Quels sont les bénéfices et les risques de l'ocrélizumab dans la sclérose en plaques ?

Principaux messages

- L'ocrélizumab est un médicament récemment autorisé pour traiter les personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP). Dans la SEP récurrente-rémittente (où les personnes ont des poussées de symptômes), l'ocrélizumab réduit probablement significativement les poussées et pourrait réduire l'aggravation des symptômes, ainsi qu’il pourrait avoir peu ou pas d’effet sur les effets indésirables par rapport à l'interféron bêta-1a (un traitement standard de la SEP), 96 semaines après le début du traitement.

- Comparé au placebo (un médicament factice) après 120 semaines de traitement de la SEP primaire progressive (où les symptômes des personnes s'aggravent progressivement), l'ocrélizumab pourrait réduire l'aggravation des symptômes. L'ocrélizumab augmente probablement les effets indésirables mais fait peu ou pas de différence dans le nombre d'effets indésirables graves.

- Nous avons besoin de davantage d’études mieux conçues pour tester l'efficacité de l'ocrélizumab et mesurer les effets indésirables.

Qu'est-ce que la sclérose en plaques ?

La SEP est une maladie dans laquelle le système immunitaire de l'organisme attaque à tort les nerfs du cerveau et de la moelle épinière (le système nerveux central). Ces lésions empêchent les messages de circuler du système nerveux central vers les autres parties du corps. Elle provoque une série de symptômes potentiels allant des picotements aux difficultés d'équilibre et de marche.

Il existe plusieurs types de SEP. Dans le cas de la SEP récurrente-rémittente, les personnes ont des « poussées » de la maladie suivies de périodes de récupération. Dans la sclérose en plaques progressive primaire, les symptômes s'aggravent progressivement au fil du temps.

Qu'est-ce que l'ocrélizumab ?

L'ocrélizumab est un médicament qui a été récemment autorisé pour traiter la sclérose en plaques récurrente-rémittente (SEP-RR) et la sclérose en plaques primaire progressive. Il s'agit d'une thérapie modulatrice de la maladie, c'est-à-dire un type de médicament qui traite les symptômes sous-jacents de la SEP. L'ocrélizumab cible les globules blancs du système immunitaire de l'organisme. Il se fixe sur un type de cellules appelé cellules B et les empêche d'attaquer le système nerveux central. Cela permet de prévenir l'inflammation et les lésions nerveuses, ce qui réduit le nombre et la gravité des rechutes et ralentit l'aggravation des symptômes.

Que voulions-nous découvrir ?

Nous voulions savoir si l'ocrélizumab est plus efficace qu'un autre médicament ou qu'un placebo chez les personnes atteintes de SEP-RR et de la forme progressive primaire de la SEP.

Nous étions intéressés par le nombre de personnes ayant eu:

- des poussées de symptômes ;

- une aggravation de symptômes ;

- des effets indésirables ; et

- une interruption de traitement en raison d'effets indésirables.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études comparant l'ocrélizumab à tout autre médicament ou à un placebo chez les personnes ayant un diagnostic confirmé de SEP récurrente-rémittente ou de SEP progressive primaire. Les personnes participant aux études pouvaient être de tout âge et de tout sexe, présenter des symptômes légers ou graves et être atteintes de SEP depuis n'importe quelle période de temps.

Nous avons comparé et résumé leurs résultats, et évalué le niveau de confiance des données probantes, sur la base de facteurs tels que les méthodes et la taille des études.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé quatre études portant sur 2551 personnes atteintes de SEP. La plus grande étude a porté sur 732 personnes et la plus petite sur 163 personnes. Les études ont été réalisées dans des pays du monde entier, mais surtout aux États-Unis. Une étude a duré 24 semaines, deux études ont duré 96 semaines et une étude a duré au moins 120 semaines. Des sociétés pharmaceutiques ont financé les quatre études.

Trois études ont comparé l'ocrélizumab à l'interféron bêta-1a chez des personnes atteintes de SEP-RR. L'interféron bêta-1a est un type plus ancien de thérapie modulatrice de la maladie. Une étude a comparé l'ocrélizumab à un placebo chez les personnes atteintes de SEP progressive primaire.

