Contexte
Le taux de grossesses non désirées est élevé chez les jeunes de moins de 25 ans. Ceux-ci ont besoin de méthodes et services modernes de contrôle des naissances. Nous avons cherché des moyens d'éduquer les jeunes à la contraception suffisamment rapides pour une utilisation clinique.
Méthodes
Jusqu'au 7 mars 2016, nous avons effectué des recherches informatiques d'études randomisées et non randomisées. La stratégie éducative pouvait comporter jusqu'à trois séances de 15 à 60 minutes, accompagnées d'un suivi et devait porter sur une méthode de contraception efficace. Les principaux critères d'évaluation étaient la survenue d'une grossesse et l'utilisation de la contraception.
Résultats
Nous avons trouvé 11 études menées entre 1983 et 2015 sur 8338 femmes. Dix études ont été réalisées aux États-Unis et une en Chine. Nous nous sommes concentrés ici sur les cinq études qui faisaient apparaître un certain effet. Deux de celles-ci évaluaient le conseil spécialisé. Avec un an de recul, les adolescentes ayant bénéficié de ce conseil spécialisé adapté à leur âge utilisaient plus efficacement la contraception que celles ayant reçu un conseil standard.
Deux études utilisaient des outils audiovisuels en plus du conseil. Un essai concernait la présentation de diapositives sur la santé sexuelle à de jeunes hommes. À un an, le groupe de traitement était plus susceptible que le groupe témoin d'utiliser une contraception efficace et d'avoir une partenaire prenant un contraceptif oral. L'autre étude utilisait un programme informatique d'aide à la prise de décision pour les jeunes femmes. À un an, les femmes du groupe d'intervention sur un site étaient plus nombreuses à utiliser la contraception orale que celles du groupe témoin.
Deux autres études ont fait apparaître un certain effet. Dans un essai, les jeunes femmes bénéficiant d'un suivi téléphonique et d'un conseil étaient plus susceptibles d'utiliser de façon constante une contraception orale à trois mois et six mois que le groupe ayant reçu seulement le conseil. Également à trois mois, elles étaient plus susceptibles d'indiquer qu'elles avaient utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel. Un essai avec assignation à des sites comparait des services de contrôle des naissances après un avortement aux soins standard. Au bout de six mois, le groupe ayant bénéficié de services renforcés était plus susceptible d'utiliser une contraception efficace et d'employer systématiquement et correctement des préservatifs.
Conclusions des auteurs
Il existe peu d'études ayant testé des méthodes d'enseignement rapide auprès des jeunes. La moitié environ de ces études ont mis en évidence un certain effet, mais elles étaient différentes par leur méthodes, l'âge et la situation dans la vie des jeunes en question. Les stratégies plus intensives pourraient être plus efficaces, mais il serait difficile d'étendre leur utilisation à de nombreux établissements. Dans l'ensemble, la qualité des études n'était pas bonne.
Il existe peu d'études ayant testé des méthodes d'enseignement rapide auprès des jeunes. Nous avons noté une hétérogénéité entre les études en termes d'âge et de situation dans la vie des participants. Sur les cinq études ayant fait apparaître un certain effet, une apportait des preuves de qualité modérée et quatre étaient des études anciennes avec des preuves de mauvaise qualité. Des stratégies plus intensives pourraient être plus efficaces, mais il serait difficile d'étendre leur utilisation à de nombreux établissements.
Les taux élevés de grossesses non désirées et d'avortement chez les jeunes femmes dans le monde rend nécessaire l'amélioration de l'accès aux services modernes de contraception. En Afrique subsaharienne, le taux de naissances est de 121 pour 1000 parmi les jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans. Aux États-Unis, 6 % des adolescentes de 15 à 19 ans étaient enceintes en 2010. La plupart des grossesses chez les jeunes femmes âgées de moins de 25 ans ne sont pas désirées.
L'objectif était d'identifier les interventions éducatives courtes visant à améliorer l'utilisation de la contraception chez les jeunes et pouvant être mises en œuvre dans une clinique ou un établissement similaire disposant de ressources limitées.
Jusqu'au 7 mars 2016, nous avons recherché des études dans CENTRAL, PubMed, POPLINE, Web of Science, ClinicalTrials.gov et ICTRP.
Nous avons pris en compte les essais contrôlés randomisés (ECR) avec assignation d'individus ou de groupes, ainsi que des études non randomisées (ENR). Nous avons inclus les jeunes gens jusqu'à l'âge de 25 ans.
