Question de la revue
Quelle est l'efficacité de l'antipsychotique chlorpromazine dans le traitement de la schizophrénie comparativement au penfluridol ?
Contexte
La schizophrénie est un trouble mental grave qui se manifeste par des symptômes tels que des hallucinations et des délires, une asocialité, une baisse de motivation et une capacité réduite à exprimer ses émotions. Les antipsychotiques constituent le principal traitement contre la schizophrénie. La chlorpromazine et le penfluridol sont des antipsychotiques largement utilisés. Cependant, les effets diffèrent selon les antipsychotiques, et connaître les effets individuels des différents antipsychotiques et les effets secondaires particuliers qu'ils provoquent pourrait aider à décider quel antipsychotique prescrire à une personne schizophrène. Cette revue compare la chlorpromazine au penfluridol et fait partie d'une série de revues comparant directement la chlorpromazine à d'autres antipsychotiques.
Recherche
Le spécialiste de l'information du groupe Cochrane sur la schizophrénie a fait des recherches dans le registre des essais cliniques du groupe en mars 2017 pour trouver des essais randomisés auprès d'adultes atteints de schizophrénie ou de troubles connexes qui ont reçu, au hasard, soit de la chlorpromazine soit du penfluridol. Sept documents ont été trouvés et vérifiés par les auteurs de la revue.
Données probantes trouvées
Seulement trois essais contrôlés randomisés, avec un total de 130 participants, ont satisfait aux exigences de la revue et fourni des données utilisables. La qualité des données probantes disponibles était faible, on n’a pas noté de différence réelle entre la chlorpromazine et le penfluridol pour les admissions à l'hôpital, l'incidence de l'acathisie ou le nombre de participants quittant l'étude plus tôt. Il n'y a pas eu de décès pendant les essais. Nous n'avons pas été en mesure d'utiliser les données disponibles pour l'état global et mental en raison de la mauvaise qualité des rapports. De plus, aucune étude ne rapportait de données sur les rechutes.
Conclusions
Nous ne pouvons pas tirer de conclusions définitives sur l'efficacité comparable de la chlorpromazine et du penfluridol avec des données de si faible qualité - mais le penfluridol n’a besoin d’être administré qu'une fois par semaine, ce qui pourrait améliorer la mauvaise observance du traitement, courante dans la schizophrénie. Il est important de noter la nécessité de plus d’essais de qualité pour des médicaments si anciens.
Seulement trois petites études ont fourni des données et la qualité des rapports et des données probantes est faible. Des données limitées indiquent que les profils d'efficacité et d'effets indésirables de la chlorpromazine et du penfluridol sont généralement similaires. Le penfluridol pourrait cependant conférer un avantage en n'ayant besoin d'être administré qu'une fois par semaine. Il n'est pas possible de tirer des conclusions définitives sans essais de bonne qualité, et lorsque ces traitements sont utilisés, de tels essais sont justifiés.
L'efficacité de la chlorpromazine, un antipsychotique de référence, n'a pas été pleinement évaluée en comparaison directe avec différents antipsychotiques individuels. Le penfluridol est un autre antipsychotique ancien dont la demi-vie est longue, de sorte qu'une dose orale peut être efficace jusqu'à une semaine. Cela pourrait conférer un avantage.
Evaluer les effets cliniques de la chlorpromazine comparativement au penfluridol chez les adultes schizophrènes.
Le 31 mars 2017, nous avons effectué une recherche dans le registre des essais cliniques du Groupe Cochrane sur la schizophrénie, fondé sur des recherches régulières dans CINAHL, BIOSIS, AMED, Embase, PubMed, MEDLINE, PsycINFO et les registres des essais cliniques. Aucune limite n’est imposée quant à la langue, la date, le type de document ou le statut de publication pour l'inclusion des documents dans le registre.
Nous avons inclus tous les essais cliniques randomisés portant sur la chlorpromazine par rapport au penfluridol chez les adultes atteints de schizophrénie ou de troubles connexes. Les critères de jugement étaient le décès, l'utilisation des services, l'état global, l'état mental, les effets indésirables et l’abandon prématuré de l'étude. Nous avons inclus les essais répondant à nos critères de sélection et présentant des données utilisables.
Nous avons extrait les données de manière indépendante. Pour les critères de jugement binaires, nous avons calculé le risque relatif (RR) et son intervalle de confiance (IC) à 95 % en intention de traiter. Pour les données continues, nous prévoyions d’estimer la différence moyenne (DM) entre les groupes et son IC à 95 %. Nous avons utilisé un modèle à effets fixes pour les analyses. Nous avons évalué le risque de biais pour les études incluses et avons créé un tableau « Résumé des résultats » à l'aide de GRADE.
La revue comprend trois études auxquelles ont participé 130 personnes au total. Les résultats à court terme des admissions à l'hôpital n'ont pas montré de différence claire entre la chlorpromazine et le penfluridol (1 ECR, n = 29, RR 0,19, IC à 95 % 0,01 à 3,60, preuves de faible qualité). On n'a pas constaté de différence claire dans l'incidence de l'acathisie à moyen terme (2 ECR, n = 85, RR 0,19, IC à 95 % 0,04 à 1,06, données probantes de faible qualité) et un nombre semblable de participants - près de la moitié - de chaque groupe ont quitté l'étude prématurément (3 ECR, n = 130, RR 1,21, IC à 95 % 0,83 à 1,77, données probantes de faible qualité). Le risque d'avoir besoin d'un médicament antiparkinsonien supplémentaire était moindre dans le groupe traité par la chlorpromazine (2 ECR, n = 74, RR 0,70, IC à 95 % 0,51 à 0,95). Aucune donnée utilisable n'a fait état d'un changement cliniquement important de l'état global ou mental. Aucune donnée n'a été rapportée sur les rechutes. Aucun décès n'a été signalé par les essais.
Post-édition : Margaux Millet - Révision : Lise Mayrand (M2 ILTS, Université de Paris)