Principaux résultats

L'ocrélizumab, comparé à l'interféron bêta-1a chez les personnes atteintes de SEP-RR, après 96 semaines de traitement :

- réduit probablement significativement le nombre de personnes ayant des poussées ;

- réduirait considérablement le nombre de personnes dont les symptômes se sont aggravés ;

- pourrait faire peu ou pas de différence sur les effets indésirables ; et

- pourrait réduire considérablement le nombre de personnes ayant arrêté le traitement en raison d'effets indésirables.

L’ocrélizumab par rapport à un placebo, chez les personnes atteintes de SEP progressive primaire, après 120 semaines de traitement :

- pourrait réduire le nombre de personnes dont les symptômes se sont aggravés ;

- augmente probablement les effets indésirables

- pourrait faire peu ou pas de différence sur le nombre d'effets indésirables graves et sur le nombre de personnes ayant arrêté le traitement en raison d'effets indésirables.

Quelles sont les limites des données probantes ?

Le niveau de confiance des données probantes est modéré à faible pour plusieurs raisons. D’abord, les personnes ont abandonné les études de manière inégale, ce qui signifie que plus de personnes ont reçu un traitement que l'autre. Puis, il n'y avait pas assez d'informations sur certains critères de jugement pour nous permettre de conclure définitivement sur les critères de jugement, il n'y avait pas assez d'informations disponibles pour nous permettre d'être confiants des résultats. Enfin, les changements de symptômes montrés par l’imagerie pourraient être dus à d'autres causes en dehors de la progression de la maladie.

Ces données probantes sont-elles à jour ?

Les données probantes sont à jour jusqu'au 8 octobre 2021.

Conclusions des auteurs: 

Chez les personnes atteintes de sclérose en plaques récurrente-rémittente (SEP-RR), l'ocrélizumab pourrait entraîner une forte réduction du taux de rechute et pourrait avoir peu ou pas d’impact sur les effets indésirables par rapport à l'interféron bêta-1a à 96 semaines (données probantes d’un niveau de confiance modéré). L'ocrélizumab pourrait entraîner une réduction importante de la progression de l'invalidité, de l'interruption du traitement en raison d'effets indésirables, du nombre de participants présentant des lésions en T1 prenant le contraste au gadolinium à l’imagerie de résonance magnétique (IRM) et du nombre de participants présentant des nouvelles lésions hyperintenses en T2 ou élargies à l'IRM, et pourrait avoir peu ou pas d’impact sur les effets indésirables graves (données probantes d’un niveau de confiance faible).

Chez les personnes atteintes de sclérose en plaques progressive primaire (SEP-PP), l'ocrélizumab entraîne probablement un taux plus élevé d'effets indésirables par rapport au placebo pendant au moins 120 semaines (données probantes d’un niveau de confiance modéré). L'ocrélizumab pourrait réduire la progression de l'invalidité et pourrait avoir peu ou pas d’impact sur les effets indésirables graves et l'arrêt du traitement en raison d’effets indésirables (données probantes d’un niveau de confiance faible).

L'ocrélizumab était bien toléré cliniquement ; les effets indésirables les plus fréquents étaient les réactions liées à la perfusion et les rhinopharyngites, ainsi que les infections des voies urinaires et des voies respiratoires supérieures.

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Contexte: 

L'ocrélizumab est un anticorps monoclonal humanisé anti-CD20 développé pour le traitement de la sclérose en plaques (SEP). Il a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) en mars 2017 pour être utilisé chez les adultes atteints de sclérose en plaques récurrente-rémittente (SEP-RR) et de sclérose en plaques progressive primaire (SEP-PP). L'ocrélizumab est la seule thérapie modificatrice de la maladie (TMM) approuvée pour la SEP-PP. En novembre 2017, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a également approuvé l'ocrélizumab comme traitement de première intention chez les personnes atteintes de SEP-PP. Il est donc important d'évaluer les bénéfices, les risques et la tolérabilité de l'ocrélizumab chez les personnes atteintes de SEP.

