Qu'est-ce qui fonctionne le mieux pour préserver l'os de la mâchoire après une extraction dentaire ?

Pourquoi cette question est-elle importante ?

L'avulsion dentaire est une procédure courante qui peut être utilisée par exemple pour :

- enlever les dents endommagées ou malades ;
- enlever des dents en malposition ; ou
- pour faire de la place aux autres dents.

Après une extraction dentaire, la partie de l'os de la mâchoire qui contenait la dent se résorbe car elle n'est plus nécessaire pour soutenir la dent. Si l'os se résorbe trop, cela peut :

- rendre difficile ou impossible le remplacement de la dent manquante par une dent artificielle (un implant) ; et
- affaiblir le soutien et la santé des dents voisines.

Pour limiter la perte osseuse après l'extraction d'une dent, les dentistes ou les chirurgiens peuvent effectuer une procédure appelée préservation de la crête alvéolaire (PCA). La PCA consiste à combler cavité (alvéole) laissée par la dent manquante (à l'aide de différents matériaux et techniques) et à la laisser cicatriser pendant plusieurs mois. L’alvéole peut être remplie d'os humain, animal ou synthétique. Elle peut être recouverte (pour empêcher les gencives de se développer dans l’alvéole) en utilisant :

- des matériaux qui, après un certain temps, sont naturellement absorbés par le corps ; ou
- des matériaux qui doivent être retirés par chirurgie lorsqu'ils ne sont plus nécessaires.

Pour savoir si la PCA permet de préserver l'os de la mâchoire après l'extraction d'une dent, nous avons examiné les données probantes issues des études de recherche. Nous voulions également savoir si certains matériaux et techniques de PCA sont meilleurs que d'autres.

Comment avons-nous identifié et évalué les données probantes ?

Tout d'abord, nous avons recherché dans la littérature médicale les études qui comparaient :

- La PCA par rapport à l’absence de PCA ; ou
- différents matériaux ou techniques PCA.

Nous avons ensuite comparé les résultats et résumé les données probantes issues de toutes les études. Enfin, nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes, sur la base de facteurs tels que les méthodes et la taille des études, ainsi que la cohérence des résultats entre les études.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé 16 études qui ont suivi un total de 426 adultes pendant au moins six mois. Les études ont eu lieu en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Europe et en Asie. Quatre études ont été soutenues par des sociétés pharmaceutiques et de dispositifs médicaux. Les autres études ont soit bénéficié d'un financement public, soit d'un financement non spécifique, soit n'ont pas indiqué la source de financement.

La PCA par rapport à l'absence de PCA

Huit études ont comparé la PCA à l'absence de PCA. Dans sept études, l'os animal a été utilisé pour combler l’alvéole laissée par la dent manquante. Dans une étude, l’alvéole a été remplie d'un os artificiel.

Perte osseuse : les données probantes issues d'études suggèrent que la PCA pourrait prévenir la perte osseuse après une extraction dentaire. Cependant, nous ne sommes pas sûrs de cette conclusion. Ceci est dû au fait que les études ont rapporté des résultats contradictoires et n'ont pas rapporté leurs méthodes clairement.

Complications : les données probantes concernant les complications (telles que l'a gêne ou la douleur) étaient mitigées. Une étude a rapporté un retard de guérison chez une personne après la PCA. Dans un autre cas, certaines personnes ont ressenti des douleurs et des gonflements après la PCA. D'autres n'ont pas rapporté de complications.

Implications pour les implants dentaires : les données probantes issues des études dans lesquelles la PCA a utilisé des os d'animaux suggèrent que la PCA porrait faire peu ou pas de différence dans la nécessité d'ajouter de l'os à la mâchoire avant de pouvoir insérer des implants. Cependant, nous ne sommes pas sûrs de cette conclusion. Ceci est dû au fait que les études ont rapporté des résultats contradictoires et n'ont pas rapporté leurs méthodes clairement.

On ne sait pas si la PCA affecte le succès des implants ou l'apparence des dents après l'implantation. Cela s'explique par le fait que trop peu d'études solides se sont penchées sur cette question.

Comparaisons entre différents matériaux

Huit études ont comparé l'utilisation de différents matériaux PCA (os animal contre os artificiel). En général, ces études n'ont pas fourni de données probantes suffisamment solides pour déterminer quels matériaux fonctionnent le mieux.

Perte osseuse : certaines données probantes suggèrent qu'il n'y a que peu ou pas de différence en matière de perte osseuse entre l'os animal et l'os artificiel. Cependant, nous ne sommes pas sûrs de cette conclusion. Ceci est dû au fait que les études ont rapporté des résultats contradictoires et n'ont pas rapporté leurs méthodes clairement.

