Chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque, le soutien téléphonique structuré et le télé-monitorage non invasif à domicile réduisent le risque de mortalité toutes causes confondues et les hospitalisations en lien avec l'insuffisance cardiaque ; ces interventions ont également montré des améliorations de la qualité de vie liée à la santé, des connaissances sur l'insuffisance cardiaque et des comportements d'auto-soins. Les études ont également démontré la satisfaction des participants vis-à-vis de la majorité des interventions ayant évalué ce critère de jugement.
Les programmes spécialisés de prise en charge de l'insuffisance cardiaque visent à améliorer les soins, les résultats cliniques et / ou à réduire l'utilisation des soins de santé. Depuis la dernière version de cette revue en 2010, plusieurs nouveaux essais de soutien téléphonique structuré et de télé-monitorage non invasif à domicile ont été publiés, lesquels ont soulevé des questions quant à leur efficacité.
Revue des essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur un soutien téléphonique structuré ou un télé-monitorage à domicile non invasif, en comparaison à la pratique standard, chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque, afin de quantifier les effets de ces interventions en plus des soins habituels.
Nous avons procédé à une mise à jour des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), la base des résumés des revues systématiques hors Cochrane (DARE - Database of Abstracts of Reviews of Effects), la base de données des évaluations en technologie de la santé (HTA - Health Technology Assessment Database) dans la Bibliothèque Cochrane, MEDLINE (OVID), EMBASE (OVID), CINAHL (EBSCO), Science Citation Index Expanded (SCI-EXPANDED), Conference Proceedings Citation Index-Science (CPCI-S) sur Web of Science (Thomson Reuters), AMED, Proquest Theses and Dissertations, IEEE Xplore et TROVE en janvier 2015. Nous avons effectué une recherche manuelle dans les références bibliographiques des études et revues systématiques pertinentes et dans des résumés de conférence. Nous n'avons appliquée aucune restriction sur la langue.
Nous avons inclus uniquement des ECR évalués par les pairs, publiés, qui comparaient un soutien téléphonique structuré ou un télé-monitorage à des soins habituels à domicile non invasifs de personnes souffrant d'insuffisance cardiaque chronique. L'intervention ou les soins habituels ne pouvaient pas inclure des visites à domicile conduites sous protocole ni des suivis en clinique plus intensifs que d'ordinaire (en général de quatre à six semaines).
Nous présentons les données sous forme de risques relatifs (RR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Les principaux critères de jugement incluaient la mortalité toutes causes confondues, les hospitalisations toutes causes confondues et les hospitalisations dues à un arrêt cardiaque, que nous avons analysées à l'aide d'un modèle à effets fixes. Les autres critères de jugement incluaient la durée de séjour, la qualité de vie liée à la santé, la connaissance sur l'insuffisance cardiaque et l'auto-soin, l'acceptabilité et le coût ; ces critères ont été décrits et compilés. Nous avons réalisé une méta-régression afin d'évaluer l'homogénéité (l'hypothèse nulle) dans chaque analyse de sous-groupe et pour voir si l'effet de l'intervention variait selon certaines variables quantitatives (telles que l'année de publication ou l'âge médian).
Nous avons inclus 41 études comportant soit un soutien téléphonique structuré ou un télé-monitorage à domicile non invasif chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque, dont 17 étaient nouvelles et 24 étaient incluses dans la précédente revue Cochrane. Dans la présente revue, 25 études évaluaient un soutien téléphonique structuré (huit nouvelles études, et une étude précédemment incluse mais classée comme télé-monitorage ; pour un total de 9332 participants), 18 évaluaient un télé-monitorage (neuf nouvelles études ; 3860 participants au total). Deux des études incluses examinaient aussi bien le soutien téléphonique structuré que le télé-monitorage en comparaison à des soins habituels, soit 43 comparaisons mises en évidence.
Le télé-monitorage non invasif réduisait la mortalité toutes causes confondues (RR 0,80, IC à 95 % 0,68 à 0,94 ; 3740 participants ; 17 études ; I² = 24 %, GRADE : preuves de qualité modérée), ainsi que les hospitalisations dues à un arrêt cardiaque (RR 0,71, IC à 95 % 0,60 à 0,83 ; 2148 participants ; 8 études ; I² = 20 %, GRADE : preuves de qualité modérée). Le soutien téléphonique structuré réduisait la mortalité toutes causes confondues (RR 0,87, IC à 95 % 0,77 à 0,98 ; 9222 participants ; 22 études ; I² = 0 %, GRADE : preuves de qualité modérée) ainsi que les hospitalisations dues à un arrêt cardiaque (RR 0,85, IC à 95 % 0,77 à 0,93 ; 7030 participants ; 16 études ; I² = 27 %, GRADE : preuves de qualité modérée).
Ni le soutien téléphonique structuré ni le télé-monitorage n'a démontré une efficacité à réduire le risque d'hospitalisation toutes causes confondues (soutien téléphonique structuré : RR 0,95, IC à 95 % 0,90 à 1,00 ; 7216participants ; 16 études ; I² = 47 %, GRADE : preuves de très faible qualité ; télé-monitorage non invasif : RR 0,95, IC à 95 % 0,89 à 1,01 ; 3332 participants; 13 études ; I² = 71 %, GRADE : preuves de très faible qualité).
Sept études de soutien téléphonique structuré ont rapporté la durée du séjour, l'une des études rapportant une réduction significative de la durée de séjour à l'hôpital. Neuf études de télé-monitorage ont rapporté la durée du séjour, l'une des études rapportant une réduction significative de la durée de séjour avec une intervention. Une étude de télé-monitorage a rapporté une grande différence dans le nombre total d'hospitalisations (de plus de trois jours), mais cela n'était pas une analyse de la durée de séjour par hospitalisation. Neuf des 11 études de soutien téléphonique structuré et cinq des 11 études de télé-monitorage ont rapporté des améliorations significatives dans la qualité de vie liée à la santé. Neuf études de soutien téléphonique structuré et six études de télé-monitorage ont rapporté les coûts d'intervention ou le rapport coût-efficacité. Trois études de soutien téléphonique structuré et une étude de de télé-monitorage ont rapporté une réduction des coûts et deux études de télé-monitorage ont rapporté des augmentations dans le coût, en raison à la fois du coût de l'intervention et à une augmentation de la prise en charge médicale. L'observance a été notée entre 55,1 % et 98,5 % pour ces études de soutien téléphonique structuré et de télé-monitorage qui ont rapporté ces résultats. L'acceptation de l'intervention par les participants a été rapportée dans l'intervalle de 76 % à 97 % pour les études ayant évalué ce résultat. Sept des neuf études qui mesuraient ces résultats ont rapporté des améliorations significatives dans la connaissance sur l'insuffisance cardiaque et les comportements d'auto-soin.
Traduction réalisée par Kader Irchad Barry et révisée par Cochrane France