Objectifs: 

Évaluer les bénéfices, les risques et la tolérabilité de l'ocrélizumab chez les personnes atteintes de SEP-RR et de SEP-PP.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE, Embase, CENTRAL et deux registres d'essais le 8 octobre 2021. Nous avons examiné les références bibliographiques, contacté des experts et contacté les principaux auteurs des études.

Critères de sélection: 

Tous les essais contrôlés randomisés (ECR) impliquant des adultes ayant reçu un diagnostic de SEP-RR ou de SEP-PP selon les critères de McDonald, comparant l'ocrélizumab seul ou associé à d'autres médicaments, à la dose approuvée de 600 mg toutes les 24 semaines, quelle que soit la durée, à un placebo ou à tout autre traitement médicamenteux actif.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons suivi la méthodologie standard définie par Cochrane.

Résultats principaux: 

Quatre ECR répondaient à nos critères de sélection. La population globale comprenait 2551 participants ; 1370 traités par l'ocrélizumab 600 mg et 1181 témoins. Parmi les témoins, 298 participants ont reçu un placebo et 883 ont reçu de l'interféron bêta-1a. La durée du traitement était de 24 semaines dans une étude, de 96 semaines dans deux études et d'au moins 120 semaines dans une étude. Une étude présentait un risque élevé d’assignation secrète et de mise en aveugle des participants et du personnel ; les quatre études présentaient un risque élevé de biais en raison de données incomplètes sur les critères de jugement.

Pour la SEP-RR, comparé à l'interféron bêta-1a, l'ocrélizumab était associé à : 1. un taux de rechute plus faible (risque relatif (RR) 0,61, intervalle de confiance (IC) à 95 % entre 0,52 et 0,73 ; 2 études, 1656 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ; 2. un nombre plus faible de participants présentant une progression du handicap (rapport des risques instantanés (hazard ratio, HR) 0,60, IC à 95 % entre 0,43 et 0,84 ; 2 études, 1656 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; 3. peu ou pas de différence dans le nombre de participants présentant un effet indésirable (RR 1,00, IC à 95 % entre 0,96 et 1,04 ; 2 études, 1651 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ; 4. peu ou pas de différence dans le nombre de participants présentant un événement indésirable grave (RR 0,79, IC à 95 % entre 0,57 et 1.11 ; 2 études, 1651 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; 5. un nombre plus faible de participants ayant interrompu le traitement en raison d'effets indésirables (RR 0,58, IC à 95 % entre 0,37 et 0,91 ; 2 études, 1651 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; 6. un nombre plus faible de participants présentant des lésions en T1 prenant le contraste au gadolinium à l'imagerie par résonance magnétique (IRM) (RR 0.27, IC à 95 % entre 0,22 et 0,35 ; 2 études, 1656 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; 7. un nombre plus faible de participants présentant des lésions nouvelles ou agrandies hyperintenses en T2 à l'IRM (RR 0,63, IC à 95 % entre 0,57 et 0,69 ; 2 études, 1656 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) à 96 semaines.

Pour la SEP-PP, comparée au placebo, l'ocrélizumab était associé à : 1. un nombre plus faible de participants présentant une progression de l'invalidité (HR) 0,75, IC à 95 % entre 0,58 et 0,98 ; 1 étude, 731 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; 2. un nombre plus élevé de participants présentant des événements indésirables (RR 1,06, IC à 95 % entre 1,01 et 1,11 ; 1 étude, 725 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ; 3. peu ou pas de différence dans le nombre de participants présentant un effet indésirable grave (RR 0,92, IC à 95 % entre 0,68 et 1,23 ; 1 étude, 725 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; 4. peu ou pas de différence dans le nombre de participants ayant arrêté le traitement en raison d'effets indésirables (RR 1,23, IC à 95 % entre 0,55 et 2,75 ; 1 étude, 725 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) pendant au moins 120 semaines. Il n'y avait pas de données concernant le nombre de participants présentant des lésions enT1 prenant le contraste au gadolinium à l'IRM et le nombre de participants présentant des nouvelles lésions ou élargies, hyperintenses en T2 à l'IRM.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Astrid Zessler et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.