Complications : les données probantes relatives aux complications sont mitigées. Certaines études ont fait état de rougeurs, de douleurs ou de gonflements, mais d'autres n'ont pas rapporté de complications.

Implications pour les implants dentaires : les données suggèrent que le matériau utilisé pourrait faire peu ou pas de différence quant à la nécessité d'ajouter de l'os à la mâchoire avant de pouvoir insérer des implants. Cependant, nous ne sommes pas sûrs de cette conclusion. Ceci est dû au fait que les études ont rapporté des résultats contradictoires et n'ont pas rapporté leurs méthodes clairement.

On ne sait pas si les différents matériaux et méthodes de PCA ont des effets différents sur le succès des implants ou sur l'apparence des dents après l'implantation. Cela s'explique par le fait que trop peu d'études solides se sont penchées sur cette question.

Qu’est-ce que cela signifie?

Nous ne savons pas ce qui fonctionne le mieux pour préserver l'os de la mâchoire après une extraction dentaire. Il n'est pas clairement établi :

- si la PCA est meilleure que l'absence de PCA ; ou
- si certains matériaux et techniques de PCA sont meilleurs que d'autres.

Cela s'explique par le fait que les données probantes actuellement disponibles ne sont pas suffisamment solides.

Les futures études qui exposent clairement leurs méthodes et suivent les individus sur de longues périodes permettront de renforcer les données probantes et de tirer des conclusions.

Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?

Les données probantes ont été mises à jour jusqu'en mars 2021.

Conclusions des auteurs: 

Les techniques de préservation de la crête alvéolaire (PCA) pourraient minimiser les changements globaux de la hauteur et de la largeur de la crête résiduelle six mois après l'extraction, mais les données probantes sont très incertaines. Il existe également un manque de données probantes quant aux différences en termes d'échecs de l'implantation, de critères de jugement esthétiques ou d'autres paramètres cliniques, en raison du manque d'informations ou de données à long terme. Il n'y a pas de données probantes indiquant une différence cliniquement significative entre les différents matériaux de greffe et les barrières utilisés pour la PCA. D'autres ECR à long terme qui suivent les recommandations CONSORT(www.consort-statement.org) sont nécessaires.

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Contexte: 

Les modifications de l'os alvéolaire consécutives à l'extraction d'une dent peuvent compromettre la réhabilitation prothétique. La préservation de la crête alvéolaire (PCA) a été proposée pour limiter ces remaniements et améliorer les résultats esthétiques et prothétiques lorsque des implants sont utilisés. Il s'agit d'une mise à jour de la Revue Cochrane publiée pour la première fois en 2015.

Objectifs: 

Évaluer les effets cliniques de différents matériaux et techniques de PCA après l'extraction de dents par rapport à l'extraction seule ou à d'autres méthodes de préservation de la crête ou aux deux, chez des patients nécessitant la pose d'implants dentaires après la cicatrisation des alvéoles d'extraction.

Stratégie de recherche documentaire: 

Le spécialiste de l'information du groupe Cochrane sur la santé bucco-dentaire a fait des recherches dans les bases de données suivantes : Le registre Cochrane des essais du groupe Cochrane sur la santé bucco-dentaires (jusqu'au 19 mars 2021), le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (la bibliothèque Cochrane 2021, numéro 2), MEDLINE Ovid (1946 au 19 mars 2021), Embase Ovid (1980 au 19 mars 2021), Latin American and Caribbean Health Science Information database (1982 au 19 mars 2021), Web of Science Conference Proceedings (1990 au 19 mars 2021), Scopus (1966 au 19 mars 2021), ProQuest Dissertations and Theses (1861 au 19 mars 2021) et OpenGrey (au 19 mars 2021). Le registre des essais cliniques en cours des National Institutes of Health des États-Unis (ClinicalTrials.gov) et le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'OMS ont été consultés pour les essais en cours. Aucune restriction concernant la langue ou la date de publication n'a été imposée lors des recherches dans les bases de données électroniques. Des recherches manuelles ont également été effectuées dans un certain nombre de revues.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) sur l'utilisation des techniques PCA avec un suivi d'au moins six mois. Les critères de jugement étaient : les changements de largeur bucco-linguale ou bucco-palatine et de hauteur verticale de la crête alvéolaire, les complications, la nécessité d'une augmentation supplémentaires avant la pose des implants, les critères de jugement esthétiques, les taux d'échec implantaire, les remaniements au niveau de l'os marginal péri-implantaire, les changements des profondeurs de sondage et des niveaux d'attache clinique sur les dents adjacentes au site d'extraction et les complications rencontrées par la suite lors de la réhabilitation prothétique.

