Contexte
La plupart des fumeurs veulent arrêter de fumer et peuvent être aidés par des conseils et par un soutien de la part des professionnels de santé. Les infirmières représentent la plus grande part des professionnels de santé et sont impliquées dans les soins à tous les niveaux. L'objectif principal de cette revue était de déterminer si les interventions délivrées par des infirmières peuvent aider les fumeurs d'âge adulte à arrêter de fumer.
Caractéristiques de l'étude
Cette synthèse des essais cliniques a porté sur 49 études dans lesquelles les infirmières ont offert une intervention ayant pour objectif d'aider des fumeurs à arrêter de fumer. Plus de 17 000 participants ont été inclus dans l'analyse principale, dont des adultes hospitalisés et des adultes dans la population générale. La recherche la plus récente a été effectuée en juin 2013. Toutes les études ont indiqué si les participants avaient arrêté de fumer ou non au bout de six mois ou plus.
Résultats et qualité des preuves
Cette revue a trouvé des preuves de qualité modérée indiquant que les conseils et le soutien offert par des infirmières peuvent augmenter la proportion d'individus réussissant à arrêter de fumer, en particulier dans un contexte hospitalier. Il y avait des preuves de qualité modérée ayant constaté que des conseils et des encouragements similaires, prodigués par des infirmières lors d'examens de santé ou d'activités de prévention, semblent être moins efficaces, mais pourraient toutefois avoir un certain impact. Les résultats n'étaient pas cohérents entre toutes les études et, dans certains cas, il n'y avait que peu d'études ayant fourni des données pour les comparaisons.
Les résultats montrent des bénéfices potentiels des conseils et du soutien au sevrage tabagique fournis par des infirmières, avec des preuves raisonnables indiquant que ces interventions sont efficaces. Les preuves indiquent un effet plus faible lorsque les interventions sont brèves et délivrées par des infirmières dont le rôle principal n'est pas la promotion de la santé ou le sevrage tabagique. Le défi sera d'intégrer l'évaluation du comportement tabagique et des interventions de sevrage tabagique dans la pratique standard de sorte que toutes les personnes aient l'opportunité d'être interrogées sur leur consommation de tabac et de recevoir des conseils et/ou un soutien pour arrêter de fumer, de même qu'un renforcement et un suivi.
Les professionnels de santé, dont les infirmières, conseillent fréquemment aux patients d'améliorer leur santé en arrêtant de fumer. Ces conseils peuvent être brefs ou faire partie d'interventions plus intensives.
Déterminer l'efficacité des interventions de sevrage tabagique délivrées par des infirmières.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur le tabagisme et sur CINAHL en juin 2013.
Les essais randomisés portant sur des interventions de sevrage tabagique délivrées par des infirmières ou des infirmières visiteuses avec un suivi d'au moins six mois.
Deux auteurs ont extrait les données de manière indépendante. Le principal critère de jugement était l'abstinence tabagique après un suivi d'au moins six mois. Nous avons utilisé la définition la plus rigoureuse de l'abstinence pour chaque essai et les taux validés biochimiquement lorsqu'ils étaient disponibles. Lorsque cela était statistiquement et cliniquement approprié, nous avons combiné les études à l'aide d'un modèle à effets fixes de Mantel-Haenszel et rapporté les résultats sous la forme d'un risque relatif (RR) avec un intervalle de confiance à 95 % (IC).
Quarante neuf études remplissaient les critères d'inclusion. Lors du regroupement de 35 études (plus de 17 000 participants) comparant une intervention infirmière à une condition de contrôle ou aux soins habituels, nous avons trouvé que ces interventions augmentent les chances d'arrêter de fumer (RR 1,29 ; IC à 95 % 1,20 à 1,39). Dans une analyse en sous-groupe l'estimation de l'ampleur de l'effet était similaire pour le groupe des sept études faisant recours à une intervention de particulièrement faible intensité, mais l'intervalle de confiance était large. Il existait des preuves indirectes limitées indiquant que les interventions étaient plus efficaces pour les personnes hospitalisées ayant une maladie cardiovasculaire que pour les personnes hospitalisées ayant d'autres affections. Les interventions chez les adultes non-hospitalisés ont également montré un bénéfice. Onze études comparant différentes interventions délivrées par des infirmières n'ont pas montré de bénéfice significatif lié à l'utilisation de composantes supplémentaires. Six études portant sur les conseils offerts par des infirmières sur le sevrage tabagique au cours d'examens de santé ou dans le cadre d'une prévention secondaire multifactorielle en pratique générale (non inclus dans la méta-analyse principale) ont montré que les interventions délivrées par les infirmières étaient moins efficaces dans ces conditions.
Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France