Contexte
Certaines tâches réalisées par les chirurgiens-dentistes pouvait être délégués à des assistants (auxiliaires) ayant reçu une formation appropriée, ce qui pourrait libérer du temps que les dentistes mettraient à profit pour réaliser des procédures plus complexes et pourrait améliorer l'accès aux soins dentaires et en réduire le coûts. Toutefois, avant de préconiser une telle approche, il est important de connaître l'efficacité relative des assistants dentaires et des chirurgiens-dentistes dans l'exécution de ces tâches.
Question de la revue
L'objectif de cette revue est d'évaluer l'efficacité relative, les coûts et le rapport coût-efficacité ainsi que l'innocuité des assistants dentaires dans l'exécution de soins traditionnellement assurés par les chirurgiens-dentistes.
Caractéristiques des études
Nous avons effectué une recherche dans la littérature jusqu'à novembre 2013 et trouvé à inclure dans notre revue cinq études (portant sur 13 assistants dentaires, 6 dentistes et plus de 1156 participants) évaluant l'efficacité des assistants dentaires par rapport aux chirurgiens-dentistes dans l'exécution de soins traditionnellement assurés par les dentistes. Ces études n'évaluaient que deux tâches ou techniques cliniques : le scellement préventif à la résine, destiné à prévenir les caries dentaires dans les creux et les rainures des molaires, et le traitement restaurateur atraumatique (TRA), qui est un procédé de traitement des caries dentaires qui ne nécessite pas d'instruments à moteur (par exemple, de fraises dentaires). Deux études ont été menées aux États-Unis, une au Canada, une en Gambie et une à Singapour.
Principaux résultats
Parmi les quatre études comparant les assistants dentaires et les dentistes dans l'exécution de scellements préventifs à la résine, trois n'ont pas trouvé de différences entre les deux groupes dans la proportion de résine de scellement encore intacte après différentes durées (de 6 à 24 mois). Une étude a montré qu'une moins grande proportion de résine de scellement appliquée par un assistant dentaire étaient encore intacte après 48 mois par rapport à celle appliquée par un dentiste. Cette même étude a trouvé que les dents scellées par un assistant étaient plus susceptibles de se carier que celles scellées par un dentiste, mais une autre étude n'a rapporté aucune preuve d'une différence entre les groupes. La seule étude comparant l'efficacité des assistants dentaires et des dentistes dans l'exécution du TRA n'a apporté aucune preuve d'une différence dans la proportion de comblements qui devaient être remplacés ou de dents ayant développé une nouvelle carie après 12 mois. Aucune des études n'a rapporté d'événements indésirables. En outre, aucune de ces études n'a comparé les coûts et le rapport coût-efficacité des soins par les assistants dentaires et les chirurgiens-dentistes, ni examiné les effets sur l'accès aux soins.
Qualité des preuves
Trop peu d'études ont été incluses dans cette étude pour que l'on puisse en tirer des conclusions définitives sur l'efficacité relative des assistants dentaires et des chirurgiens-dentistes. Les études incluses, dont quatre dataient de plus de 20 ans, étaient de faible qualité, comptaient peu de participants et examinaient seulement deux tâches cliniques. Cette revue met en évidence l'absence d'études de bonne qualité comparant l'efficacité et le rapport coût-efficacité des assistants dentaires et des chirurgiens-dentistes dans l'exécution des soins dentaires traditionnellement délivrés par les dentistes.
Nous n'avons identifié que cinq études à inclure dans cette revue, toutes à risque élevé de biais et remontant, pour quatre d'entre elles, à plus de 20 ans, ce qui montre bien la rareté des évaluations de bonne qualité de l'efficacité relative, du rapport coût-efficacité et de l'innocuité des assistants dentaires en comparaison avec les chirurgiens-dentistes dans la réalisation des activités cliniques. Nous n'avons pu tirer aucune conclusion définitive de la présente revue quant à l'efficacité relative des assistants dentaires et des chirurgiens-dentistes
La mauvaise qualité ou les inégalités dans l'accès aux soins de santé bucco-dentaire sont fréquentes dans les pays à hauts, moyens et faibles revenus. Bien que la gravité de ces problèmes varie, le nombre insuffisant de chirurgiens-dentistes et leur répartition inégale en sont des facteurs importants. Déléguer des soins aux assistants dentaires pourrait atténuer ce problème, créer des lieux de soins là où il n'y en avait pas et libérer du temps pour des tâches plus complexes pour les chirurgiens-dentistes. Avant de préconiser une telle approche, il est important de connaître l'efficacité relative des assistants dentaires et des chirurgiens-dentistes.
Évaluer l'efficacité, le coût et la rentabilité des assistants dentaires dans la réalisation de soins traditionnellement exécutés par les chirurgiens-dentistes.
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données électroniques suivantes, de leur création jusqu'à novembre 2013 : Gegistre spécialisé du Groupe Cochrane sur l'efficacité des pratiques et de l'organisation des soins (EPOC) ; registre spécialisé du groupe Cochrane sur la santé bucco-dentaire ; Registre central des essais contrôlés du Groupe Cochrane (numéro 11, 2013) ; MEDLINE ; EMBASE ; CINAHL ; Base de revues systématiques du Groupe Cochrane ; base de données de résumés des revues d'efficacité ; cinq autres bases de données et deux registres d'essais cliniques. Nous avons également entrepris une recherche de littérature grise, consulté les références bibliographiques des études incluses et contacté les auteurs des articles pertinents.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR), des essais cliniques contrôlés non randomisés (ECNR), des séries temporelles interrompues (STI) et des études contrôlées avant-après (CAA) évaluant l'efficacité des assistants dentaires en comparaison avec celle des chirurgiens-dentistes dans la réalisation d'activités cliniques traditionnellement exécutées par un dentiste.
Trois auteurs de la revue ont appliqué indépendamment les critères d'éligibilité, extrait les données et évalué le risque de biais de chaque étude incluse ; deux auteurs ont évalué la qualité des preuves issues des études incluses, selon les procédures de Cochrane Collaboration. Étant donné qu'aucune méta-analyse n'était possible, nous avons donné une description narrative des résultats.
Nous avons trouvé à inclure dans notre étude cinq études (un ECR en grappe, trois ECR et un ECNR) évaluant l'efficacité des assistants dentaires par rapport aux chirurgiens-dentistes dans l'exécution de soins traditionnellement assurés par les dentistes. Les études incluses, qui portaient sur 13 assisstants dentaires, 6 chirurgiens-dentistes, et plus de 1156 participants, évaluaient deux tâches ou techniques cliniques : le scellement préventif des fissures à la résine et le traitement de restauration atraumatique (TRA). Deux études ont été menées aux États-Unis, une au Canada, une en Gambie et une à Singapour.
Parmi les quatre études évaluant l'efficacité du scellement des fissures à la résine, trois n'ont trouvé aucune preuve d'une différence de taux de rétention entre les scellements appliqués par les assistants dentaires et par les dentistes sur différentes durées (de 6 à 24 mois). Une étude a relevé un taux de rétention des scellements inférieur après application par un assistant dentaire, par rapport à ceux posés par un dentiste, à 48 mois (9,0 % pour l'assistant contre 29,1 % pour le dentiste). Cette même étude indique que la réduction nette à 48 mois du nombre de dents cariées était plus faible pour les dents traitées par l'assistant dentaire que par le dentiste (3 pour l'assistant contre 60 pour le dentiste, P < 0,001).
Une étude n'a trouvé aucune preuve d'une différence entre les groupes dans le nombre de caries dentaires après scellement des fissures. La seule étude comparant l'efficacité des assistants dentaires et des dentistes dans l'exécution du TRA n'a relevé aucune différence dans les taux de survie des restaurations (comblements) après 12 mois.
Toutes les études étaient à risque élevé de biais et la qualité globale des preuves était très mauvaise, suivant l'évaluation par la méthode GRADE. En outre, quatre des études incluses remontaient à plus de 20 ans : les matériaux utilisés et les techniques évaluées étaient obsolètes. Nous n'avons trouvé aucune étude éligible comparant l'efficacité des assistants dentaires et des chirurgiens-dentistes dans le diagnostic des pathologies bucco-dentaires, pour les prestations d'éducation à la santé buccodentaire et autres aspects de la promotion de la santé, ni aucune étude évaluant l'avis des participants, et notamment l'acceptabilité des soins reçus. Aucune des études incluses n'a rapporté d'effets indésirables. En outre, nous n'avons trouvé aucune étude répondant à nos critères de sélection et comparant les coûts et le rapport coût-efficacité des assistants dentaires et des chirurgiens-dentistes, l'effet du recours aux assistants sur l'accès et l'équité de l'accès aux soins.
Traduction réalisée par Cochrane France