Recueil et analyse des données: 

Deux investigateurs ont sélectionné les essais, extrait les données et évalué le risque de biais. Les auteurs correspondants ont été contactés afin d'obtenir des informations manquantes. Nous avons estimé les différences moyennes (DM) pour les critères de jugement continus et le risque relatif (RR) pour les critères de jugement dichotomiques, avec des intervalles de confiance (IC) à 95%. Nous avons présenté les principaux résultats dans des tableaux récapitulatifs de résultats et évalué niveau de confiance des données probantes en utilisant GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 16 ECR réalisés dans le monde entier, portant sur un total de 524 sites d'extraction chez 426 participants adultes. Nous avons évalué quatre essais comme présentant un risque élevé de biais et les autres essais comme présentant un risque de partialité incertain. Neuf nouveaux essais ont été inclus dans cette mise à jour, dont six nouveaux essais dans la catégorie comparant la PCA à l'extraction seule et trois nouveaux essais dans la catégorie comparant différents matériaux de greffe.

PCA par rapport à l’extraction : dans les sept essais comparant les xénogreffes à l'extraction seule, il existe des données probantes d’un niveau de confiance très faible indiquant une réduction de la perte de largeur de la crête alvéolaire (DM -1,18 mm, IC à 95 % -1,82 à -0,54 ; P = 0,0003 ; 6 études, 184 participants, 201 sites d'extraction) et de la hauteur (DM -1,35 mm, IC à 95 % -2,00 à -0,70 ; P < 0.0001 ; 6 études, 184 participants, 201 sites d'extraction) en faveur des xénogreffes, mais nous n'avons pas trouvé de données probantes indiquant une différence significative en ce qui concerne la nécessité d'une augmentation supplémentaire (RR 0,68, IC à 95 % 0,29 à 1,62 ; P = 0,39 ; 4 études, 154 participants, 156 sites d'extraction ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ou le taux d'échec des implants (RR 1,00, IC à 95 % 0,07 à 14,90 ; 2 études, 70 participants/sites d'extraction ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Dans le seul essai comparant les matériaux alloplastiques à l'extraction, il existe des données probantes d’un niveau de confiance très faible indiquant une réduction de la perte de hauteur de la crête alvéolaire (DM -3,73 mm ; IC à 95 % -4,05 à -3,41 ; 1 étude, 15 participants, 60 sites d'extraction) en faveur des matériaux alloplastiques. Cet essai unique n'a pas rapporté d'autres critères de jugement.

Différents matériaux de greffe pour la PCA : trois essais (87 participants/sites d'extraction) ont comparé l'allogreffe à la xénogreffe, deux essais (37 participants, 55 sites d'extraction) ont comparé les matériaux alloplastiques à la xénogreffe, un essai (20 participants/sites d'extraction) a comparé matériaux alloplastiques avec et sans membrane, un essai (18 participants, 36 sites d'extraction) a comparé l'allogreffe avec et sans peptide synthétique de liaison cellulaire P-15, et un essai (30 participants/sites d'extraction) a comparé les matériaux alloplastiques avec différentes tailles de particules. Les données probantes étaient d'un niveau de confiance très faible pour la plupart des comparaisons et insuffisantes pour déterminer s'il existe des différences cliniquement significatives entre les différentes techniques de PCA en fonction des changements de largeur et de hauteur de la crête alvéolaire, de la nécessité d'une augmentation supplémentaire avant la pose d'un implant ou de l'échec de l'implant.

Nous n'avons pas trouvé d’essai évaluant les paramètres relatifs aux niveaux d'attachement clinique, aux critères de jugement esthétiques ou prothétiques spécifiques pour l'une ou l'autre des comparaisons.
Des effets indésirables graves n’ont pas été rapportés, la plupart des essais indiquant que la procédure s'est déroulée sans incident. Parmi les complications rapportées, citons un retard de cicatrisation avec exposition partielle de la table externe au moment du retrait de la suture, une douleur et un gonflement postopératoires, un glaçage modéré, une rougeur et un œdème, une exposition de la membrane et une perte partielle du matériau de greffe, ainsi que des adhérences fibreuses au niveau de la partie cervicale des alvéoles précédemment préservées, pour les comparaisons xénogreffes contre extraction, allogreffes contre xénogreffes, les matériaux alloplastiques contre xénogreffes, et matériaux alloplastiques avec et sans membrane.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Emmanuel Gouet et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.