Utilisation de Hyaluronidase pour réduire les traumatismes du périnée pendant l'accouchement par voie basse

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Les accouchements par voie basse sont associés à des traumatismes périnéaux pouvant être des déchirures inattendues ou chirurgicales comme en cas d’épisiotomie. De nombreuses techniques ont été utilisées pour prévenir les traumatismes du périnée, tels que le massage périnéal prénatal ou l'application de compresses chaudes. Leur efficacité pour réduire les traumatismes périnéaux a été identifiée par des chercheurs. L’injection de hyaluronidase au niveau périnéal était largement utilisée dans les années 50 et 60 pour réduire l'incidence des traumatismes du périnée, la douleur et la nécessité de recourir à une épisiotomie. Les auteurs de cette revue ont parcouru la littérature médicale à la recherche d’essais contrôlés randomisés comparant l'injection périnéale d’HAase pendant la deuxième phase du travail avec l’injection périnéale de placebo ou l'absence d'intervention. Ils ont identifié quatre essais contrôlés randomisés portant sur 599 femmes (avec des données disponibles pour 595 femmes). La qualité méthodologique de deux des quatre essais inclus dans cette revue était médiocre.

Deux essais portant sur 283 femmes comparaient les effets d’une injection d’HAase au niveau périnéal à ceux d’une injection de placebo, au cours de la deuxième phase du travail et ils étaient à faible risque de biais. Trois essais (un essai composé de trois bras a été analysé deux fois) incluant 373 femmes comparaient les effets de l'injection d’HAase au niveau du périnée, pendant la deuxième phase du travail, à l'absence d'intervention. Les résultats globaux ont montré que l'injection périnéale d’HAase s’accompagnait d’une incidence significativement plus faible de traumatismes du périnée, par rapport au témoin ou à l'absence d'intervention, mais il n'y avait aucune différence sur l'incidence des épisiotomies, et des déchirures périnéales de premier et second degré ou plus graves (troisième et quatrième degré).

Il n'y avait aucune preuve évidente que l'injection d’HAase ait réduit l’incidence des traumatismes périnéaux, des épisiotomies et des déchirures périnéales de premier et second degré et même plus graves (troisième et quatrième degré) par rapport à l'injection de placebo. Aucun effet secondaire n'a été rapporté dans les essais inclus. D'autres mesures telles que la douleur périnéale et d'autres critères de jugement secondaires prédéfinis n'ont pas été mesurés dans les essais inclus. La différence d'incidence concernant les traumatismes du périnée pouvant être due à des biais et des facteurs de confusion au niveau des études comparatives contrôlées sans placebo, ce résultat doit être interprété avec prudence.

L’utilisation potentielle de cette intervention en tant que méthode permettant de réduire les traumatismes du périnée est encore à déterminer, car il n’a pas été établi de dose d’HAase appropriée, il n’y avait pas de preuves de suivi ni d’effets secondaires, et le nombre d'essais de haute qualité et de résultats rapportés était trop limité pour tirer des conclusions sur son efficacité et son innocuité. D'autres essais contrôlés randomisés rigoureux sont nécessaires pour évaluer le rôle des injections périnéales de HAase dans les accouchements par voie basse.

Conclusions des auteurs: 

L’injection périnéale de HAase pendant la deuxième phase du travail s’accompagnait d’une incidence plus faible de traumatismes périnéaux par rapport au groupe témoin ou à l'absence d'intervention, mais il n'y avait aucune preuve claire de bénéfice par rapport à l'injection de placebo. La différence dans l'incidence des traumatismes du périnée pouvant être due à des biais et des facteurs de confusion au niveau des études comparatives contrôlées non-placebo, ce résultat doit être interprété avec précaution. L'éventuelle utilisation d'injections périnéales de HAase en tant que méthode pour réduire les traumatismes périnéaux est encore à déterminer, car il n’a pas été établi de dose appropriée de HAase, il n’y a aucune preuve de suivi, et le nombre d'essais de haute qualité et de résultats rapportés était trop limité pour tirer des conclusions sur son efficacité et son innocuité. D'autres essais contrôlés randomisés rigoureux sont nécessaires pour évaluer le rôle de l’injection périnéale de HAase dans les accouchements par voie basse.

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Contexte: 

Les injections périnéales de Hyaluronidase (HAase) étaient largement utilisées pour réduire l'incidence des traumatismes du périnée, la douleur et le besoin de recourir à une épisiotomie dans les années 50 à 60. Des descriptions suggèrent que l'administration de HAase était simple, à faible risque et faible coût, et efficace pour réduire les traumatismes du périnée, ceci sans effets indésirables.

Objectifs: 

L'objectif de cette revue était d'évaluer l'efficacité et l'innocuité d’injections périnéales de HAase pour réduire les traumatismes spontanés du périnée, les épisiotomies et les douleurs périnéales lors des accouchements par voie basse.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (le 31 octobre 2013), dans l'International Clinical Trials Registry Platform ((ICTRP) et le Networked Digital Library of Theses and Dissertations (le 1 avril 2013), et dans les références bibliographiques des études trouvées. Nous avons également contacté des organisations compétentes.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés et quasi-randomisés, publiés et non publiés, comparant l’injection de HAase au niveau du périnée à l'injection de placebo ou l'absence d'intervention lors d’accouchements par voie basse.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué les essais à inclure, extrait les données et évalué la qualité méthodologique. L’exactitude des données a été vérifiée.

Résultats principaux: 

La stratégie de recherche documentaire a identifié six études potentiellement éligibles. Deux études ont été exclues. Nous avons inclus quatre essais contrôlés randomisés qui randomisaient un total de 599 femmes (les données étaient disponibles pour 595 femmes).

Deux essais (283 femmes) ont comparé les effets de l'injection périnéale de HAase pendant la deuxième phase du travail avec l'injection de placebo et étaient à faible risque de biais. Trois essais (un essai composé de trois bras a été analysé deux fois) (373 femmes) ont comparé les effets de l'injection de HAase au niveau du périnée pendant la deuxième phase du travail à l'absence d'intervention et deux des trois essais étaient à risque élevé de biais. Les données de quatre essais portant sur 599 femmes ont suggéré que l'injection périnéale de HAase pendant la deuxième phase du travail présentait une incidence plus faible de traumatisme périnéal (risque relatif moyen (RR) 0,69, intervalle de confiance à 95 % (IC) de 0,50 à 0,95, Tau² = 0,08, I² = 82 % par rapport aux femmes dans le groupe témoin, mais il n'y avait aucune preuve probante d'une réduction de l'incidence d’épisiotomies (RR moyen 0,74, IC à 95 % 0,43 à 1,29, Tau² = 0,17, I² = 66 %), de lacérations périnéales de premier et second degré (RR moyen 0,54, IC à 95 % 0,38 à 1,33, Tau² = 0,30, I² = 85 %) et de lacérations périnéale du troisième et quatrième degré (RR 0,12, IC à 95 % 0,01 à 2,13). Les données issues de deux essais portant sur 283 femmes ont indiqué qu'il n'y avait aucune preuve probante d'une réduction dans l'incidence des traumatismes du périnée (RR 0,90, IC à 95 % 0,77 à 1,06, Tau² = 1,07, I² = 7 %), des épisiotomies (RR 0,77, IC à 95 % 0,32 à 1,89, Tau² = 0,27, I² = 54 %), des lacérations périnéales de premier et second degré (RR 1,08, IC à 95 % 0,83 à 1,40, Tau² = 1,11, I² = 10 %) et des lacérations périnéale du troisième et quatrième degré (RR 0,12, IC à 95 % 0,01 à 2,13) avec l'injection périnéale de HAase. Les données de trois essais portant sur 373 femmes ont suggéré que l'injection de HAase au niveau périnéal pendant la deuxième phase du travail s’accompagnait d’une incidence plus faible de traumatisme périnéal (RR 0,61, IC à 95 % 0,42 à 0,88, Tau² = 0,08, I² = 78 %) par rapport à l'absence d'intervention, mais n'avait aucun effet évident sur l'incidence des épisiotomies (RR 0,79, IC à 95 % 0,44 à 1,42, Tau² = 0,16, I² = 70 %) et des lacérations périnéales de premier et second degré (RR 0,58, IC à 95 % 0,31 à 1,10, Tau² = 0,18, I² = 59 %). Aucun effet secondaire n'a été rapporté dans les essais inclus.

Aucun des essais inclus n'a rapporté d’éléments sur la douleur périnéale et d'autres critères de jugement secondaires prédéfinis : la survenue d’un traumatisme périnéal nécessitant une suture ; la perte de sang ; la dyspareunie ; l’apparition d’une incontinence urinaire ou fécale ; le taux d'accouchements assistés ; la satisfaction des femmes ; le score Apgar inférieur à sept à cinq minutes et la nécessité d’une admission en unité de soins intensifs néonataux.

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.