Principaux messages
1. Chez les personnes atteintes de bronchite chronique ou de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), les immunostimulants réduisent possiblement la probabilité qu'une personne ait une exacerbation et qu'elle ait besoin d'antibiotiques pour une exacerbation.
2. Nous ne sommes pas certains de l'effet des immunostimulants sur la réduction du risque de décès, sur l'amélioration de la qualité de vie ou sur la réduction de la durée des poussées ou des séjours hospitaliers.
3. Les immunostimulants ne sont pas associés à un risque accru d'effets secondaires.
Que sont la bronchopneumopathie chronique obstructive et la bronchite chronique ?
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et la bronchite chronique sont des maladies courantes qui affectent de façon permanente les voies respiratoires basses. Ils sont principalement causés par l'exposition à la fumée de cigarette ou à d'autres polluants atmosphériques. Les personnes atteintes de BPCO ou de bronchite chronique pourraient présenter des symptômes persistants d'essoufflement, de toux et de mucosité, et sont sujettes à des poussées (exacerbations) de ces symptômes. Les poussées peuvent être débilitantes, détériorer la fonction pulmonaire au fil du temps et provoquer d'autres exacerbations. Il existe plusieurs traitements standard pour aider à prévenir les poussées, qui sont recommandés chez presque toutes les personnes ayant reçu un diagnostic de BPCO. Il s'agit principalement d'arrêter de fumer, de participer à des programmes d'exercice physique, de se faire vacciner pour prévenir les infections et d'utiliser des médicaments spécifiques au moyen d'un dispositif d'inhalation.
Que sont les immunostimulants ?
Les immunostimulants sont un type de médicament qui n'est pas largement utilisé pour le traitement à long terme de la BPCO ou de la bronchite chronique. Certains scientifiques et médecins ont suggéré que les immunostimulants, ajoutés au traitement standard, pourraient contribuer à réduire la fréquence et la gravité des poussées chez ce groupe de patients, en stimulant la réponse du système immunitaire aux facteurs déclenchant les exacerbations (comme les infections par des virus ou des bactéries).
Que voulions-nous savoir ?
Nous avons voulu savoir si l'administration d'un médicament immunostimulant, en plus du traitement standard, réduisait la fréquence des poussées chez les adultes atteints de BPCO ou de bronchite chronique. Nous voulions également savoir si les immunostimulants réduisaient le risque de décès, amélioraient la qualité de vie et réduisaient la durée et la gravité des poussées.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché des études portant sur des adultes atteints de BPCO ou de bronchite chronique, ou des deux, qui se sont déroulées sur au moins 12 semaines. Les études doivent avoir divisé les participants d’une manière aléatoire pour qu'ils reçoivent soit un immunostimulant, soit un placebo (remplacement inactif d'un médicament), et avoir comparé directement les deux groupes. Nous avons inclus les immunostimulants de tout type et de toute voie d'administration, bien que nous ayons eu des critères pré-spécifiés quant à ce qui constituait un « immunostimulant », ce terme étant relativement large.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé 36 études impliquant 6192 participants. Ces études ont porté sur une variété d'immunostimulants sur des durées allant de trois à 14 mois.
Les résultats ont montré que les participants recevant des immunostimulants étaient légèrement moins susceptibles de souffrir d'exacerbations sur une durée moyenne de six mois, par rapport à ceux qui avaient reçu un placebo. Traiter 11 personnes avec des immunostimulants pendant six mois éviterait une personne d’avoir une poussée. Nous avons également constaté que les immunostimulants ont probablement réduit la nécessité d'antibiotiques pour une poussée. Les immunostimulants semblent être sûrs, bien tolérés et non associés à un risque accru d'effets secondaires.
L'impact des immunostimulants sur le décès, la qualité de vie, la durée des poussées et la durée des séjours hospitaliers dus à une poussée n'était pas clair. Les immunostimulants ont été préférés au placebo dans la plupart des études qui ont examiné ces critères de jugement.
Quelles étaient les limites des données probantes ?
Dans l'ensemble, nous sommes modérément confiants dans ces résultats. Notre confiance a été réduite par la différence de certains résultats entre les études, le petit nombre d'études incluses dans certaines analyses et, dans certains cas, par le fait que nous n'avions pas suffisamment de données ou de participants pour déterminer si les immunostimulants étaient vraiment meilleurs ou identiques au placebo.
Ces données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes sont à jour jusqu'en janvier 2022.
Chez les participants atteints de bronchite chronique ou de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), nous sommes modérément confiants que le traitement par immunostimulants est associé à une réduction légère dans la probabilité d'avoir une exacerbation et à une réduction modérée de besoin d'antibiotiques. Le faible nombre d'événements limite l'interprétation de l'effet des immunostimulants sur la mortalité toutes causes confondues et sur la mortalité liée aux troubles respiratoires. Nous ne sommes pas certains si les immunostimulants améliorent la qualité de vie et s'ils sont associés à une réduction de la durée des exacerbations et des séjours hospitaliers liées aux troubles respiratoires, bien que les immunostimulants soient généralement associés à une direction d'effet positive dans les études qui ont examiné ces critères de jugement. Les immunostimulants semblent être sûrs et bien tolérés, et ne sont pas associés à un risque accru d'événements indésirables.
Les personnes atteintes d'une bronchite chronique ou d'une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) pourraient souffrir d'exacerbations récurrentes, qui ont un impact négatif sur le pronostic et la qualité de vie, et peuvent imposer une charge socio-économique significative à l'individu et à la société en général. Les immunostimulants constituent une vaste catégorie de traitements qui pourraient théoriquement renforcer l'immunité non spécifique contre plusieurs agressions respiratoires, réduisant ainsi le risque et la gravité des exacerbations. Cependant, les données probantes à ce jour de leur utilisation dans cette population sont limitées.
Déterminer l'efficacité des immunostimulants dans la prévention des exacerbations respiratoires chez les adultes atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive, de bronchite chronique ou des deux.
Nous avons utilisé les stratégies de recherche standard de Cochrane. La dernière recherche documentaire a été effectuée le 25 janvier 2022.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) qui comparaient un traitement immunostimulant, administré par n'importe quelle méthode et avec l'intention de prévenir (plutôt que de traiter) les exacerbations, avec un placebo pour une durée de traitement minimale d'un mois chez des adultes atteints de bronchite chronique ou de BPCO, ou des deux. Nous avons exclu les participants souffrant d'autres maladies respiratoires.
Nous avons utilisé les méthodes standard de Cochrane. Nos critères de jugement principaux étaient le nombre de participants n'ayant pas eu d'exacerbation pendant la période d'étude, et la mortalité toutes causes confondues. Les critères de jugement secondaires étaient la mortalité liée aux troubles respiratoires, la qualité de vie, le nombre de participants ayant eu besoin d'antibiotiques, la durée de l'exacerbation, la nécessité d’hospitalisation liée aux troubles respiratoires et les événements indésirables/effets secondaires. Nous avons utilisé GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes pour chaque critère de jugement.
Cette revue a inclus 36 études incluant 6192 participants. Les études ont été publiées entre 1981 et 2015. La durée varie de trois à 14 mois. L'âge moyen des participants à l'étude variait entre 35,2 et 82 ans. Douze études ont examiné des participants atteints de BPCO uniquement. Dix-sept études ont rapporté les valeurs à l’inclusion de la fonction pulmonaire ; la plupart ont indiqué une limitation modérée à sévère des flux d'air. Dix-neuf études ont inclus des participants dont la fréquence moyenne des exacerbations était de deux ou plus au cours de l'année précédente. Les immunostimulants étudiés étaient OM-85, AM3, RU41740 (Biostim), Ismigen, Diribiotine CK, thymomoduline, pidotimod, D53 (Ribomunyl), Lantigen B, Symbioflor et hyaluronane ; les voies d'administration étaient orale, sublinguale et sous-cutanée. Le risque de biais dans les études incluses était pour la plupart faible ou incertain.
Les participants recevant des immunostimulants pendant une durée moyenne de six mois étaient légèrement moins susceptibles d’avoir des exacerbations pendant cette période (rapport des cotes (RC) 1,48, intervalle de confiance (IC) à 95 % 1,15 à 1,90 ; 15 ECR, 2 961 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Le nombre de sujets à traiter (NST) avec des immunostimulants pendant une durée moyenne de six mois pour éviter un participant de subir une exacerbation était de 11 (IC à 95 % : 7 à 29). Ce critère de jugement a été associé à un degré modéré d'hétérogénéité inexpliquée (I2 = 53 %). Le type d'immunostimulant, la fonction pulmonaire à l’inclusion, la fréquence des exacerbations à l’inclusion, la durée du traitement et la durée du suivi n'ont pas modifié la taille de l'effet, bien qu'en raison de l'hétérogénéité et du nombre limité d'études et de participants dans certains sous-groupes, la validité des estimations de l'effet du traitement dans les sous-groupes était incertaine.
Les immunostimulants entraînent probablement peu ou pas de différence dans la mortalité toutes causes confondues (RC 0,64, IC à 95 % 0,37 à 1,10 ; 5 ECR, 1558 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) et dans la mortalité liée aux troubles respiratoires (RC 0,40, IC à 95 % 0,15 à 1,07 ; 2 ECR, 735 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) par rapport au placebo ; cependant, les effets étaient imprécis et la qualité des données a limité le niveau de confiance de ces résultats.
Une légère amélioration de la qualité de vie liée à la santé, mesurée par le Questionnaire Respiratoire du St George’s Hospital (QRSG), a été constatée avec l'immunostimulant par rapport au placebo (différence de moyennes -4,59, IC à 95 % -7,59 à -1,59 ; 2 ECR, 617 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). L'estimation de l'effet a atteint le score de la différence minimale cliniquement importante (DMCI) de 4 unités ; cependant, la largeur de l'IC signifie que la possibilité d'une différence non significative ne peut être exclue.
Le résultat regroupé de cinq études a indiqué que les immunostimulants réduisent probablement le nombre de participants nécessitant des antibiotiques sur une durée moyenne de six mois (RC 0,34, IC à 95 % 0,18 à 0,63 ; 542 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Ce critère de jugement présentait un degré faible à modéré d'hétérogénéité (I2 = 38 %), mais la direction de l'effet était cohérente dans toutes les études.
Il n'y a pas de données probantes de différence dans la probabilité de subir un événement indésirable avec l'immunostimulant par rapport au placebo, sur une durée moyenne de six mois (RC 1,01, IC à 95 % 0,84 à 1,21 ; 20 ECR, 3780 participants ; données probantes d’un niveau de confiance élevé). Les limites de l'IC pour le risque relatif (RR) associé n'ont pas franchi les seuils de risque ou de bénéfice appréciable (RR 1,02, IC à 95 % 0,92 à 1,13). Sept autres études n'ont rapporté aucun taux d'événements dans les deux groupes d'étude.
Les méta-analyses n'ont pas été réalisées pour les critères de jugement de la durée de l'exacerbation et de la durée de l'hospitalisation liée aux troubles respiratoires, en raison des niveaux élevés d'hétérogénéité entre les études incluses (durée de l'exacerbation : I2 = 92 % ; durée d'hospitalisation liée à la respiration : I2 = 83 %). Les résultats d'un diagramme de direction de l'effet et d'un test de probabilité binomiale pour la durée des exacerbations ont indiqué qu'une proportion significative d'études (94 % (IC à 95 % 73 % à 99 %) ; P = 0,0002) favorisait l'intervention, ce qui pourrait indiquer que les immunostimulants sont efficaces dans la réduction de la durée moyenne des exacerbations par rapport au placebo. Toutefois, le degré d'incertitude associé à cette estimation est resté élevé en raison de la qualité et de l'hétérogénéité des données. Trois études ont rapporté la durée moyenne de l'hospitalisation liée à la respiration, deux d'entre elles ont démontré une direction d'effet favorisant l'immunostimulant par rapport au placebo.
Post-édition effectuée par Khalil El Gharib et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr