscopique ou ouverte. Depuis la première description en 1990, la pyloromyotomie laparoscopique est de plus en plus souvent pratiquée dans le monde entier.
Comparer l'efficacité et la tolérance de la pyloromyotomie ouverte par rapport à la pyloromyotomie laparoscopique pour la SPHI.
Nous avons effectué une recherche documentaire le 4 février 2021 pour identifier tous les essais contrôlés randomisés (ECR), sans aucune restriction de langue. Nous avons effectué nos recherches dans les bases de données électroniques suivantes : MEDLINE (1990 à février 2021), Embase (1990 à février 2021) et le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL). Nous avons également effectué des recherches sur Internet en utilisant le moteur de recherche Google(www.google.com) et Google Scholar(scholar.google.com) pour identifier la littérature grise non indexée dans les bases de données.
Nous avons inclus des ECR et des essais quasi randomisés comparant la pyloromyotomie laparoscopique et la pyloromyotomie ouverte pour la sténose hypertrophique du pylore.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment examiné les bibliographies et extrait les données des rapports d'essais. Lorsque les critères de jugement ou les détails de l'étude n'étaient pas rapportés, nous avons demandé les données manquantes aux auteurs correspondants des principaux ECR. Nous avons utilisé un modèle à effets aléatoires pour calculer le risque relatif (RR) (RR) pour les critères de jugement binaires, et les différences moyennes (DM) pour les critères de jugement continus. Deux auteurs de la revue ont évalué de manière indépendante les risques de biais. Nous avons utilisé GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes pour tous les critères de jugement.
La recherche dans la base de données électronique a donné lieu à un total de 434 enregistrements. Après déduplication, nous avons examiné 410 publications indépendantes, et avons finalement inclus sept ECR (rapportés dans 8 rapports) dans l'analyse quantitative. Les sept ECR inclus ont recruté 720 participants (357 avec pyloromyotomie ouverte et 363 avec pyloromyotomie laparoscopique). Une étude était un essai multi-pays, trois ont été réalisées aux Etats-Unis, et une étude a été réalisée en France, au Japon et au Bangladesh.
Les données probantes suggèrent que la pyloromyotomie laparoscopique pourrait entraîner une légère augmentation de la perforation de la muqueuse par rapport à la pyloromyotomie ouverte (RR 1,60, IC à 95 % 0,49 à 5,26 ; 7 études, 720 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). La pyloromyotomie laparoscopique pourrait entraîner jusqu'à 5 cas supplémentaires de perforation de la muqueuse pour 1 000 participants ; toutefois, l'intervalle de confiance va de 4 de moins à 44 de plus pour 1 000 participants.
Quatre ECR avec 502 participants ont rapporté une pyloromyotomie incomplète. Ils indiquent que la pyloromyotomie laparoscopique pourrait augmenter le risque de pyloromyotomie incomplète par rapport à la pyloromyotomie ouverte, mais l'intervalle de confiance croise la ligne d'absence d'effet (RR 7,37, IC à 95 % 0,92 à 59,11 ; 4 études, 502 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Dans les groupes pyloromyotomie laparoscopique, 6 cas de pyloromyotomie incomplète ont été signalés chez 247 participants, alors qu'aucun cas de pyloromyotomie incomplète n'a été signalé dans les groupes pyloromyotomie ouverte (chez 255 participants).
Toutes les études incluses (720 participants) rapportaient sur les infections de plaies postopératoires ou la formations d'abcès. Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de la pyloromyotomie laparoscopique sur l'infection de la plaie postopératoire ou la formation d'abcès par rapport à la pyloromyotomie ouverte (RR 0,59, IC à 95 % 0,24 à 1,45 ; 7 études, 720 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les données probantes sont également très incertaines quant à l'effet de la pyloromyotomie laparoscopique sur l'hernie incisionnelle postopératoire par rapport à la pyloromyotomie ouverte (RR 1,01, IC à 95 % 0,11 à 9,53 ; 4 études, 382 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).
La durée du séjour hospitalier a été évaluée par cinq ECR, incluant 562 participants. Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de la pyloromyotomie laparoscopique par rapport à la pyloromyotomie ouverte (différence moyenne -3,01 heures, IC à 95 % -8,39 à 2,37 heures ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Le temps jusqu'à l'alimentation complète a été évalué par six études, incluant 622 participants. Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de la pyloromyotomie laparoscopique sur le temps nécessaire à l'alimentation complète par rapport à la pyloromyotomie ouverte (différence moyenne -5,86 heures, IC à 95 % -15,95 à 4,24 heures ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les données probantes sont également très incertaines en ce qui concerne l'effet de la pyloromyotomie laparoscopique sur la durée de l'opération par rapport à la pyloromyotomie ouverte (différence moyenne de 0,53 minute, IC à 95 % de -3,53 à 4,59 minutes ; 6 études, 622 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).
Post-édition effectuée par Celine Delluc et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr