La cataracte est la principale cause de cécité dans le monde ; elle est généralement due au processus de vieillissement normal. La cataracte est la perte de la transparence naturelle du cristallin de l'œil. La cataracte se traite par une intervention chirurgicale consistant à extraire le cristallin et à le remplacer par un cristallin artificiel. La chirurgie de la cataracte est généralement réalisée sous anesthésie locale. La forme d'anesthésie offrant le meilleur soulagement de la douleur et les meilleures conditions opératoires pour l'intervention chirurgicale reste un sujet de débat.
L'anesthésie topique est effectuée en déposant des gouttes ou un gel d'anesthésique local sur la surface de l'œil. Au cours de l'opération, cette anesthésie peut être renforcée par l'injection d'un anesthésique local dans la partie avant de l'œil (injection intracamérulaire) à l'aide d'une aiguille à pointe émoussée introduite dans l'incision chirurgicale. L'anesthésie sous-ténonienne consiste tout d'abord à insensibiliser la surface de l'œil avec des gouttes d'anesthésique local. Le patient est alors prié de diriger son regard vers le haut et vers l'extérieur. La membrane qui tapisse la face avant de l'œil est maintenue avec des pinces à pointe émoussée et une petite incision y est pratiquée au ciseau courbe à bout rond. Une petite canule mousse sous-ténonienne est glissée dans cette boutonnière et dirigée vers l'arrière de l'œil et le long du globe pour injecter un anesthésique local dans l'espace sous-ténonien.
Cette revue s'est basée sur sept études impliquant 617 patients.
La revue a montré que l'anesthésie sous-ténonienne offrait un meilleur soulagement de la douleur comparé à l'anesthésie topique pendant une opération de la cataracte. L'administration de l'anesthésie topique était un peu moins douloureuse que l'anesthésie sous-ténonienne. Les chirurgiens tout comme les patients ont préféré l'anesthésie sous-ténonienne et les complications graves ont été plus nombreuses avec l'anesthésie topique qu'avec l'anesthésie sous-ténonienne, bien que l'anesthésie sous-ténonienne ait eu tendance à causer davantage de problèmes mineurs, d'ordre esthétique. Aucune complication engageant le pronostic vital n'a été rapportée dans aucune des études. Cinq des sept études ont utilisé des méthodes cliniques faibles.
L'anesthésie sous-ténonienne offre un meilleur soulagement de la douleur que l'anesthésie topique pour la chirurgie de la cataracte.
L'anesthésie locale pour une chirurgie de la cataracte peut être fournie par l'anesthésie sous-ténonienne ou l'anesthésie topique. Bien qu'il y ait peu de travaux suggérant des avantages pour l'une ou l'autre de ces techniques, il n'y a eu aucune tentative systématique récente de comparaison des deux techniques pour l'ensemble des critères de jugement pertinents.
Comparer l'efficacité de l'anesthésie topique (avec ou sans injection intracamérulaire d'anesthésique local) et l'anesthésie sous-ténonienne en termes de soulagement de la douleur pendant la chirurgie de la cataracte.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (The Cochrane Library, 2006, numéro 2), MEDLINE (de 1990 à juillet 2006), EMBASE (de 1990 à juillet 2006) et dans les listes bibliographiques des articles. Aucune restriction basée sur la langue ou le statut de publication n'a été appliquée.
Nous avons inclus toutes les études randomisées ou quasi-randomisées comparant l'anesthésie sous-ténonienne avec l'anesthésie topique pour la chirurgie de la cataracte.
Deux auteurs ont, de manière indépendante, évalué la qualité des essais et extrait les données. Nous avons contacté les auteurs des études afin d'obtenir des informations complémentaires. Nous avons également recueilli des informations issues des essais sur les effets indésirables.
Sept études portant sur 617 patients et 742 yeux opérés ont été examinées. Cinq études ont utilisé des données non jumelées, avec un seul œil opéré ; deux études ont utilisé des données jumelées avec les deux yeux opérés. La technique chirurgicale était une incision en cornée claire dans cinq études et une incision du tunnel scléral dans deux études. La qualité globale des études n'était pas remarquable, avec une seule étude en triple aveugle (patient, chirurgien et évaluateur n'ayant pas connaissance des groupes de traitement) et trois autres en simple aveugle. L'assignation secrète et les méthodes de randomisation n'étaient décrites que dans deux études. Trois études non jumelées ont montré que l'anesthésie sous-ténonienne a permis de mieux soulager la douleur peropératoire par rapport à l'anesthésie topique (différence moyenne pondérée combinée (fixe) 1,28 ; IC à 95% : de 0,83
à 1,72). Les différences des scores de douleur ne sont pas nécessairement cliniquement significatives, bien que statistiquement significatives. Les différences ne sont pas de très grande ampleur et sont faussées vers l'extrémité inférieure de l'échelle visuelle analogique, mais toutes les études affichent avec la même constance davantage de douleur dans le groupe anesthésie topique. Ce résultat a également été conforté par une étude jumelée qui a montré que le score moyen de douleur dans le groupe topique était de 1,13 (écart-type 1,57) comparativement à 0,57 (écart-type 1,28) dans le groupe sous-ténonien (P < 0,001). Trois de ces études ont utilisé une échelle visuelle analogique à 10 points, une étude a utilisé une nouvelle échelle à 5 points. D'autres mesures de résultats ont apporté une confirmation supplémentaire. L'anesthésie sous-ténonienne a causé plus de chémosis et d'hémorragies sous-conjonctivales, bien qu'il s'agisse de conséquences purement esthétiques. Les complications les plus graves, à savoir les cas de rupture de la capsule postérieure et de perte du vitré ont été deux fois plus nombreuses dans le groupe avec anesthésie topique que dans celui avec anesthésie sous-ténonienne (4,3 % versus 2,1 %).