Problématique de la revue
Quel est l'efficacité et la sécurité de l'enzymothérapie de substitution (ETS) par galsulfase (une version manufacturée de l'enzyme arylsulfatase B) dans le traitement de la mucopolysaccharidose de type VI (MPS VI) en comparaison aux autres traitements, à l'absence de traitement ou au traitement par placebo ?
Contexte
La mucopolysaccharidose de type VI (MPS VI) est une maladie génétique rare caractérisée par l'absence de l'enzyme arylsulfatase B. Il s'agit d'une maladie progressive qui limite le pronostic vital et qui s'accompagne d'une série de symptômes, tels que des traits faciaux grossiers, une mobilité articulaire réduite, une petite taille et des problèmes oculaires, pulmonaires et cardiaques.
Avant que l'ETS ne soit disponible, il n'était possible de traiter que les symptômes de la MPS VI et non la pathologie sous-jacente. Le traitement par ETS permet de remplacer l'enzyme manquante afin d'essayer de réduire les effets de la maladie et d'empêcher son aggravation.
Date de la recherche
Les données probantes sont à jour au : 09 juin 2021.
Caractéristiques des études
La revue systématique comprend une étude unique portant sur 39 personnes atteintes de MPS VI d’âge compris entre cinq et vingt ans. L'étude a consisté en une comparaison de la galsulfase à un placebo (une substance qui ne contient aucun médicament) et les sujets ont été sélectionnés pour l'un ou l'autre traitement selon une répartition aléatoire. L'étude a duré 24 semaines (avec une période de prolongation de 24 semaines supplémentaires où tous les individus ont reçu une EST en étant éclairés à propos du traitement).
Principaux résultats
Les données probantes pour ce traitement sont limitées car nous n'avons trouvé et évalué que les résultats d'une étude unique et avec échantillon de taille réduite. Compte tenu des données probantes d’un niveau de confiance très faible, nous ne savons pas exactement si la galsulfase améliore la fonction motrice (c'est-à-dire la capacité à marcher et à monter des escaliers) chez les personnes atteintes de MPS VI. Nous avons constaté que le traitement par galsulfase pourrait réduire les taux de substances chimiques associées à la MPS VI (taux de glycosaminoglycanes) dans les analyses d'urine. Ces résultats ont été observés dans une étude de courte durée et ne pourraient refléter que des effets à court terme seulement. Nous n’avons pas constaté de différences entre le traitement par galsulfase et le placebo en ce qui concerne les effets indésirables.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour étudier les effets à long terme sur la fonction cardiaque et pulmonaire, la qualité de vie et la survie.
Niveau de confiance des données probantes
Les méthodes et le plan de conception de l'étude n'ont pas été clairement décrits et de ce fait, l'impact sur la possibilité de biais est difficile à élucider. Le niveau de confiance des données probantes a été classé comme faible à très faible.
Les résultats de cette revue sont basés uniquement sur une étude unique de petite taille (une phase randomisée de 24 semaines de l'étude et dans la période précédant l’étape de prolongation avec essai clinique ouvert). Nous ne sommes pas certains quant au fait que la galsulfase soit plus efficace que le placebo, pour traiter les personnes atteintes de mucopolysaccharidose de type VI, en ce qui concerne le test de marche de 12 minutes ou le test de montée d'escalier de trois minutes (three-minute stair climb test), du fait que le niveau de confiance des données probantes a été évalué comme étant très faible. Nous avons constaté que la galsulfase pourrait réduire les taux de glycosaminoglycanes urinaires. Nous ne savons pas non plus s'il existe des différences entre les groupes recevant le traitement en ce qui concerne les fonctions cardiaques ou pulmonaires, le volume du foie ou de la rate, l'apnée-hypopnée nocturne, la taille et le poids, la qualité de vie et les effets indésirables.
D'autres études sont nécessaires pour obtenir davantage d'informations à propos de l'efficacité et de la tolérance à long terme de l'enzymothérapie de substitution par galsulfase.
La mucopolysaccharidose de type VI (MPS VI) ou syndrome de Maroteaux-Lamy est une maladie génétique rare causée par le déficit en arylsulfatase B. L'accumulation de dermatan-sulfate qui en résulte provoque des lésions lysosomales.
Les symptômes cliniques sont liés à la dysplasie du squelette (c'est-à-dire une petite taille et une pathologie articulaire dégénérative). Parmi les autres manifestations, nous citons les maladies cardiaques, l'altération de la fonction pulmonaire, les complications d’ordre ophtalmologique, l'hépatosplénomégalie, les sinusites, les otites, la perte d'audition et l'apnée du sommeil. La déficience intellectuelle est généralement absente. La manifestation clinique se présente généralement à l'âge de deux ou trois ans ; toutefois, les cas à progression lente pourraient ne pas se manifester avant l'âge adulte.
L'enzymothérapie de substitution (ETS) par galsulfase est considérée comme une nouvelle approche dans le traitement de la MPS VI.
Évaluer l'efficacité et la tolérance du traitement de la MPS VI avec ETS par galsulfase par rapport à d'autres interventions, à un placebo ou à l'absence d'intervention.
Des recherches électroniques ont été effectuées dans le registre Cochrane des essais sur les erreurs innées du métabolisme du groupe Cochrane sur la mucoviscidose et les autres maladies génétiques. Date de la dernière recherche : 09 juin 2021.
Des recherches supplémentaires ont également été effectuées dans les bases de données suivantes : CENTRAL, MEDLINE, LILACS, le Journal of Inherited Metabolic Disease, le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'OMS et ClinicalTrials.gov. Date de la dernière recherche : 20 août 2021.
Études cliniques à type d’essais contrôlés randomisés et quasi randomisés portant sur l'ETS par galsulfase en comparaison à d'autres interventions ou à un placebo.
Deux auteurs ont examiné de manière indépendante les études, ont évalué le risque de biais, ont extrait les données et ont évalué le niveau de confiance des données probantes en utilisant les critères GRADE.
Une seule étude a été incluse, portant sur 39 participants ayant reçu soit une ETS par galsulfase (arylsulfatase B humaine recombinante), soit un placebo. Cette petite étude a été considérée comme présentant globalement un risque de biais pas clair en ce qui concerne la conception et la mise en œuvre de l'étude, puisque les auteurs n'avaient pas indiqué comment la génération et la dissimulation des imputations ont été effectuées.
Compte tenu des données probantes d’un niveau de confiance très faible, nous ne sommes pas certains qu'à 24 semaines, il y ait une différence entre les groupes en ce qui concerne le test de marche de 12 minutes, différence moyenne (DM) de 92,00 mètres (intervalle de confiance (IC) à 95 % entre 11,00 et 172,00), ou le test de montée d'escalier de trois minutes (three-minute stair climb test), DM 5,70 (IC à 95 % de -0,10 à 11,50).
En ce qui concerne les tests respiratoires, nous ne sommes pas certains que la galsulfase montre une différence par rapport au placebo au niveau de la capacité vitale forcée (CVF) en litres (changement absolu par rapport à la valeur de base), étant donné le très faible niveau de confiance des données probantes. La fonction cardiaque n'a pas été documentée dans l'étude incluse. Nous avons trouvé que la galsulfase, en comparaison au placebo, pourrait diminuer le taux de glycosaminoglycanes urinaires à 24 semaines, DM -227,00 (IC à 95 % entre -264,00 et -190,00) (données probantes d’un niveau de confiance faible).
Nous ne sommes pas sûrs qu'il y ait des différences entre le groupe galsulfase et le groupe placebo concernant les effets indésirables (données probantes d’un niveau de confiance très faible)
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En général, la dose de galsulfase a été bien tolérée et il n'y a pas eu de différences entre les groupes. Ces événements comprennent les effets indésirables liés au médicament, les effets indésirables graves et sévères, les effets indésirables survenus pendant la perfusion, les effets indésirables liés au médicament survenus durant la perfusion, et les décès. D’autres effets liés à la perfusion ont été observés dans le groupe galsulfase et ont été pris en charge par l'interruption ou le ralentissement de la vitesse de perfusion ou l'administration d'antihistaminiques ou de corticostéroïdes. Aucun décès n'est survenu au cours de l'étude.
Post-édition effectuée par Serge Medawar et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr