Principaux messages
- Nous sommes très incertains quant aux bénéfices et aux risques de la chirurgie qui n'affecte pas la fertilité (interventions chirurgicales « préservant la fertilité »), avec ou sans chimiothérapie, pour les néoplasies trophoblastiques gestationnelles à faible risque qui ne se sont pas propagées à d'autres parties du corps (« non métastatiques »).
- Des études de plus grande envergure et bien conçues seraient nécessaires pour déterminer les bénéfices et les risques de la chirurgie de préservation de la fertilité chez les femmes présentant une néoplasie trophoblastique gestationnelle à faible risque et non métastatique.
Qu'est-ce que la néoplasie trophoblastique gestationnelle ?
La néoplasie trophoblastique gestationnelle (NTG) est un cancer rare qui peut se développer dans l'utérus après une grossesse, en particulier une grossesse molaire (lorsqu'il y a un problème avec l'ovule fécondé, ce qui signifie que le bébé et le placenta ne se développent pas comme ils le devraient). Elle peut provoquer des saignements anormaux ou des taux d'hormones élevés. Le traitement fait généralement appel à la chimiothérapie ou à la chirurgie, ou aux deux, en fonction de la gravité du cancer. La chimiothérapie est le traitement standard pour les patientes atteintes d'une néoplasie trophoblastique gestationnelle à faible risque et non métastatique (NTGNM-FR), mais cela peut affecter la capacité d'une femme à tomber enceinte. Les interventions chirurgicales « préservant la fertilité » pourraient être utilisées comme une alternative pour les patients atteints de NTGNM-FR qui souhaitent préserver leur fertilité. Le fait de bénéficier d'une chirurgie de préservation de la fertilité dans le cadre de NTGNM-FR pourrait éviter les effets secondaires d'un traitement par chimiothérapie.
Que voulions-nous savoir ?
Nous voulions savoir comment les interventions chirurgicales de préservation de la fertilité affectent le taux de réussite du traitement, le temps jusqu'à la rémission, la rechute, le décès dû à la maladie, le décès dû au traitement, le taux de grossesse, la qualité de vie, le nombre de cycles de chimiothérapie, tout événement indésirable et l'ablation d'urgence de l'utérus.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché des études portant sur l'efficacité d'une intervention chirurgicale de préservation de la fertilité par rapport à la chimiothérapie (comparaison 1), ou sur l'association d'une intervention chirurgicale de préservation de la fertilité et d'une chimiothérapie par rapport à la chimiothérapie seule (comparaison 2), et sur la question de savoir si l'intervention chirurgicale entraînait des effets indésirables chez les femmes atteintes d'une NTGNM-FR. Nous avons comparé et résumé les résultats des études et évalué le niveau de confiance des données probantes.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé deux études portant sur 62 personnes pour la comparaison 1 et 89 personnes pour la comparaison 2. L'intervention chirurgicale de préservation de la fertilité utilisée dans les deux études était le curetage utérin, qui consiste à retirer les cellules anormales de la muqueuse utérine à l'aide d'un instrument ressemblant à une cuillère.
Résultats principaux
Pour la comparaison 1, la seule étude évaluant l'intervention chirurgicale de préservation de la fertilité par rapport à la chimiothérapie n'a pas rapporté les critères de jugement d'intérêt : taux de réussite du traitement, rechute, décès dû à la maladie, décès dû au traitement, taux de grossesse ou qualité de vie, ou tout événement indésirable.
Une seule étude a évalué la comparaison 2. Nous ne savons pas avec certitude si le curetage utérin suivi d'une chimiothérapie a un effet indésirable sur le taux de réussite du traitement, les rechutes, les décès dus à la maladie, les décès dus au traitement, le taux de grossesse ou tout autre événement indésirable, par rapport à la chimiothérapie seule. La qualité de vie n'a pas été prise en compte dans l'étude.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Nous sommes très incertains quant aux bénéfices et aux risques d'une intervention chirurgicale visant à préserver la fertilité dans les cas de NTGNM-FR. Nous ne sommes pas convaincus par les données probantes pour trois raisons principales. Tout d'abord, le plan d'étude des études incluses les expose à un risque de biais élevé. Deuxièmement, il n'y avait qu'une seule étude pour chaque comparaison, et elles comportaient toutes un petit nombre de participants. Enfin, il y avait des lacunes dans les informations sur les critères de jugement que nous jugeons les plus importants pour l'évaluation de la chirurgie de préservation de la fertilité avec ou sans chimiothérapie par rapport à la chimiothérapie seule dans le cas de la NTGNM-FR.
Ces données probantes sont-elles à jour ?
Nous avons recherché des données probantes jusqu'au 31 janvier 2024.
Le curetage utérin est la seule intervention chirurgicale permettant de préserver la fertilité en cas de néoplasie trophoblastique gestationnelle non métastatique à faible risque (NTGNM-FR) qui ait été évaluée dans le cadre d'un essai contrôlé randomisé. Les données probantes sont très incertaines quant aux bénéfices et aux risques du curetage utérin, avec ou sans chimiothérapie adjuvante ultérieure, par rapport à la chimiothérapie primaire seule. Les deux études disponibles sont de petite taille et présentent un risque de biais élevé, et les recherches futures pourraient aboutir à des résultats substantiellement différents pour tous les critères de jugement rapportés. Des ECR de plus grande envergure, avec des critères de jugement clinique appropriés, seraient nécessaires pour déterminer les bénéfices ou les risques des interventions chirurgicales de préservation de la fertilité pour cette population.
La chimiothérapie est la principale approche thérapeutique pour traiter la néoplasie trophoblastique gestationnelle non métastatique à faible risque (NTGNM-FR) chez les femmes souhaitant préserver leur fertilité. Une autre option de traitement consiste en des interventions chirurgicales préservant la fertilité, seules ou en association avec une chimiothérapie adjuvante. Les avantages supposés du choix d'une chirurgie de préservation de la fertilité dans les cas de la NTGNM-FR comprennent l'évitement potentiel des effets indésirables associés à la chimiothérapie, la réduction potentielle du nombre de cycles de chimiothérapie nécessaires pour obtenir une rémission complète, et la réduction potentielle du délai de rémission.
Mesurer les bénéfices et les risques des interventions chirurgicales de préservation de la fertilité, avec ou sans chimiothérapie adjuvante, par rapport à la chimiothérapie primaire seule, pour le traitement des femmes atteintes d'une néoplasie trophoblastique gestationnelle à faible risque et non métastatique (NTGNM-FR).
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, Web of Science, ClinicalTrials.gov et l’ICTRP de l’OMS jusqu'au 31 janvier 2024. Nous avons également recherché les résumés des réunions scientifiques et les références bibliographiques des études incluses.
Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant les interventions chirurgicales de préservation de la fertilité, avec ou sans chimiothérapie adjuvante ultérieure, à la chimiothérapie primaire en tant que traitement standard pour le traitement des femmes atteintes d'une NTGNM-FR.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard de Cochrane sur la méthodologie. Nous avons utilisé l'approche GRADE pour évaluer le niveau de confiance de données probantes pour chaque critère de jugement, s'il était disponible. Nous nous sommes concentrés sur les critères de jugement suivants : taux de réussite du traitement, rechute, mortalité spécifique à la maladie, décès dû au traitement, taux de grossesse, qualité de vie et tout événement indésirable.
Nous avons inclus deux ECR, avec un total de 151 participants qui ont fourni des données pour nos analyses. Les deux études ont utilisé le curetage utérin comme intervention chirurgicale de préservation de la fertilité.
Intervention chirurgicale préservant la fertilité sans chimiothérapie adjuvante ultérieure par rapport à une chimiothérapie primaire seule
Cette comparaison a été évaluée dans le cadre d'un ECR auquel ont participé 62 personnes dont les taux de hCG (hormone chorionique gonadotrophique) variaient. La plupart de nos critères de jugement d'intérêt n'ont pas été mesurés dans cette étude. Le risque relatif de subir un événement indésirable n'a pas pu être estimé car les effets indésirables de la chimiothérapie n'ont pas été rapportés. L'étude rapporte qu'il n'y a pas eu de complications chirurgicales. Une chimiothérapie a été administrée à 50 % des participantes du groupe d'intervention après le curetage en raison de l'augmentation de leur taux de hCG.
Intervention chirurgicale préservant la fertilité avec chimiothérapie adjuvante subséquente par rapport à la chimiothérapie primaire seule
Un ECR impliquant 89 participants avec des taux de hCG < 5000 UI/L a évalué cette comparaison. Nous avons jugé que le risque de biais de l'étude était élevé. Les données probantes étaient très incertaines quant à l'effet du curetage utérin suivi d'une chimiothérapie adjuvante sur le taux de réussite du traitement (RR 1,03, IC à 95 % 0,86 à 1,23 ; 86 participants), la rechute (RR 0,5, IC à 95 % 0,05 à 5,31 ; 86 participants), le taux de grossesse (RR 0,86, IC à 95 % 0,31 à 2,34 ; 86 participants) et le taux d'événements indésirables (RR 1,15, IC à 95 % 0,63 à 2,13 ; 86 participants), données probantes de niveau de confiance très faible pour tous. Les risques relatifs de mortalité spécifique à la maladie et de décès dus au traitement n'ont pas pu être estimés car il n'y a pas eu de décès dans l'un ou l'autre groupe. Il n'y a pas de résultats concernant la qualité de vie car ce critère de jugement n'a pas été rapporté.
Post-édition effectuée par Elissar El Chami et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr