Objectif de la revue
L'objectif était de déterminer si l'instauration d'une thérapie antirétrovirale (TAR) dans la semaine suivant le diagnostic du VIH (TAR rapide) entraînait un risque moindre de décès ou une meilleure suppression du virus dans le sang que les soins standard, ainsi que d'étudier l'effet de cette intervention sur la prise en charge des patients après 12 mois.
Principaux messages
Proposer des TAR aux personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans la semaine suivant le diagnostic augmente probablement le nombre de personnes qui commencent le traitement à 12 mois et le nombre de PVVIH dont le virus a été éliminé du sang à 12 mois. Elle peut également améliorer le nombre de personnes qui sont encore en contact avec les services de santé à 12 mois. Nous ne connaissons pas l'effet que cela a sur les décès. Nous avons constaté que plusieurs autres changements doivent être apportés au sein de ces services en plus du TAR rapide pour que ces résultats puissent être atteints.
Quel est le sujet de la revue ?
Le VIH est l'une des principales causes de décès dans le monde. Bien que le nombre de personnes qui prennent des TAR soit plus élevé que jamais, un pourcentage important de PVVIH ne sont pas traitées. L'une des raisons identifiées est la longue période qui s'écoule entre le diagnostic du VIH et le début du TAR. Le TAR rapide a été proposé dans le but d'augmenter le nombre de PVVIH traités par antirétroviral et d'améliorer les résultats liés au VIH.
Principaux résultats de la revue
Nous avons trouvé sept études qui répondaient aux critères d'inclusion de la revue et qui évaluaient l'effet des TAR rapides sur les PVVIH. Le TAR rapide augmente probablement le nombre de personnes traitées par antirétroviral à 12 mois et le nombre de PVVIH chez lesquels il n’y a pas de virus détectable dans le sang à 12 mois (données de valeur probante modérée). Selon des données de faible valeur probante, un TAR rapide pourrait augmenter le nombre de PVVIH maintenues en soins. Nous ne savons pas si le TAR rapide a un effet sur le nombre de décès (données de faible valeur probante).
Nous avons constaté que si les services de soins de santé visent à offrir le TAR dans la semaine suivant le diagnostic, des changements devront être apportés à la façon dont ces systèmes fonctionnent.
La revue est-elle à jour ?
Nous avons recherché des essais pertinents jusqu'au 14 août 2018.
Les ECR qui incluent l'initiation d'un TAR dans la semaine suivant le diagnostic semblent améliorer les résultats dans l'ensemble de la cascade de traitement du VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Les études démontrant ces effets ont proposé des TAR rapides combinés à plusieurs co-interventions spécifiques au contexte. Cela met en évidence la nécessité d’effectuer des recherches pragmatiques pour identifier des paquets de soins réalisables qui assurent les effets observés dans les essais lorsqu'ils sont dispensés dans le cadre de systèmes de santé complexes.
Bien que la thérapie antirétrovirale (TAR) soit largement disponible, le VIH continue de causer des maladies graves et des décès prématurés dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Des taux élevés de patients perdus de vue après le diagnostic du VIH peuvent retarder le début du traitement antirétroviral. Commencer un TAR dans les sept jours suivant le diagnostic du VIH (initiation rapide d'un TAR) pourrait réduire la proportion de patients perdus de vue, améliorer les taux de suppression virologique et réduire la mortalité.
Évaluer les effets des interventions pour l'initiation rapide du TAR (TAR proposé dans les sept jours suivant le diagnostic du VIH) sur les résultats du traitement et la mortalité chez les personnes vivant avec le VIH. Nous avons également cherché à définir les caractéristiques des interventions de TAR rapide utilisées dans les études incluses.
Nous avons fait des recherches dans CENTRAL, la Base de données Cochrane des Revues Systématiques, MEDLINE, Embase et quatre autres bases de données jusqu'au 14 août 2018. Il n'y avait aucune restriction quant à la date, à la langue ou au statut de publication. Nous avons également effectué des recherches sur le site ClinicalTrials.gov et dans le Système d'enregistrement international des essais cliniques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que sur des sites Web pour trouver des documents non publiés, y compris des résumés de conférences.
Nous avons inclus des essais cliniques comparatifs et randomisés (ECR) qui comparaient le traitement antirétroviral rapide aux soins standard chez les personnes vivant avec le VIH. Les enfants, adultes et adolescents de tous milieux étaient éligibles à l'inclusion.
Deux auteurs de la revue ont, de façon indépendante, évalué l'éligibilité des études identifiées lors des recherches, évalué les risques de biais et extrait des données. Les critères de jugement principaux étaient la mortalité et la suppression virologique à 12 mois. Nous avons présenté tous les résultats à l'aide de risques relatifs (RR) et des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Nous avons combiné les résultats dans une méta-analyse lorsque cela était pertinent. Nous avons évalué la valeur probante des données en utilisant la méthode GRADE.
Nous avons inclus dans cette revue sept études menées auprès de 18 011 participants. Toutes les études ont été réalisées dans des pays à revenu faible ou intermédiaire après d’adultes âgés de 18 ans ou plus. Une seule étude portait sur des femmes enceintes.
Dans toutes les études, l'intervention de TAR rapide a été proposée dans le cadre d'un paquet de soins comprenant plusieurs co-interventions ciblant des individus, le personnel médical et les processus du système de santé, et visant à faciliter l'adoption et l'observance du traitement.
La comparaison de l’initiation rapide de la TAR avec l’initiation standard entraîne probablement une plus grande suppression virale à 12 mois (RR 1,18, IC à 95 %, 1,10 à 1,27 ; 2 719 participants, 4 études ; données de valeur probante modérée) et une meilleure utilisation de la TAR à 12 mois (RR 1,09, IC à 95 %, 1,06 à 1,12 ; 3713 participants, 4 études ; données de valeur probante modérée) et pourrait améliorer le maintien des patients dans les programmes de soins après 12 mois (RR 1,22, IC à 95 %, 1,11 à 1,35 ; 5001 participants, 6 études, données de faible valeur probante). L'initiation rapide d'un TAR était associée à une estimation plus faible de la mortalité, mais les IC incluaient une absence d’effet comparativement aux soins standards (RR 0,72, IC à 95 % : 0,51 à 1,01 ; 5 451 participants, 7 études ; données de très faible valeur probante). En raison d’une insuffisance de données, nous ne sommes pas certains que le TAR rapide ait un effet sur la modification des schémas thérapeutiques du TAR (RR 7,89, IC à 95 % : 0,76 à 81,74 ; 977 participants, 2 études ; données de très faible valeur probante). Il n'y avait pas suffisamment de données probantes pour tirer des conclusions sur la survenue d'événements indésirables.
Post-édition effectuée par Raouf HAJJI et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr