Quelle est la question ?
La fatigue est un symptôme fréquent et débilitant qui peut limiter la participation à la vie des personnes dialysées. La fatigue est liée à une altération de la qualité de vie, aux maladies cardiovasculaires, à la mort et à la dépression chez les personnes sous dialyse. Plusieurs interventions potentielles, y compris des médicaments ou d'autres traitements non pharmacologiques (par exemple l'exercice, le régime alimentaire, les massages, l'aromathérapie, l'acupression), ont été évaluées pour leur effet sur la fatigue chez les personnes sous dialyse.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons évalué si les médicaments ou d'autres interventions non pharmacologiques sont bénéfiques pour les adultes et les enfants recevant une hémodialyse ou une dialyse péritonéale pour gérer la fatigue. Nous avons évalué toutes les études cliniques disponibles et en avons résumé les résultats. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes relatives aux interventions contre la fatigue à l'aide d'un système appelé « GRADE ».
Qu’avons-nous trouvé ?
Quatre-vingt-quatorze études impliquant 8191 participants randomisés étaient disponibles. Les patients participant aux études ont reçu un médicament, une intervention non pharmacologique, des soins standards ou une pilule de sucre (placebo). Le traitement qu'ils ont reçu a été décidé au hasard. Les études étaient généralement de courte durée (quelques mois). Il n'y a pas eu d'essais chez les enfants. L'exercice, l'aromathérapie, les massages et l'acupression améliorent la fatigue par rapport au placebo ou aux soins standards. Les médicaments ou autres interventions non pharmacologiques ont des effets incertains sur la fatigue des personnes sous dialyse.
Conclusions
L'exercice, l'aromathérapie, les massages et l'acupression améliorent la fatigue par rapport au placebo ou aux soins standards. On ne sait toujours pas si les médicaments ou d'autres interventions non pharmacologiques ont un impact sur la fatigue des personnes sous dialyse, par rapport au placebo, aux soins standard ou à d'autres traitements de la fatigue.
L'exercice, l'aromathérapie, les massages et l'acupression pourraient améliorer la fatigue par rapport au placebo, aux standards de soins ou à l'absence d'intervention. Les interventions pharmacologiques et autres interventions non pharmacologiques ont eu des effets incertains sur la fatigue ou les critères de jugement liés à la fatigue chez les personnes dialysées. De futures études de grande qualité et suffisamment puissantes sont susceptibles de modifier les effets estimés des interventions sur la fatigue et les critères de jugement liés à la fatigue chez les personnes dialysées.
La fatigue est un symptôme courant et invalidant chez les personnes dialysées, associé à un risque accru de décès, de maladie cardiovasculaire et de dépression. La fatigue peut également altérer la qualité de vie (QV) et la capacité à participer aux activités quotidiennes. La fatigue est considérée par les patients, les soignants et les professionnels de la santé comme un critère de jugement essentiel dans le cadre de l'hémodialyse (HD).
Nous avons cherché à évaluer les effets des interventions pharmacologiques et non pharmacologiques sur la fatigue chez les personnes souffrant d'insuffisance rénale et recevant une dialyse, y compris l'HD et la dialyse péritonéale (DP), quel que soit le cadre et la fréquence du traitement de dialyse.
Nous avons interrogé le registre des essais du groupe Cochrane sur le rein et la greffe jusqu'au 18 octobre 2022 en contactant le coordinateur de recherche documentaire en utilisant les termes de recherche pertinents pour cette revue. Les études figurant dans le registre sont identifiées par des recherches dans CENTRAL, MEDLINE et EMBASE, les comptes rendus de conférences, le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) et ClinicalTrials.gov.
Les études évaluant les interventions pharmacologiques et non pharmacologiques affectant les niveaux de fatigue ou les critères de jugement liés à la fatigue chez les personnes dialysées ont été incluses. Les études étaient éligibles si la fatigue ou les critères de jugement liés à la fatigue étaient rapportés comme critère de jugement principal ou secondaire. Tous les modes, fréquences, prescriptions et durées de traitement ont été pris en compte.
Trois auteurs ont indépendamment extrait les données et évalué le risque de biais. Les estimations de traitement ont été résumées à l'aide d'une méta-analyse à effets aléatoires et exprimées sous la forme d'un risque relatif (RR) ou d'une différence de moyennes (DM), avec un intervalle de confiance (IC) à 95 % correspondant ou une différence de moyennes standardisée (DMS) si des échelles différentes ont été utilisées. Le niveau de confiance des données probantes a été évalué en utilisant l'approche GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation).
Quatre-vingt-quatorze études impliquant 8191 participants randomisés étaient éligibles. Les interventions pharmacologiques et non pharmacologiques ont été comparées soit à un placebo ou à un contrôle, soit à une autre intervention pharmacologique ou non pharmacologique. Dans la majorité des domaines, les risques de biais des études incluses étaient incertains ou élevés.
Selon des données probantes d’un niveau de confiance faible, l'exercice physique, comparé au contrôle, pourrait améliorer la fatigue (4 études, 217 participants (Iowa Fatigue Scale, échelle d’impact de la fatigue modifiée (Modified Fatigue Impact Scale, MFIS), Échelle de Fatigue de Piper (Piper Fatigue Scale, PFS), ou Haemodialysis-Related Fatigue scale score) : DMS -1,18, IC à 95 % -2,04 à -0,31 ; I 2 = 87 %) en HD.
Selon des données probantes d’un niveau de confiance faible, comparée à un placebo ou à des soins standard, l'aromathérapie peut améliorer la fatigue (7 études, 542 participants (score sur l'échelle de gravité de la fatigue (Fatigue Severity Scale, FSS), la Rhoten Fatigue Scale (RFS), la PFS ou le Brief Fatigue Inventory) : DMS -1,23, IC à 95 % -1,96 à -0,50 ; I 2 = 93 %) en HD.
Selon des données probantes d’un niveau de confiance faible, comparé à l'absence d'intervention, le massage pourrait améliorer la fatigue (7 études, 657 participants (FSS, RFS, PFS ou score sur l'échelle visuelle analogique (EVA)) : DMS -1,06, IC à 95 % -1,47, -0,65 ; I2 = 81%) et augmenter l'énergie (2 études, 152 participants (score EVA) : DM 4,87, IC à 95 % 1,69 à 8,06, I 2 = 59 %) en HD.
Selon des données probantes d’un niveau de confiance faible, l'acupression, comparée à un placebo ou à un comparateur, pourrait réduire la fatigue (6 études, 459 participants (score PFS, PFS révisée ou Fatigue Index) : DMS -0,64, IC à 95 % -1,03 à -0,25 ; I 2 = 75 %) en HD.
Un large éventail d'interventions hétérogènes et de critères de jugement liés à la fatigue ont été rapportés pour l'exercice, l'aromathérapie, les massages et l'acupression, ce qui nous a empêchés de regrouper et d'analyser les données.
En raison de la rareté des études, les effets des interventions pharmacologiques et autres interventions non pharmacologiques sur la fatigue ou les critères de jugement liés à la fatigue, y compris l'acide aminé neutre non physiologique, la relaxation avec ou sans musicothérapie, la méditation, l'exercice avec nandrolone, supplémentation nutritionnelle, thérapie cognitivo-comportementale, agents stimulant l'érythropoïèse (ASE), sections fréquentes d’HD, surveillance de la tension artérielle à domicile, réduction du débit sanguin, inhibiteur de la recapture de la sérotonine, bêta-bloquants, stéroïdes anabolisants, dialysat enrichi en glucose ou luminothérapie, sont très incertains.
Les effets des traitements pharmacologiques et non pharmacologiques sur la mortalité, les maladies cardiovasculaires, l'accès vasculaire, la qualité de vie, la dépression, l'anxiété, l'hypertension ou le diabète étaient peu nombreux. Aucune étude n'a évalué la fatigue, l'épuisement ou l'asthénie. Les événements indésirables ont été rarement et irrégulièrement rapportés.
Post-édition effectuée par Melanie Kappel et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr