Stimulation de la moelle épinière contre la douleur cancéreuse

Les personnes atteintes de cancer éprouvent souvent de la douleur. La douleur due au cancer ou la douleur liée au cancer est l'un des pires facteurs pour ces patients. Ce type de douleur a tendance à empirer avec la progression du cancer. Malgré de meilleurs analgésiques (antidouleurs) et techniques, la douleur due au cancer reste toujours un problème pour beaucoup de gens.

Traditionnellement, la douleur due au cancer est contrôlée par des médicaments. Lorsque ces médicaments ne fonctionnent pas, d'autres méthodes pour réduire la douleur peuvent être employées, comme la neuromodulation (stimulation électrique des nerfs). La stimulation de la moelle épinière est la méthode la plus commune de neuromodulation.

La stimulation de la moelle épinière (SME) consiste à mettre des électrodes sur la moelle épinière pour contrôler la douleur. Les électrodes délivrent des impulsions qui pourraient réduire la douleur. La technique est réversible et peu invasive. La SME semble avoir très peu d'effets secondaires, la fatigue par exemple, en comparaison aux médicaments utilisés pour soulager la douleur. Cette technique a été largement utilisée chez les patients non cancéreux, mais le rôle de la SME sur la douleur due au cancer n’est toujours pas clair.

Dans la revue d’origine, nous avions eu l'intention d'évaluer la façon dont la SME fonctionnait pour la douleur due au cancer, en comparaison aux soins standard (les médicaments par exemple). Nous avions également prévu de scruter les méfaits et les effets secondaires du traitement. Pour actualiser cette revue, en octobre 2014, nous avons effectué des recherches sur des essais cliniques qui utilisaient la SME pour traiter la douleur due au cancer. Nous n’avons trouvé aucun essai contrôlé randomisé, et quatre études de séries de cas avant-après (un total de 92 participants atteints de cancer). Toutes les études étaient de petite taille et de faible qualité.

Les participants à la SME utilisaient moins de médicaments que le groupe de traitement standard. Les principaux effets secondaires étaient l'infection et la douleur sur les sites d’implantation des électrodes, une fuite du liquide céphalo-rachidien (LCR), des électrodes délogés, et des défaillances du système. Cependant, nous ne pouvions pas dire quels effets secondaires ont été plus fréquents chez les patients cancéreux par rapport aux patients non cancéreux.

Il n'y a pas suffisamment de preuves de bonne qualité pour savoir si la SME est meilleure que les médicaments pour soulager la douleur due au cancer. Plus d’essais comparant la SME avec d'autres méthodes de soulagement de la douleur sont nécessaires.

Conclusions des auteurs: 

Depuis la première publication de cette revue, aucune nouvelle étude n’a été identifiée. Les preuves actuelles sont insuffisantes pour établir le rôle de la SME dans le traitement de la douleur liée au cancer réfractaire. Les futures études randomisées devraient se concentrer sur l'implantation de SME chez les participants ayant une douleur liée au cancer.

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Contexte: 

Ceci est une mise à jour d'une revue publiée dans The Cochrane Library numéro 3, de 2013. La douleur liée au cancer constitue un grand problème de santé publique lié à des dépenses élevées. Une douleur sévère est associée à une diminution de la qualité de vie des patients atteints de cancer. Une proportion significative de patients souffrant de douleur liée au cancer est sous-traitée. Il y a besoin d’un contrôle plus efficace de la douleur liée au cancer. La stimulation de la moelle épinière (SME) peut avoir un rôle dans la gestion de la douleur. L'efficacité et la sécurité de la SME pour les patients avec une douleur liée au cancer est actuellement inconnue.

Objectifs: 

Cette revue systématique a évalué l'efficacité de la SME sur la douleur liée au cancer en comparaison des soins standards utilisant des médicaments analgésiques classiques. Nous avons également évalué les risques et les effets indésirables potentiels associés à l'utilisation de la SME.

Stratégie de recherche documentaire: 

Ceci est une mise à jour d'une revue publiée dans The Cochrane Library numéro 3, de 2013. La stratégie de recherche pour la mise à jour était la même que dans l'étude originale. Nous avons effectué des recherches dans les bases de données bibliographiques suivantes afin d'identifier les études pertinentes : le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) dans The Cochrane Library ; MEDLINE ; EMBASE ; et CBM (base de données biomédicale chinoise) en octobre 2014. Nous avons également réalisé des recherches manuelles sur des revues pertinentes. Il n'y avait pas restriction concernant la langue.

Critères de sélection: 

Nous avions prévu d'inclure des essais contrôlés randomisés (ECR) qui comparaient directement la SME à d'autres interventions par rapport à l'efficacité de la gestion de la douleur. Nous avions également prévu d'inclure des essais croisés comparant la SME avec un autre traitement. Nous avions prévu d'identifier les essais contrôlés non randomisés, mais ceux-ci ne seraient inclus que si aucun ECR n'avait pu être trouvé.

Recueil et analyse des données: 

La recherche de la littérature pour la mise à jour de cette revue a identifié 121 articles potentiellement éligibles. La stratégie de recherche initiale a abouti à 430 articles. En analysant les titres et les résumés, nous avons trouvé 412 articles non pertinents par rapport à l'objet d'analyse de cette revue systématique, parce qu'ils portaient sur d'autres pathologies ou méthodes d'intervention (système de perfusion intrathécale ; médication par voie orale) ou du fait qu’ils visaient d’autres buts que le contrôle de la douleur (surveillance du fonctionnement de la moelle épinière, restauration du fonctionnement de la vessie ou amélioration du métabolisme d'organes). Les 18 essais restants ont été examinés dans la totalité des écrits. Aucun ECR n’a été identifié. Quatorze rapports de cas sporadiques et des articles ont été exclus, et quatre études de séries de cas avant-après (92 participants) ont été incluses. Deux auteurs de la revue ont sélectionné de manière indépendante les études qui devaient être incluses dans l'analyse selon les critères d'admissibilité prédéfinis. Une liste de contrôle de la qualité méthodologique des essais contrôlés non randomisés a été utilisée (liste de contrôle STROBE) et tous les auteurs de la revue ont discuté et approuvé l'inclusion des essais ainsi que les résultats de l'évaluation de la qualité.

Résultats principaux: 

Aucune nouvelle étude n’a été identifiée pour être incluse dans cette mise à jour de la revue. Quatre études de séries de cas avant-après (un total de 92 participants) répondaient à nos critères d'inclusion dans la version précédente de la revue. Tous les essais inclus utilisaient une échelle visuelle analogique (EVA) pour évaluer le soulagement de la douleur. Il y avait hétérogénéité dans les caractéristiques de base, les paramètres des électrodes et des stimulateurs, le niveau d'implantation et de la voie d'implantation ; chaque essai a rapporté les données de manière différente. Dans deux essais, le soulagement de la douleur a été obtenu chez 76 % (48/63) des participants à la fin de la période de suivi. Dans le troisième essai, le score EVA pré-procédure était de 6 à 9 (moyenne 7,43) ; l’EVA un mois après l'implantation était de 2 à 4 (moyenne 3,07) ; l'EVA 12 mois après l'implantation était de 1 à 3 (moyenne de 2,67). Dans le quatrième essai, le score EVA pré-procédure était de 6 à 9 (moyenne 7,07) ; de 1 à 4 (moyenne de 2,67) à un mois ; de 1 à 4 (moyenne de 1,87) à 12 mois. L'utilisation d'analgésiques a été largement réduite. Les principaux effets indésirables ont été les infections sur les sites d'implantation, la fuite de liquide céphalo-rachidien (LCR), la douleur au niveau des sites d’implantation des électrodes, le délogement des électrodes, et les défaillances du système; toutefois, l'incidence des participants atteints de cancer n'a pas pu être calculé. Puisque tous les essais étaient de petite taille, et des essais contrôlés non randomisés, ils étaient à risque élevé ou imprécis pour tous les types de biais.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.