L'intervention devait être suffisamment rapide pour le contexte d'une clinique, c'est-à-dire comporter une à trois sessions de 15 à 60 minutes, accompagnées d'un éventuel suivi. Elle devait mettre l'accent sur une ou plusieurs méthodes de contraception efficaces. Les critères d'évaluation principaux étaient la survenue d'une grossesse et l'utilisation de contraceptifs.
Nous avons évalué les titres et résumés identifiés au cours des recherches. Un auteur a extrait et saisi les données dans Review Manager et un deuxième auteur a vérifié leur exactitude. Nous avons examiné la qualité méthodologique des études.
Pour les résultats dichotomiques, nous avons calculé le rapport de cotes de Mantel-Haenszel (RC) avec un intervalle de confiance (IC) à 95 %. Pour les variables continues, nous avons calculé la différence moyenne (DM) avec un IC à 95 %. Nous avons utilisé des mesures ajustées pour les ECR en grappes, habituellement des RC, rapportés par les investigateurs. Pour les ENR, dans lesquelles les facteurs de confusion doivent être contrôlés, nous avons également rapporté les mesures d'ajustement. Nous n'avons pas effectué de méta-analyse à cause des variations entre les interventions et les mesures de résultats.
Nous avons trouvé 11 études, publiées entre 1983 et 2015, qui portaient sur un total de 8338 participants. Dix avaient été réalisées aux États-Unis et une en Chine. Nous nous sommes concentrés ici sur les effets de l'intervention pour nos principaux critères d'évaluation. Cinq études ont montré certains effets sur l'utilisation de contraceptifs. Sur trois ECR étudiant des méthodes de conseil innovantes, une étude a mis en évidence un effet de l'intervention. À un an, les adolescentes ayant bénéficié d'un conseil de développement étaient plus susceptibles d'utiliser la contraception efficacement que celles ayant reçu un conseil standard (RC 48,38, IC à 95 % de 5,96 à 392,63).
Trois études associaient un outil audiovisuel au conseil ; deux de celles-ci ont rapporté un effet sur l'utilisation de contraceptifs. Une ENR portant sur de jeunes hommes âgés de 15 à 18 ans a examiné une présentation de diapositives associée à une consultation de santé reproductive. À un an, le groupe de l'intervention était plus susceptible que celui ayant reçu le suivi standard d'indiquer avoir utilisé une contraception efficace lors de leur dernier rapport sexuel et avoir une partenaire prenant des contraceptifs oraux (RC ajusté 1,51 et 1,66, respectivement). Une autre étude utilisait un programme informatique d'aide à la prise de décision pour la contraception en plus d'un conseil standard pour les femmes de 20 ans ou moins. À un an, les femmes du groupe d'intervention d'un site étaient moins nombreuses à ne pas utiliser de contraception orale que celles du groupe de conseil seul (3,4 % contre 8,8 %; P rapporté = 0,05).
Dans trois ECR, un suivi par téléphone était fourni après le conseil ; l'une des études a montré un effet sur l'utilisation de la contraception chez les femmes de 16 à 24 ans. Les femmes ayant reçu un conseil puis un suivi téléphonique pour encourager l'utilisation de contraceptifs étaient plus susceptibles que le groupe de conseil seul de rapporter une utilisation constante de contraceptifs oraux après trois mois (RC 1,41, IC à 95 % de 1,06 à 1,87) et six mois (RC 1,39, IC à 95 % de 1,03 à 1,87). Également à trois mois, elles étaient plus susceptibles d'indiquer qu'elles avaient utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel (RC 1,45, IC à 95 % de 1,03 à 2,03).
Deux essais randomisés en grappes ont porté sur la formation de prestataires aux méthodes de contraception et au conseil. Un essai ayant démontré un effet de l'intervention testait des services de contrôle des naissances complets après un avortement pour les femmes jusqu'à l'âge de 25 ans. À six mois, le groupe ayant bénéficié du service complet était plus susceptible que le groupe de soins standard de rapporter l'utilisation d'une contraception efficace (RC ajusté rapporté 2,03, IC à 95 % de 1,04 à 3,98) et l'utilisation systématique et correcte de préservatifs (RC ajusté rapporté 5,68, IC à 95 % de 3,39 à 9,53).
Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France